Salière de Cellini
Benvenuto Cellini. Neptune et Amphitrite.
Salière en or et émail sur socle d'ébène.Kunsthistorisches Museum, Vienne.
Elle fut volée en 2003 et récupérée en 2006. Estimation : 50 millions d'euros.

François Ier, roi bâtisseur et mécène, fit venir à sa cour de Fontainebleau de nombreux artistes italiens. Parmi eux, Léonard de Vinci et l'orfèvre et sculpteur florentin Benvenuto Cellini (1500-1571) qui y résida de 1540 à 1545. Cellini appartient au maniérisme, courant qui qualifie les réalisations artistiques produites à la fin de la Renaissance et au début de l'âge baroque (1520-1620), caractérisé par la recherche de la beauté et de la perfection, de la virtuosité et de l'élégance.

Jambes et regards mêlés Neptune et Amphitrite, autrement dit l'Océan et la Terre, se font face. On ne sait trop si leur attitude est retenue ou s'ils sont irrésistiblement  attirés l'un vers l'autre.

Dans ses mémoires (Vie de Benvenuto Cellini, écrite par lui même en 1559 et publiée en 1728) l'orfèvre décrit la salière.

"Le roi revint à Paris. J'allai le voir et lui portai la salière terminée. Comme je l'avais dit, elle était de forme ovale, tout en or travaillé au ciseau, et avait environ deux tiers de brasse. Comme je l'ai dit encore en parlant du modèle, j'avais représenté l'Océan et la Terre, assis l'un et l'autre, les jambes entrecroisées, par allusion aux golfes qui pénètrent dans les terres et aux caps qui s'avancent dans la mer, et cette attitude était fort gracieuse. J'avais placé un trident dans la main droite de l'Océan, et dans sa gauche une barque très finement travaillée, destinée à contenir le sel. Au-dessous de cette figure étaient quatre chevaux marins, ayant du cheval la tête, le poitrail et les jambes de devant et se terminant en poissons. Leurs queues s'entremêlaient agréablement. Sur ce groupe assis l'Océan, dans une attitude triomphale. Autour de lui nageaient mille espèces de poissons et d'animaux marins. L'eau est représentée avec ses vagues, revêtues d'un magnifique émail, qui lui donnait la couleur qu'elles ont dans la nature. Pour personnifier la Terre, j'avais exécuté une femme de toute beauté, entièrement nue, tout comme la figure d'homme qui lui faisait vis-à-vis. Elle tenait de la main droite une corne d'abondance ; dans la gauche, j'avais placé un petit temple ionique trés finement travaillé, propre à contenir le poivre. Au-dessous de cette femme étaient figurés les plus beaux animaux que produise la terre. Les rochers sur lesquels elle reposait étaient en partie émaillés, en partie laissés en or. La salière reposait sur une base d'ébène noir, qui l'encastrait. Cette base était d'épaisseur suffisante pour que je pusse y ménager une gorge décorée, en autant de compartiments, de quatre figures d'or, un peu plus qu'en demi-relief. Ces figures représentaient la Nuit, le jour, le Crépuscule et l'Aurore, et entre elles s'intercalaient qutre têtes de même grandeur, images des quatre Vents principaux, en partie émaillées, et ciselées avec tout le soin imaginable. Quand je mis cet ouvrage sous les yeux du roi, il poussa un cri d'étonnement et ne se lassa point de le contempler. Il me dit ensuite de le reporter chez moi, jusqu'à ce qu'il m'indique ce que j'en devais faire.

Cellini est l’un des personnages du roman d’Alexandre Dumas, Ascanio et de l’opéra de Berlioz Benvenuto Cellini.