Disparition
Par le gardien le samedi 13 mai 2006, 00:00 - Singumots - Lien permanent
L’humanité et, à travers elle l’univers, doit faire le deuil de tout ce qui ce qui a disparu, au cours des âges : les dinosaures, le dodo, les salons littéraires, la bibliothèque d’Alexandrie, l’Atlantide, le sens de l’Etat, les dieux de l’Olympe, le respect, la langue aztèque, les poinçonneurs du métro, les marchandes des quatre saisons, l'URSS, l’anse du panier, les lavallières, la machine à écrire, Fellini, les tours jumelles du WTC, les fiancées de Landru, la vertu de La femme du boulanger, Le Cri d’Edvard Munch [1], le carnet de bal, le dentier de Mme Michu, les lutteurs de foire, le foie des cirrhotiques, les avions dans le triangle des Bermudes, les lapins dans le chapeau du magicien, les portes dérobées, la main de ma sœur, l'Apple II c, le franc, la conscience morale, la testostérone, la galanterie, les radio-crochets, le civisme, les dragées au poivre, Jacques Villeret, Alain Colas, Georges Perec, les illusions du gardien.
Heureusement il nous reste les fraises au sucre, l'accent de Jane Birkin, les canalisations en fonte, la publicité, le vol des étourneaux et toutes les raisons de croire aux vertus du chocolat.
[1] Ce tableau sera retrouvé le 31 août 2006.
L'Almanach 2010 du Garde-mots]
Commentaires
Mon cher Alain, ton billet est MA GNI FIQUE ! Et merci de nous remémorer le mythique Apple IIc !
Excellent!
Après l'inventaire à la Prévert, voici l'inventaire à la Garde-mots!
(j'ai tenté un trackback, sans résultat)
Mes trackbacks sont pourtant ouverts. Pouvez-vous réessayer ? Merci.
Un régal. Je déguste, me rassasie, emporte, vole. 08:54 : merci pour cet excellent petit déjeuner.
Merci à Pnyx d'en avoir au gardien donné l'envie de le préparer.
Dans ton billet j'ai trouvé des disparitions qui font plaisir, mais il y en a beaucoup pour lesquelles je dis "dommage" !
Tu as raison Khate, pour moi c'est la même chose. Comme tu peux le constater il y a aussi un certain fouillis. J'ai volontairement laissé l'ordre des choses telles qu'elles me sont venues à l'esprit.
Mes respects, joli billet. Comme quoi, certaines choses disparaissent mais ne s'oublient pas.
Excellent et nostagique ton billet Alain, mais tu as oublié une disparition importante : les politiques honnêtes ... quoi que finalement tu as raison, leur existence n'a jamais été prouvé ...
Je ne suis pas de ton avis, les politiques honnêtes ça existe, il y en a un par :
(rayer les mentions inutiles)
Le bel inventaire de notre garde est à l'image de notre vie:fragmentaire,elliptique,chaotique.S'il fallait ajouter une touche de mélancolie,je ferais allusion à la fervente exclamation de Verlaine :
"Ah! les oaristys ! les premières maîtresses !"
Merci de nous donner l'occasion de découvrir ce Poème saturnien ainsi que ce mot étrange, oaristys, dont le Trésor informatisé de la langue française nous dit qu'il s'agit d'une idylle ou d'un entretien tendre.
Des politiques honnêtes sont une denrée rare, il y en a peut-être quand même, mais des gens honnêtes dans la vie de tous les jours, il y en a beaucoup plus que ce qu'on croit et ça compense largement le reste , nous rend plus forts , plus solidaires jour après jour et tant que celà ne sera pas dans la liste des disparitions on pourra dire que la vie a du bon ...
Dans ce qui nous reste j'enlève (pour moi) les fraises que je n'aime pas, mais par contre je garde le chocolat et je rajoute de crème chantilly, merci Garde, tu m'as rappelé sans le vouloir que je n'en ai pas savouré depuis plusieurs jours et j'y vais de ce pas .
Plus sérieusement, je voudrais ajouter qu'il nous reste quelque chose de précieux : nos rêves et la liberté .
joli billet dont le style aurait énormément plu à mon pote foth vistime temporairement d'un internettoyage cérébral" (je mets entre guillemets car ce mot-valise là on me l'a soufflé :-)
Je me souviens de foth, évidemment.
De disparition en disparition, j'ai retrouvé la trace de foth sur les vôtres.
Le terme"disparition" est , comme la non-réalité qu'il désigne,très énigmatique en soi.Pour combler cette vacuité,nous lui préférons le petit caméléon du "paraître",tout aussi voué à la caducité,mais qui conserve au miroir sa fonction.Que dire du mot "apparition",cet antonyme purement théorique,qui ne saurait perdurer dans son essence même? Est significative la question qu'au moment de se quitter les humains se posent :"Quand est- ce qu'on se revoit ?"...L'on sent poindre la crainte de l'absence prolongée,ou définitive,dans ce réflexe qui ne voudrait jamais être conclusif.Car nous nous rendons bien compte que nos silences ou le flux de paroles échangées n'épuisent pas le champ des possibles,que nous nous sommes censurés,que nous avons perçu les choses en surface,qu'il doit en nous-même demeurer bien au-delà de toutes les fadaises,quelque rayon de lumière caché, par lequel il faudrait réchauffer cette amitié,cette affection...,ranimer le bonheur d'être ensemble tout en restant soi-même...A dire vrai, par la fréquentation de nos semblables,nous espérons secrètement instaurer, un peu à leurs dépens,le sentiment de notre "re-connaissance",et surtout de notre permanence.