Ce mot est l'occasion de redécouvrir Aurelius Augustinus et Gabriel Randon de Saint-Amand.

Aurelius Augustinus (354-430), romain d'origine berbère, né à Thagaste en Numidie (aujourd'hui : Souk-Ahras, Algérie), est plus connu sous le nom de saint Augustin. Il reçut une éducation chrétienne de la part de sa mère, sainte Monique, mais fut d'abord attiré par le manichéisme. A 18 ans il eut un fils naturel, Adéodat. A 33 ans il se convertit et reçut le baptême des mains de saint Ambroise. Professeur de rhétorique puis évêque d'Hippone (aujourd'hui : Annaba, anciennement : Bône, Algérie), c'est l'un des Pères de l'Église et l'un de ses penseurs les plus influents. Outre ses Confessions, la première autobiographie jamais publiée, il laissa une importante œuvre d'ordre apologétique (autrement dit de théologie rationnelle), dont la fameuse Cité de Dieu. Il a écrit également un ouvrage mystique Les Soliloques ou Connaissance de Dieu et de l'âme humaine dans lequel il s'entretient avec lui-même des moyens de s'élever jusqu'à la contemplation de Dieu.

Gabriel Randon de Saint-Amand, (1867-1933), dit Jehan-Rictus, est le poète du français populaire des clochards, dont il a un temps partagé la vie et qu'il met en scène à grands coups de métaplasmes. Il s'est fait connaître en 1897 lors de la publication de son premier recueil, Les soliloques du pauvre, dont voici un extrait.

La Journée

Bon v’là l’ Printemps ! Ah ! salop’rie,
V’là l’ monde enquier qu’est aux z’abois
Et v’là t’y pas c’te putain d’ Vie
Qu’a r’biffe au truc encore eun’ fois !

La Natur’ s’achète eun’ jeunesse,
A s’ déguise en vert et en bleu,
A fait sa poire et sa princesse,
A m’ fait tarter, moi, qui m’ fais vieux.

Ohé ! ohé ! saison fleurie,
Comme y doit fair’ neuf en forêt !
V’là l’ mois d’ beauté, ohé Marie !
V’là l’ temps d’aimer, à c’ qu’y paraît !

Amour ! Lilas ! Cresson d’ fontaine,
Les palpitants guinch’nt en pantins,
Et d’ Montmertre à l’av’nue du Maine
Ça trouillott’, du côté d’ Pantin !

V’là les poèt’s qui pinc’nt leur lyre
(Malgré qu’y n’aient rien dans l’ fusil),
V’là les Parigots en délire
Pass’ qu’y pouss’ trois branch’s de persil !

L’est fini l’ temps des z’engelures,
Des taup’s a sort’nt avec des p’lures
Dans de l’arc en ciel agencées
De tous les tons, de tous les styles ;

Du bleu, du ros’, tout’s les couleurs ;
Et ça fait croir’ qu’a sont des fleurs
Dont la coroll’ s’rait renversée
Et ballad’rait su’ ses pistils.
(...)

[pour faire plaisir à Véronique]