Naguère
Par le gardien le dimanche 14 août 2005, 00:46 - Singumots - Lien permanent
Et vibre en la nuit nuptiale,
Sous mon baiser jamais transi,
Ta chair naguère virginale,
Nuptiale alors, elle aussi!
L'Almanach 2010 du Garde-mots]
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Par le gardien le dimanche 14 août 2005, 00:46 - Singumots - Lien permanent
Et vibre en la nuit nuptiale,
Sous mon baiser jamais transi,
Ta chair naguère virginale,
Nuptiale alors, elle aussi!
Commentaires
Il est interessant de voir comment certains mots glissent de sens au point de prendre celui de leur antonyme. Si le mot n'a pas cette forte ethymologie (comme il n'y a guère) il va finir par changer totalement de sens (donc d'éthymologie) dans les dictionnaires eux mêmes.
Je cherche des exemples et évidement je n'en trouve pas...
Rien (res) Personne, Aucun...
Vous verrez, on finira par toucher des rénumérations, et faire un infractus à force de manger des repas trop robourratifs.
Beaucoup de mots se sont éloignés de leur étymologie. Exemple: fabula en latin veut dire: "récit", "propos". Il a dérivé vers "récit imaginaire", puis "récit moralisant qui met en scène des animaux", et donné ainsi "fable" au sens où nous l'entendons actuellement. N'est-ce pas fabuleux ?
Avec la mauvaise définition de naguère nous sommes, non pas dans le glissement de sens, mais dans le contresens. Ce qui nous amène à voir que le langage est une convention qui se fait naturellement entre les hommes et non pas artificiellement par décision académique. Il y a "ce qui est admis" et "ce qui n'est pas admis". Avec tes exemples, qui sont parfaitement exacts, on est dans la dérivation qui a réussi puisqu'elle est admise par tous.
dans le même esprit, je relève "achalandé" qui a l'origine signifiait "qui a des clients" et dont tout le monde utilise de nos jours l'expression "bien achalandé" pour "fourni en marchandises" ...
Maryne a raison: les spécialistes acceptent désormais les deux sens d'"achalandé". Cela va dans le sens de ce que je disais plus haut: les mots et leurs sens sont peu à peu consacrés par l'usage.
Naguère, jadis, j'adore et j'adhère.
"Jadis et Naguère": recueil de Paul Verlaine.
il semble que naguère évolue comme "antan", souvent utilisé comme faisant référence à un passé lointain.
un auteur, dont j'ai oublié le nom, prétend, à partir d'un poème de F.Villon dans lequel il est fait état des neiges d'antan, qui'l s'agit de l'année antérieure, le l'an passé.
bien à vous
ag
Dites moi où, et n'en quel pays,
Est Flora la Belle Romaine,
Achipiadès, ni Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Antan était tellement vieux qu'il est mort.
Heureusement qu'il y avait Brassens.
Alain Guasco a raison: "antan" vient du latin tardif "ante annum", l'an dernier.
Joël: n'oublions pas que cette très belle chanson de Brassens est basée sur un poème de François Villon.
Heureusement qu'il y avait Brassens… pour nous ressusciter le poème de Villon. Je pensais bien qu'Alain avait raison, je voulais simplement souligner le côté tardif :-)
Cet adverbe de temps,exprimant une subtile proximité dans le passé,sous une forme ramassée(cf."il n'y a guère",étymologie rappelée par notre Garde),subit une distorsion dans l'usage actuel,qui suggère ,même si le contresens relevé ne date pas d'aujourd'hui,notre incapacité à saisir les plus récentes déterminations de nos actes ; sur l'étroite arête du présent "instantané",nous nous maintenons en équilibre,et quand survient ce qui déstabilise, soit nous nous lançons à l'aveuglette dans des projets et objectifs,soit nous nous réfugions dans un passé inerte et éloigné,alors que le mot "naguère" noue encore les fils du temps,plutôt qu'il ne les rompt,prolonge la sensation,confère de la densité à notre existence,peut-être aussi,grâce à l'euphonie ,ralentit la cadence,adoucit et panse les petites peines; l'élégance de l'adverbe ne fait aucun doute : elle permet de courtiser le souvenir qui prend forme,avant que nous ne tournions la page en proférant le péremptoire "autrefois"...
Ceci est d'autant plus vrai que le temps et l'espace sont des dimensions que nous avons beaucoup de peine à appréhender sans le recours à des artifices, qui ne nous permettrons toutefois jamais de nous en rendre maîtres.
Voilà pourquoi, si je décide de me rendre à Aix voir l'expo Cézanne, le fait de savoir que je vais me rendre dans une région fort éloignée, au climat, à la géologie, à la végétation, à l'architecture et aux traditions très différents de ce qui m'entoure habituellement, sera plus stimulant pour mon petit esprit que de savoir que le TGV part à 06 h. 40 pour être sur place vers 10 h., après avoir parcouru plus de 400 km.
Quand on aime (Cézanne) on ne compte pas.