Il s'agit, à l'origine, d'un terme religieux, né après la publication de l'encyclique Quadragesimo anno sur la restauration de l’ordre social (1931). Le pape Pie XI y écrit, à propos de la réforme des institutions et des rapports que les individus entretiennent avec l'état : "De même qu'on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s'acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d'une manière très dommageable l'ordre social, que de retirer aux groupements d'ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d'un rang plus élevé, les fonctions qu'ils sont en mesure de remplir eux-mêmes." Depuis ce texte, la référence au principe de subsidiarité est une constante dans l'enseignement de l'Église.

La subsidiarité est devenue, par la suite, un concept-clé de la construction européenne. Depuis le traité de Maastricht l'Union Européenne n'intervient, dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, que dans la mesure où un objectif ne peut être réalisé de manière suffisante par les États-membres. C'est le fondement du fédéralisme.

Le gardien, auquel les grandes questions de ce monde ne font pas peur, se permet d'ajouter qu'identifier un niveau n'équivaut pas à clarifier ses attributions. Ce principe, apparemment très généreux, qui est censé permettre de prendre des décisions aussi proches que possible des citoyens, constitue une source de controverses, voire de conflits politiques majeurs. Il n'est pas toujours facile d'apprécier si l'action des États-membres est conforme à la réglementation. Ils peuvent vouloir légiférer dans un domaine que la Commission européenne estime de son ressort. Le principe de subsidiarité énonce une hiérarchie de compétences mais ne dit pas comment les répartir. On peut s'interroger également sur les rapports du principe de subsidiarité avec la notion de démocratie.

[mot suggéré par Joël]

[Retrouvez ce billet dans L'Almanach 2009 du Garde-mots]