Dans le Dit de l’herberie, de Rutebeuf (1230-1285), un mire ambulant, charlatan de foire aux propos extravagants,  se vante d’avoir rapporté  de ses voyages des herbes médicinales inconnues, des pierres précieuses, un onguent contre le mal de dent et donne de facétieuses recettes de guérison.

Seigneurs, qui ci êtes venus,
Petits et grands, jeunes et vieux,
Bonne fortune vous avient,
Sachez pour vrai ;
Je ne vous veux pas décevoir,
Bien le pourrez apercevoir
Avant que parte.
Asseyez-vous, ne faites bruit.
Et écoutez, s'il ne vous pèse.
Je suis un mire,
Et j'ai été en maint empire.
Du Caire m'a tenu le sire
Plus d'un été.
Longtemps ai avec lui été,
Grande richesse y ai gagné.
Mer ai passée
Et m'en revins par la Morée,
Où j'ai fait moult grand demeurée
Et par Salerne,
Par Burienne et par Biterne
En Pouille, en Calabre, à Palerme
Ai herbes prises,
Qui de grands vertus sont douées :
Sur quelque mal qu'elles soient mises,
Le mal s'enfuit.
Jusqu'à la rivière qui bruit,
Roulant des pierres jour et nuit,
Fus chercher pierres.
Le prêtre Jean y a fait guerre ;
Je n'osai entrer en la terre,
Je fus au port.
Moult riches pierres j'en apporte
Qui font ressusciter le mort.
Ce sunt ferrites,
Et diamants et cresperites,
Rubis, jacinthes, marguerites,
Grenats, topazes,
Et tellagons et galofaces.
De mort ne craindra les menaces,
Tel qui les porte (...).


Sévices à la personne

Le fabliau anonyme du XIIIe siècle Le Médecin de Bray ou Le vilain mire - en français contemporain Le paysan médecin - a fourni à Molière le sujet du Médecin malgré lui. Un riche paysan bat régulièrement sa femme. Pour se venger, celle-ci fait croire à deux messagers qui cherchent une personne susceptible de guérir la fille du roi,  qu’il est médecin mais ne l’avoue que si on lui donne des coups de bâtons.