Le Garde-mots - Fait - CommentairesJ'ai un garde-mots comme d'autres ont un garde-manger. Pour les mots et le fromage c'est mieux qu'un réfrigérateur.
Les nouveaux billets sont affichés le lundi et le vendredi.2020-06-09T07:04:39+02:00Alain Horvilleururn:md5:1027DotclearFait - Gasp.urn:md5:03e9d59c92743b2a0dc0e0ad5c51db662006-01-30T18:33:26+00:00Gasp.<p>Vous dites que la philosophie orientale traditionnelle ne fait pas cette dichotomie ? C'est étrange... Il faut que j'y réfléchisse.<br />
<br />
Vous avez de la chance : Alain Aspect est passé par ici il y a peu, mais je n'ai pas pu aller à sa conférence. De toutes façons, je me suis laissé dire qu'il n'y avait pas beaucoup de place. C'est comme Cohen-Tannoudji ou Charpak (deux de nos prix Nobel), il est sur de remplir les amphis.</p>Fait - Le garde-motsurn:md5:3da7a1ce7d616cd148a56174e1bfc1332006-01-27T20:52:15+00:00Le garde-mots<p>Pour ne pas jouer sans fin sur la définition de la réalité il faut admettre qu'il y a une réalité objective et une (des) réalité(s) subjective(s). Cette dichotomie est, entre autres, celle qui sépare la philosophie occidentale de la philosophie orientale traditionnnelle.<br />
<br />
Par ailleurs : je suis allé récemment à une conférence d'Alain Aspect, l'un des grands savants français de notre temps. J'ai presque tout compris, enfin sur le moment ...</p>Fait - Gasp.urn:md5:dcfca45d9ab16498fd6a029c6396a9262006-01-27T19:38:48+00:00Gasp.<p>Je reprends ici ce que je voulais dire du côté du mot <a href="http://blog.legardemots.fr/post/2006/01/26/507-pratique" rel="nofollow">pratique</a>, vu que
je voulais aborder le sujet plutôt du côté d'ici au début.<br />
Merci pour ce site explicatif sur le <a href="http://www.astronomes.com/c7_bigbang/p752_epr.html" rel="nofollow">paradoxe EPR</a>, ça me
remet des choses en mémoire, et ça me donne moins à expliquer !!<br />
En fait, ce paradoxe pose la question de définir la réalité de manière
intrinsèque.<br />
Einstein n'aimait pas la mécanique quantique parce que c'est une théorie
<a href="http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/fast.exe?mot=probabiliste" rel="nofollow">probabiliste</a>.
Il disait "Dieu ne joue pas aux dés.".<br />
(Niels Bohr, l'un des pères fondateurs de cette théorie, lui aurait alors
rétorqué "Mais qui es tu pour dire à Dieu ce qu'il doit faire ?")<br />
Il proposa donc cette expérience pour la mettre en défaut.<br />
D'après la mécanique quantique, effectuer une mesure sur un système va le
perturber. Donc, chaque information obtenue va dépendre du système ET de
l'observateur. Il n'y aurait qu'une réalité subjective.<br />
Avec cette expérience, Einstein voulait montrer qu'on peut obtenir une
information sur un système sans le perturber et ainsi toucher une réalité
objective. Dans le cas des deux <a href="http://molaire1.club.fr/quantic4.html" rel="nofollow">photons corrélés</a>, connaître la
direction de l'un donne immédiatement la direction de l'autre. On a besoin de
faire une mesure sur un seul d'entre eux uniquement. Comment le deuxième sait
il que l'autre a été soumis à une mesure, fixant ainsi sa direction ?<br />
Pour expliquer cela, on a alors émis l'hypothèse de variables cachées, qui
expliqueraient l'échange d'information ente les deux photons. Dans les années
soixante (je crois), Bell proposa des inégalités susceptibles de trancher. Si
elles sont vérifiées, alors il existe des variables cachées, et la mécanique
quantique est incomplète.<br />
Les expériences d'Alain Aspect (médaille d'or du CNRS 2005, ici certains
thésards l'appellent L'Homme Aux Moustaches D'Or, mais je ne dénoncerais
pas...) ont montré qu'il n'y avait pas de variables cachés. Les inégalités de
Bell ne sont pas respectées. La mécanique quantique est complète.<br />
<br />
J'ai résumé de mon mieux, sachant que ce sont des concepts que je ne maitrise
pas trop, alors j'espère que c'est compréhensible. Je ne pense pas avoir commis
d'erreur. En fait, c'est mieux expliqué sur le site que vous proposez,
Garde.<br />
<br />
Bref, dans le fond, il s'agit de connaître la nature de la réalité. Les plus
pointues des mesures ne sont jamais que les ombres dans la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/All%C3%A9gorie_de_la_caverne" rel="nofollow">caverne de
Platon</a>. La lecture que l'on fait des évènements est toujours une projection
sur nos propres perceptions.<br />
Où est la réalité alors ? Et les faits ? La base commune de nos perceptions
?</p>Fait - mumurn:md5:b365f98a521d7e1e815704fe7815a4522006-01-18T20:54:11+00:00mum<p>Trivialement, les faits sont têtus.</p>Fait - Dolgourn:md5:32ff73e22efcc17bbb0bc807729120872006-01-18T12:44:42+00:00Dolgo<p>Je suis parfaitement d'accord avec ça. Il faut espérer qu'il y ait un
minimum d'autorégulation dans ces définitions, ces recherches, ces
affirmations. Pour ma part, je fais confiance aux anthropologues, leur
formation appelle au décentrement et à l'humilité.<br />
Pour moi, toute position théorique est possible, pas forcément "acceptable".
J'ignore si je fausse un débat, mais je me suis positionné comme
constructiviste ET rationaliste, mais chut !<br />
en bref : l'homme et lui seul définit la nature mais la nature existe
absolument. J'ai du pain sur la planche...<br />
<br />
J'arrête là, je tiens à ma santé mentale.<br />
<br />
Merci pour tout.</p>Fait - Le garde-motsurn:md5:28887a62310934dd86355267927320b52006-01-18T11:29:27+00:00Le garde-mots<p>Passionnant ... et effrayant. Certes tout est construction intellectuelle, mais si les interlocuteurs admettent ce principe le pouvoir est confisqué. Personnellement j'en reste au vieil adage de Francis Bacon (1561-1626) : On ne commande à la nature qu'en lui obéissant. Un peu d'humilité ne ferait pas de mal aux auteurs que vous citez dans vos deux premiers commentaires !</p>Fait - Dolgourn:md5:0f66ae69f2d9128628ddb1ebb035a9bc2006-01-18T10:44:48+00:00Dolgo<p>J'espère ne pas abuser de commentaires (je pourrais d'ailleurs faire des
kilos de copiés collés), mais voici une position de l'anthropologie des
sciences : science comme croyance<br />
<br />
Une position défendue par l’anthropologie des sciences n’est pas pour plaire
aux scientifiques, du moins, lorsque cette démarche est brutalement exposée. En
effet, nombreux sont les auteurs qui ont défini généralement la discipline en
postulant que la science est un système de croyance comme un autre. Pour
illustrer ce point de vue, et certainement le nuancer, la grande majorité des
sociologues et anthropologues de la science ont abordé la science « moderne »
ou « occidentale » comme un système de pensée uniquement comparable à un
système religieux. La réalité est dépendante de catégories (culturellement)
façonnées et on peut considérer tout système scientifique comme un ensemble de
catégories culturelles comparable à une cosmologie ou un système religieux.
Georges Orwell, dans 1984, illustre ce point de vue centré sur la culture plus
que la nature lorsqu’il fait dire à O’ Brien, au cours d’un effrayant
interrogatoire censé soigner Winston, le personnage principal :<br />
<br />
Nous commandons à la matière puisque nous commandons à l’esprit. La réalité est
à l’intérieur du crâne. (…) Il n’y a rien que nous ne puissions faire. (…) Il
faut vous débarrasser l’esprit de vos idées du 19eme siècle sur les lois de la
nature. Nous faisons les lois de la nature. (Orwell, 1950 : 373)</p>Fait - Dolgourn:md5:36cde7030880167608372aa1f34fda762006-01-18T10:40:07+00:00Dolgo<p>Voilà les occurences du terme "fait" recueillis dans l'encyclopédie; on y
retrouve en filligrane les deux positions en philosophie des sciences
(rationalistes et relativistes) :<br />
<br />
La notion de fait en sciences humaines a été discuté très largement, à
commencer par les philosophes de la science ou l’épistémologie (K. Popper, P.
Feyerabend…)<br />
<br />
ENCYCLOPEDIE UNIVERSALIS « FAIT » :<br />
Les sciences positives ont pour objet les jugements de fait, la philosophie les
jugements de valeur. Mais ici une précision s’impose, car les jugements de
valeur eux-mêmes peuvent être envisagés d’un point de vue «scientifique». Ils
ne sont rien d’autre, en effet, qu’une prise de position d’un sujet à l’égard
d’un objet, et constituent des événements mentaux comme les autres. (Alain
Boutot, Universalis, 2000)<br />
<br />
Le terme « fait », comme nom, est communément entendu comme un synonyme de
vérité établie : on en néglige les circonstances pour le comprendre comme un
donné.<br />
<br />
J. S. Mill: « Un fait particulier est expliqué quand on a indiqué la loi dont
sa production est un cas. Une loi de la nature est expliquée quand on indique
une loi ou d’autres lois, dont elle est une conséquence », et de H. Spencer: «
On explique un fait en le ramenant à une loi, celle-ci à une autre loi plus
générale, et ainsi de suite jusqu’à une première loi qui ne peut être
expliquée. » Jean Largeault, universalis<br />
<br />
D’un autre côté, l’événement ne se confond pas avec le «fait»; même si
l’événement, en effet, se situe dans une régularité temporelle et où la
prédiction prend sa place, le «fait» historique a un sens plus large que
l’«événement»; le fait est bien «ce qui advient» aussi, ce qui prend place dans
un certain temps et dans certains lieux; mais il n’est pas une donnée de
l’expérience, il est construction de l’esprit du savant, construction qui
finalement tue l’événement, dans ce qu’il a d’unique, d’inattendu, de
singulier, pour en faire l’expression superficielle de régularités, donc de
répétitions, plus profondes.<br />
Roger Bastide (universalis)<br />
<br />
Si, avec Russell, on appelle «fait» le répondant des propositions vraies, il
faut dire que «les faits appartiennent au monde objectif» (Logic and Knowledge
, 1946) Paul Ricoeur, Universalis<br />
<br />
Le problème, énoncé déjà par les sceptiques au sujet de la représentation, est
celui de la confrontation de deux domaines apparemment sans commune mesure.
Popper le pose en ces termes: «Que pouvons-nous signifier si nous disons d’une
assertion qu’elle correspond aux faits (ou à la réalité)? Quand nous nous
rendons compte que cette correspondance ne saurait reposer sur une
correspondance structurelle, la tâche d’élucider une telle correspondance
paraît sans espoir...» (The Logic of Scientific Discovery , 1972, p.
274).<br />
Gil Fernando, Universalis</p>Fait - Dolgourn:md5:080059f69171a96599786f3d9642819f2006-01-18T10:36:53+00:00Dolgo<p>A propos des "faits" ou des énoncés (extrait de mémoire ! ) selon B. Latour
:<br />
<br />
Classés en six types, les énoncés vont de l’hypothèse vague (« il se peut que…
»), loin d’être confirmée à l’affirmation péremptoire et définitivement fixée,
sur le modèle d’une équation. D’après lui, ce n’est pas (ou pas seulement) la
nature qui détermine les processus de la recherche scientifique mais un
ensemble de constructions qui ne peuvent être autre que sociales ou
culturelles. J’arguerai comme ont pu les faire des ethnométhodologues (comme
Garfinkel) et pour me distinguer des relativistes les plus extrêmes, qu’on ne
fait pas dire à la nature ce que l’on veut. Tout énoncé scientifique est un
construit social, on l’admettra sans mal, mais tout énoncé scientifique
correspond également à une dimension unique, ou universelle de la réalité.
Chacun de nous a pu entendre dire « a chacun sa vérité » ou bien « a chacun sa
réalité ». Appliquer ce précepte c’est renoncer à l’idée même de science. Ces
considérations « essentialistes » ont trait à mon approche mais ne seront pas
plus épiloguées ici…</p>Fait - Dolgourn:md5:6768eff9bdf43d132cdadbc539260e4d2006-01-18T10:24:42+00:00Dolgo<p>Un merci de plus !<br />
<br />
Que dire ? L'intégralité de cette définition fait écho aux notions développées
par les sociologues des sciences. Les plus relativistes d'entre-eux disent
justement que les faits sont des constructions sociales telles qu'un fait (tel
que vous venez de le définir) n'existe pas ! La réalité non plus : tout est
social et relatif.<br />
La nature existe mais la façon de la construire est sociale : un fait
scientifique est un fait qui a subit l'épreuve des négociations dans les
communautés. C'est la thèse de Bruno Latour.<br />
<br />
Et ça les turlupine, les sociologues : Ian Hacking a écrit un bouquin "entre
science et réalité, la construction sociale de quoi ? "<br />
<br />
suite au prochain commentaire...</p>Fait - plasocurn:md5:a8fd501382eed8dde5e9ef23bc59d9f02006-01-18T00:29:55+00:00plasoc<p>Voici certainement le mot singulier du gardien qui peut se targuer d'être le
plus "pluriel". Et aussi le plus complexe ?</p>