Callipyge
Par le gardien le mardi 16 août 2005, 00:00 - Lien permanent
Aphrodite callipyge.
Musée archéologique national de Naples.
Que jamais l'art abstrait, qui sévit maintenant
N'enlève à vos attraits ce volume étonnant
Au temps où les faux culs sont la majorité
Gloire à celui qui dit toute la vérité
Votre dos perd son nom avec si bonne grâce
Qu'on ne peut s'empêcher de lui donner raison
Que ne suis-je, madame, un poète de race
Pour dire à sa louange un immortel blason
En le voyant passer, j'en eus la chair de poule
Enfin, je vins au monde et, depuis, je lui voue
Un culte véritable et, quand je perds aux boules
En embrassant Fanny, je ne pense qu'à vous
Pour obtenir, madame, un galbe de cet ordre
Vous devez torturer les gens de votre entour
Donner aux couturiers bien du fil à retordre
Et vous devez crever votre dame d'atour
C'est le duc de Bordeaux qui s'en va, tête basse
Car il ressemble au mien comme deux gouttes d'eau
S'il ressemblait au vôtre, on dirait, quand il passe
"C'est un joli garçon que le duc de Bordeaux "
Ne faites aucun cas des jaloux qui professent
Que vous avez placé votre orgueil un peu bas
Que vous présumez trop, en somme, de vos fesses
Et surtout, par faveur, ne vous asseyez pas
Laissez-les raconter qu'en sortant de calèche
La brise a fait voler votre robe et qu'on vit
Ecrite dans un cœur transpercé d'une flèche
Cette expression triviale : "A Julot pour la vie"
Laissez-les dire encor qu'à la cour d'Angleterre
Faisant la révérence aux souverains anglois
Vous êtes, patatras ! tombée assise à terre
La loi d'la pesanteur est dur', mais c'est la loi
Nul ne peut aujourd'hui trépasser sans voir Naples
A l'assaut des chefs-d'œuvre ils veulent tous courir
Mes ambitions à moi sont bien plus raisonnables:
Voir votre académie, madame, et puis mourir
Que jamais l'art abstrait, qui sévit maintenant
N'enlève à vos attraits ce volume étonnant
Au temps où les faux culs sont la majorité
Gloire à celui qui dit toute la vérité
Georges Brassens, Vénus callipyge
Commentaires
Enfin un mot que je vais pouvoir utiliser sans risque de prendre une gifle.
ll est bien connu que les vénus callipyges nous rendent ithyphalliques...
Citation :
Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs quolibets l'ont dépravé!
Au gouvernail on voit des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques.
O flots abracadabrantesques,
Prenez mon coeur, qu'il soit lavé!
Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs quolibets l'ont dépravé!
(A. Rimbaud)
Le cher Arthur de mes 17 ans... Je ne peux pas le réciter par cœur tout de même, mais quand je lis des vers tels que ceux-ci je les reconnais. Tu crois qu'il me reconnaissent ??
Bonjour,
Savez-vous pourquoi Brassens parle du duc de Bordeaux?
Serait-ce une référence historique? Ou bien une expression argotique? ou autre chose encore?
Votre site est très bon.
Voici la réponse. Vous n'allez pas être déçu ...
Bonne question. Bonne réponse mais un peu courte à mon goût, alors j'ai pioché un peu. Effectivement Brassens fait référence à cette chanson paillarde mais à quoi fait référence la chanson...
Cela nous replonge en pleine restauration de la monarchie. Avec la naissance du duc de Bordeaux en 1820, les royalistes (certains d'entre eux) croient à l'avènement d'un nouvel Henri IV.
Lamartine en fait un poème plus ou moins lamentable.
Les républicains en sont passablement énervés et font une chanson paillarde...
Charles X, à sa mort, va confier le trône au duc de Bordeaux, son petit-fils qui doit régner sous le nom de Henri V. Mais c'est finalement Louis Philippe, la poire, qui s'assoit sur le trône. Ironie, il est le fils de Philippe Egalité qui à voté la mort de Louis XVI. Bref on est presque débarrassé de ces gens qui, comme disait Prévert, ne savaient même pas compter jusqu'à XX.
S'il y a des historiens dans la salle, je m'excuse pour mes simplifications hâtives, je voulais juste donner un petit éclairage sur ce duc, son c... et la fin de la monarchie.
J'avais retenu le mot "stéatopyge" qui qualifiait la célèbre Vénus Hottentote. C'est tout une histoire que j'ai oublié... Un mythe africain de fertilité ou de féminité. ca doit vouloir dire "grosses fesses".
La stéatopygie (du grec steatos, graisse, et pugos, fesse) est l'hypertrophie graisseuse du tissu des fesses.
That's It !
Je vois que nous avons les mêmes sources... mais pour moi ce n'est pas simplement une "curiosité", c'est la réalité.
Même "enrobée"... cette réalité là fait souffrir. Le regard d'esthète que l'on porte sur de "belles fesses" en marbre n'est sans doute (hélas) pas le même que celui peu amène que l'on porte souvent sur ... les miennes (ou sur les rondeurs de mes consoeurs qui en souffrent tout autant que moi !)
Ah ! si seulement la mode pouvait revenir aux canons de la beauté d'antan !
amicalement,
Pour être "rigoureusement hellénique" et pour s'en tenir à une certaine "obésité" (bien appreciée, d'ailleurs, par plusieurs de mes compatriotes) je proposerais le terme grec (bien moderne, quoique un tantisoit grossier) χοντροκώλα, soit, "gros cul". Pardon, Alain.
Avec des mots comme ça on fait toujours un tabac.
toujours Rimbaud
une autre forme de callipygie
"Belle hideusement d'un ulcère à l'anus"
Vers tirés de Vénus anadyomène (ce mot signifie « émergeant des flots »).