Être poète c'est échouer comme nul autre
n'ose échouer.
René Char.
Mode d'expression littéraire qui consiste à
suggérer les sensations, impressions et émotions par le rythme, l'harmonie,
l'image, et qui accorde autant d'importance à la musique des mots qu'à leur
sens. Du grec poiêsis, création.
La poésie n'est pas un art
formellement défini mais un état, une étape, une tension. Un atour et un détour
que la littérature impose à la libre expression. Un destin qui s'ouvre, s'écrit
malgré les mots, se referme quand l'idée précède la forme. Avec le poème le
lecteur s'embarque dans une aventure dont il ne connaît que le point
d'ignorance. Il n'arrivera pas là où le poète l'attend mais au lieu improbable
où il pourra devenir lui-même. Lire un poème c'est mettre en danger la cécité
du monde, convoquer la splendeur cachée, réussir à traverser les portes du
réel. Un mot soudain et l’essentiel est en marche. Une phrase, comme une eau de
baptême, et les symboles cristallisent. Belle et rebelle, la poésie nous invite
à l'errance. Elle dit et le mystère s'accomplit. Elle se tait et le miracle
recommence.
Pour lire les poèmes du gardien cliquez
ci-contre sur
Versimots.
Commentaires
Poesie...si je comprends bien votre definition, votre texte un tres joli poeme...
dumby
Oui, l'idée est bien de décrire poétiquement la poésie.
Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir.
Hésiter entre la terre et le nuage,ne jamais atteindre le but,qui apporterait la preuve que le chemin était déjà tracé,suspendre le réel,permettre aux mots de vous visiter,un à un,ou en groupe,parfois en grappes mûrissantes,attendre que l'ombre qui pèse encore s'écarte, pour les accueillir.
force d’un homme, forces de la nature, force de la poésie :
Aimé CESAIRE ( Ferrements)
« C’est bien je ne rentrerai que sauvage hirsute d’épines de
chemins
par l’arc à trois portes des selves vigoureuses
exclu mais violeur des sanctuaires
et rentrant par le triomphant portail
de la mer défonçant par saccades la pudeur de la pierre
au ban du pain blanc de la fête des enfants
avec ma rare gueule rentrant la gueule du vent mordant
le buisson nu de son rare rire obscène
un pays noir c’est selon un noir sommeil fidèle
saoul du pur vin du lait noir de la terre »
La poésie a donc un sens ?
Un bon sens ?
Qu'on peut prendre à contre-sens ?
:-)
La poésie a le sens que le lecteur lui trouve.
le sens qu'on lui donne ?
avec Saint-Saëns
si poésie = création, un paysage,une musique,une peinture, une attitude ne peuvent-ils être par eux-mêmes poésie, sans passer par la traduction des mots?
Vulcania : tu as tout a fait raison. Il y a une définition stricte - presque technique - de la poésie, et une définition plus générale qui permet de voir de la poésie partout où il y a du sentiment, une sorte d'expansion de la sensibilité, une tendance à l'universalisme.
Cribas : accompagne de ma part le bonjour à ton facteur d'un ton généreux et d'un geste large, accueillant. La poésie est aussi non verbale
Mais, à la fin, la poésie, comme tous les arts, aspire à la condition de la musique. (Avec reconnaissance à Walter Pater, écrivain et poète anglais du XIX siècle, qui a formulé cette pensée avant moi.)
Très beau poème que j'eus l'honneur de décrypter lorsque j'ai passé ce qu'on appelait à l'époque le "premier bac"(à la fin de la 1ere) en 19** et qui me valut de retenter ma chance (cette fois avec succès et même une mention) en septembre.
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mais j'étais très jeune quand j'ai passé le bac.
On parle du temps qui passe et voilà qu'il nous trahit en s'amusant avec le désordre du temps!
Le commentaire 24 est avant le commentaire 23...
Quand s'entendent les premiers accords,que va éclore la première fleur,la poésie n'est pas loin,mais il faut que les mots résistent encore sous la main pour que leur union incertaine ait un peu d'intemporalité à nous offrir.
L'émergence de l'ineffable dans l'articulation du langage ou dans l'esthétique de la vie quotidienne nous plonge dans une autre réalité ,celle qui exclut bien entendu toute tentative d'évaluation de l'âge de notre Garde-Mots par des moyens détournés,d'indifférence vis-à-vis du facteur,de complaisance à l'égard de soi(le plus difficile)...
J'aime bien la notion de résistance des mots.
Mon bac de français en 19**, je l'ai passé avec ceci. J'ai mieux réussi l'année suivante. Il faut dire que je n'ai pas compris les questions posées... L'esprit d'un prof de français est quelquefois impénétrable. Pourtant je pensais avoir tout compris de ce poême.
Mignonne, allons voir si la rose
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Pierre de Ronsard (1524-1585). Je viens de découvrir que je connais ce poème par cœur ...
Merci gardien, j'avais oublié le principal, l'auteur...le poète, l'artiste.
Pour ma part, je le connaissais aussi par coeur à force de l'avoir lu et relu ce jour là avant mon interrogation orale ;-))
Daniel, pour vous je suis une sorte de grand méchant Cribas ?? Je ne comprends pas. Je connais l'âge du Garde-mots depuis plus d'un an déjà.
[Le gardien : c'est exact je l'ai dit à Cribas dans une correspondance privée.]
Ma "poésie" serait-elle réussie puisqu'elle n'est qu'un échec, un échec total...
Cordialement
Arthémisia
PS : j'ai découvert avec un plaisir infini votre site par l'intermédiaire de LUNG TA...
Je reviendrai.
la poésie c'est penser des mots pour ressentir encore plus une situation, un état ou une idée et qui prennent forme au fur et à mesure ...et les figer dans un texte pour en recueillir l'émotion brute...
Bon bin vouala, c'était à votre attention et pis pour ma ptite Lucie, Fer de Lens.
Bin là, mi euj comprin pô la hin, inn' n'a pu eud'sin bloghh ?
Mi euj connos vit hin, mais fo longtin !
Bin du qu'all est partie làà hin ?
Bon bin vla c'que voulos I dire hin !
Dans une ferme pas loin, habitaient les Coins-Coins.
Cette année-là, tous étaient bien excités par le scrutin annoncé.
Quelle affaire en effet!
Pour remplacer le vieux chien sourd qui jusque là les gardait,
Il fallait respecter un rite.
Du tout-venant sortit l'élite.
Manque de talent ou de raison ?
Pour ces volatiles élections là, les candidats n'étaient pas foison.
Le plus en vue était le Roquet,
Qui depuis dix ans déjà faisait le guet.
Vif, énervé, retors voire teigneux, il était l'Evidence des peureux.
Les Canards l'étant de nature, vite, ont crus l'affaire entendue.
Mais voilà que survint l'oie,
Immaculée, majestueuse, illuminée,
Elle les mit tous en émoi !
D'eux, elle avait le bec et les plumes; même si les idées étaient de brume.
Et du chien, le sens de l'alarme, sans en avoir vraiment les armes.
A son tour, la belle devint favorite.
Alors, le Chien du Capital, ou l'Oie du Capitole ?
C'était sans comter le vieux bouldogue,
Qui dans sa cage se faisait oublier...
Faisant de son âge un avantage,
Même les canetons s'en rapprochaient.
Allait t'il à la fin tous les croquer ?
Une seule certitude, amis Coins-Coins,
Pour cela foin de sondages,
Qui que soit votre nouvel(le) élu(e), ou bien à plumes ou bien à velu,
Vous, oiseaux d'élevages,
Finirez tous vendus en emballage,
Sur les marchés!..
Bin du qu'all est partie làà hin ?
Apparemment c'est du picard. Je laisse ce poème en place malgré sa connotation politique car tout le monde en prend pour son grade.
Parce que la poésie ça me fais peur...
Parce que les poèmes c'est plus doux parfois...
Parce qu'un dit "ça c'est"
Parce que l'autre dit "c'est pas"
Parce qu'un autre encore dit "sais pas"
Parce que rencontrer un poète c'est beau...
Parce que je n'ose pas...alors...
Parce que c'est une question de mot et de sens...
Parce que moi je po...aime
Parce que...
Je rebondis un peu tard mais je viens juste de découvrir le garde-mot.
A propos du sens de la poésie, que dire de la balade du Jabberwock, que j'ai un peu oubliée mais je me souviens que c'est un poème composé presque uniquement de mots inventés et pourtant on comprend parfaitement le sens global de l'histoire.
Jabberwocky, qui figure dans A travers le miroir de Lewiw Carrol, montre bien que la poésie ne réside pas dans les mots et leur définition mais dans ce qui s'en dégage presque malgré nous, presque malgré le poète.
J'aime beaucoup ce poème d'Henri Michaux :
LE GRAND COMBAT
Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupéte jusqu'à son drâle ;
Il le pratéle et le libucque et lui baroufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
Le cerveau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret.
Mégères alentours qui pleurez dans vos mouchoirs;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et on vous regarde,
On cherche aussi, nous autres le Grand Secret.
« Papa, fais tousser la baleine », dit l'enfant confiant.
Le tibétain, sans répondre, sortit sa trompe à appeler l'orage
et nous fûmes copieusement mouillés sous de grands éclairs.
Si la feuille chantait, elle tromperait l'oiseau.
(Qui je fus Gallimard, 1927)
Merci : je ne connaissais pas ce picaresque poème - alors que je suis une fan d'Henri Michaux.
Une question : un mot qui n'a été utilisé qu'une seule fois peut-il être considéré comme rare ?
Oui, c'est un hapax.
Je ne jure pas de l'orthographe mais voici les deux premiers vers d'un poème dont j'ai malheureusement oublié avec le temps, la suite et l'auteur (il aurait sans doute été aujourd'hui membre de l'Oulipo).
Hommage soit rendu à la culture de feu mon père qui nous l'a fait connaître.
"Azeille non soreau par delà Liveloy
Lézattan me taraude à luiz et dailement!"
Une façon de vous remercier pour ce site éblouissant.
Merci pour le témoignage (que j'ai mis en lien ici) et le cadeau : les vers font penser à Tristan Tzara ou Henri Michaux ...
Théophile Gautier.
-oui l'oeuvre sort plus belle
d'une forme au travail rebelle
...marbre , onyx, émail
...sculpte, taille cisèle...
Albin est journalier, pas poète. Sur son chantier il construit, déconstruit, tâtonne.
http://albertbin.blogspot.com/
Mais si voyons. J'ai été faire un tout sur ton blog, il y a de la poésie dans l'air.
Merci pour votre commentaire. Albin n'a que mille ans mais il grandira.
Albin
Si je t'ai bien compris Gardien tu as passé ton 1er bac en 19.6 ? A toi de convertir le . en chiffre ! mais je crois que cette année-là il y avait la crise de Suez n'est-ce pas ? les J.O. n'avaient-ils pas lieu à Melbourne ? Souvenirs, souvenirs...
Non, j'étais précoce : c'est mon deuxième bac (mention AB) que j'ai passé en 56. En revanche, c 'est bien l'année de la crise de Suez. Je n'avais pas la télévision. J'allais suivre toute l'affaire sur le poste d'une famille amie. De mémoire, c'était bien l'année des J.O. de Melbourne.
Bon àne né dans l'étable-lit à bonne heure,
Son cri de rallye ment et nous attire en sons sains;
Symphonie de nos vies manipulée en compteur,
Jouez l'histoire qui fait la peau de nos chagrins.
Bonne année. La poésie humoristique - et , qui plus est, sous forme de calembours, est très difficile. Bravo.
J'ai demandé à un éléphant
ce qu'il pensait de la poésie…
mais il m'a envoyé sur les roses !
Il ne me reste plus qu'à me taire
et à espérer que le miracle recommence.
A.M.
Je cite une phrase de Shakespeare: "La poésie est cette musique que chacun porte en soi".
Poseuse des poèmes et amoureuse des mots, j'ai créé un site où les abriter.
Les mots sont les caresses les plus délicieuses.
Votre blog est merveilleux! Merci de m'avoir réservé un accueil plus que chaleureux.
Cathy
Merci, et bienvenue dans la blogosphère. Votre texte inaugural me plaît beaucoup.
La nuit
La mort est une nuit, Une nuit de bonheur,
Et cette nuit diurne agressait mon malheur,
Je me sentais faiblir, je perdais ma vigueur,
Mon âme réclamait d’être pure à mon heure.
Souvent, je me surprenais, rêvant à la mort,
Je ressemblais alors à la lune à l’aurore,
J’imaginais bien trop, puis pleurais sur mon sort,
Mais cesse de pleurer, cesse de crier. Dors.
Dans cette lassitude, je voulais m’endormir,
Je désirais surtout vivre pour mieux mourir :
Ma vie n’a plus de sens, je n’ai plus de désir
À part celui qui fait que je veuille partir.
Mon cœur accélérait pour mieux se reposer,
Jamais ne se repose mon esprit blessé,
Un jour il dormira, puis pourra s’éveiller.
Dans le monde éternel dont beaucoup ont rêvé.
Je prend ma plume,
d'autres prennent le luth,
Je console mon esprit
quand arrive la nuit
et que sur le papier,
mon âme est exposer
Tout dépend. Dans "Ou toutes ses réparties la tordait de délire" : le "e" de "toutes" s'entend ; le "e" de "réparties" ne s'entend pas, le "e" de "de" s'entend, le "e" de délire ne s'entend pas.
Ça dépend si vous voulez faire la diérèse ou pas. Avec "cieux" ça fait "ci-ieux" ce qui n'est pas beau. C'est le poète qui décide.
La poésie , c'est une transformation des laideurs du monde en beauté... par les mots, l'image, la musique... et par l'idée... qui comme les sensations, les émotions et les sentiments touchent pour émouvoir mais aussi pour persuader.
La poésie c'est ce qui nous reste quand on a oublié les mots....des images,une musique...une ambiance indéfinissable...
Exactement.
poésie du samedi midi
j’ai arpenté les ruelles de l’amour
Côte d’Azur, air de la Terrible Blessure
rimes : rupture, aventure, déchirure
côte de l’amour : au plus bas
une lettre d’amour
lettre de mémoire à relire
j’ai roulé, les yeux fermés
le cœur en rade
Saint Trop’
Saint Trop’ satiné, hiver de toc, chic et choc
c’est trop, de qui on se moque ?
Ramatuelle la cruelle
dans la tête une valse de Chopin
j’ai tenté une esquisse
sur un chiffon de haute lisse
j’ai voulu disparaître
voulu comprendre, oublier les paraîtres
Pampelonne
plage, sable sale, monotone
et moi seule et conne
j’ai écrit, ébauché cette poésie
Sainte Maxime
rimes intimes de ma déprime
criaient famine
j’ai avalé en sourdine
de vieux je t’aime en tranches fines
si je pouvais de temps en temps
changer le temps sur les cadrans
rendre tout évident
Lorgues
petit village, beaux paysages
une autre page
je me suis accroupie
j’ai revu toutes les images
j’ai prié sur les pages
laissez-moi le dire
l’amour, l’écrire
Issambres
écrire une chanson
j’ai pleuré
la mer était sage
Sampère, vieux port
j’ai rouvert les yeux, prié les Dieux
arcs-en-ciel de remords
là, un ténor chantait fort
des histoires d’amour
Saint Aygulf
la journée était finie
mon histoire aussi
j’ai acheté du pain
pour le lendemain
Zorica Sentic