Incise
Par le gardien le vendredi 16 juin 2006, 00:00 - Métamots - Lien permanent
Phrase courte insérée dans une autre, sans
lien grammatical, et qui forme une sorte de parenthèse. Elle rapporte en
général les paroles ou la pensée de quelqu'un. Le sujet, dans la plupart des
cas, est placé après le verbe. Exemple : "Je ne reviendrai jamais sur ce blog,
hurla-il en cliquant d'un geste courroucé, il est trop nul." Le style
incisif est celui où les incises abondent. A l'origine il s'agissait d'un terme
de musique désignant un ensemble de notes formant une unité rythmique à
l'intérieur d'une phrase musicale. Il fut ensuite repris en grammaire. Du latin
incisa, coupée.
Autre exemples
Gardez vous, leur dit-il, de vendre l'héritage,
Que nous ont laissé nos parents,
Un trésor est caché dedans.
Le laboureur et ses enfants, Jean de la Fontaine.
Un soir, t'en souvient-il ?, nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Le lac, Alphonse de Lamartine.
L'homme prit un air grave, et, jetant dans un coin
Son bonnet de forçat mouillé par la tempête :
"Diable ! diable ! dit-il, en se grattant la tête,
Nous avions cinq enfants, cela va faire sept.
Les pauvres gens, Victor Hugo.
Commentaires
"Il était malheureux, le temps était maussade, en la voyant partir."
Albert DuPont-Cif
Raymond Devos est mort, vive le roi du rire, hier, en mâtinée.
La neutralité du narrateur,rapportant les paroles telles qu'elles ont été prononcées,n'est jamais garantie dans la proposition incise.Un verbe de parole("beugler"/ bredouiller",de sentiment("implorer"),d'opinion("approuver.".)colore le discours direct d'une subjectivité parfois insidieuse.
On relèvera, à ce titre, l'objectivité affichée de nos magiciens du verbe qui,pour souligner leur candeur oratoire,multiplient en parlant les"entre-guillemets",ou le plus officiel"fin de citation",tandis que le ton,l'expression de la physionomie...ont une finalité faussement pédagogique,ou,pour tout dire,démagogique.
hier Raymond Devos est mort, vient de préciser Dandylan,
le temps n'était pas maussade
mais perdre un vrai fou des mots, c'est comme une mer démontée...
Au promeneur hilare de la plage,Devos s'adresse ainsi:
"Pourquoi riez-vous?
Il me dit:
"C'est le flux et le reflux"
Je lui dis:
"Eh bien,quoi,le flux et le reflux?
Il me dit:
"Le flux et le reflux me font "marée"!
Pas d'"incise" dans cet échange qui veut épouser les modulations du vivant,de l'oralité .On retrrouve chez Céline par exemple le décalque appuyé de la langue parlée,dans ce morceau de réplique,où l'incise subit une véritable opération chirurgicale:
"Tant mieux que j'ai répondu moi"(in:Voyage au bout de la nuit).
La vigilance morphologique induite par la proposition dite "intercalée" caractérise le registre de l'écrit.
Pour clore,flux et reflux,inlassablement,polissent les mots dont notre saltimbanque,note Vulcania,fait entendre la subtile musique.
exemple moins connu
"ha! ha! ha! fit le bossu, en faisant tournoyer sa bosse"