Aventurine
Par le gardien le mercredi 5 avril 2006, 00:00 - Singumots - Lien permanent
Roche de la famille du quartz, de couleur verte (mais parfois rouge, jaune ou bleue), parsemée de paillettes de mica ou d’oxyde de fer, ce qui lui donne un bel éclat. Elle est utilisée en joaillerie et comme pierre ornementale dans l’ameublement.
On a imité cette pierre avant de la découvrir ... Un verrier vénitien de Murano fit un jour tomber par hasard (a l'aventura, en italien) de la limaille de cuivre dans une matière vitreuse en fusion. Il obtint une pâte verte et iridescente, et vendit ce verre sous le nom d'aventurine. Le minéral ne fut découvert que par la suite. On lui attribua le même nom à cause de sa ressemblance avec ce qui doit s'appeler désormais "verre aventuriné".
et sa pierre verte
qui lui vient de sa grand-mère]
Commentaires
Une de mes pierres préférées, comme toutes les pierres vertes : émeraudes, péridot...
Serais-tu donc aventurier ou gemmologue mon cher gardien?
Aventurologue.
J'aime bien aussi la tourmaline (en tant que mot).
Peut-être ne connais-tu pas tous les noms que prend la tourmaline en fonction des éléments qu'elle renferme (chrome, fer, lithium, magnésium, etc.) et qui lui font parcourir le cercle chromatique :
Tu m'as oté ces mots de la bouche...
Merci Garde-mots pour cette recherche .
Mon aventurine n'a aucune forme, elle est toute bizarre même, mais par contre très lisse et très brillante . Sa couleur est plus foncée que sur le petit globe . Curieusement elle pèse "pile" 10g .
Peut-être que quelqu'un saurait de quelles régions ou de quels pays sont originaires ces pierres . Merci d'avance .
Oui : Brésil, Espagne, Inde, Russie, Zimbabwé.
Je comprends mieux mon arri-ère grand-mère était de Pondichéry
Loin de moi toute nostalgie des comptoirs de l'Inde perdus, mais, chère Kathe, l'aventurine de Pondichéry m'évoque foultitude de rêveries mêlant couleurs, beautés, subtilités, bref tous les clichés d'une exposition coloniale, sans parler d' "Un hémisphère dans une chevelure" de Baudelaire.
J'ai oublié de citer l'Alexandrite : verte ou rouge suivant que la lumière soit naturelle ou électrique !
Très impressionnant pour un daltonnien de mon espèce...
Un hémisphère dans une chevelure
Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.
Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.
Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.
Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur.
Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.
Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco.
Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.
Jeanne Duval, la maîtresse de Charles Baudelaire était une métisse qu'il avait rencontrée sur l'île Maurice.
Merci, Alain. J'éprouve toujours la même émotion en lisant ce texte.
La pierre de Khate porte bien son nom ! (promis Khate, je ferai désormais attention à l'orthographe de ton nom).
Faidit peu importe comment on écrit mon prénom, je le porte depuis si longtemps !!!
Merci pour ce texte que je trouve magnifique et me fait chaud au cœur.
Cette indienne était l'épouse de mon arrière grand-père, marin sous Napoléon 1er, il l'avait épousée alors qu'il avait plus de 50 ans et je ne vous raconte pas comment ils ont été reçus par la famille très très "cul de bénitier". Ils ont eu 3 filles jolies comme des cœurs qui n'ont pas eu droit à un sou d'un héritage énorme, faut voir les ânes qu'il y avait dans ma famille !!!
On en parle entre nous, mais pas question d'en parler (même de nos jours) devant certains membres de la même famille, c'est fou !!!
Ma mère , non plus n'était pas très fière de cette ascendance, et a refusé d'en parler durant des années, comme on est une famille d'obstinés on a fini par lui tirer les vers du nez, sinon on aurait jamais rien su.
De cette aïeule nous avons tous un petit quelque chose des pierres ou des bibelots .
Assez bavardé, je raconte ma vie sans y avoir été invitée, je pense que vous comprendrez mieux pourquoi cette petite aventurine m'est chère.
Je l'ose ? Allez, j'ose... Il était question de phéromones et de musc récemment ... Eh bien moi, Baudelaire et surtout le magnifique texte ci-dessus, me rappellent immanquablement la rémanence d'un parfum qui, bizarrement, porte le nom d'un suc aux vertus psychotropes que l'on extrait d'un pavot ...
L'amour peut être dangereux pour la santé ... mais ses brûlures, malgré le temps, laissent d'agréables cicatrices ...
Tu n'en fais pas l'apologie, c'est pourquoi je laisse ton commentaire.
Chère Khate,
c'est fou comme cette pierre que as proposée au Garde de ce lieu nous fait voyager dans le temps, dans l'espace mais aussi dans les sentiments et les émotions. Elle renferme assurément un pouvoir, comme les pierres dont parlent les légendes. Tu nous fais un grand honneur en nous confiant ton histoire, et je la trouve belle et touchante.
De Cocteau (je crois) : "Il faut chanter dans son arbre généalogique".
Bien amicalement
Merci Faidit, je remarque que tu es souvent d'accord avec moi, je vais te confier un secret, après avoir souffert de cette xénophobie familiale, j'ai élevé (pas pu adopter) un zaîrois (Congo actuel), une marocaine orpheline et une kurde (handicapée) . Tous ont vécu en bonne intelligence avec mes deux garçons et sont toujours très proches . Mon fils aîné a épousé une laotienne née en Thaîlande, je n'ai jamais envoyé de faire-part à ma famille toujours en Dordogne !!!!!
Tu n'as tout de même pas racheté "Les Milandes", le château où Joséphine Baker élevait ses nombreux enfants adoptés ?
Non, mais je suis née à 3km des Milandes, ma fortune étant égale à zéro plus zéro, il ne me viendrait jamais à l'idée de vouloir acheter quoique ce soit .
Dans ces conditions j'espère que tu ne trouves pas mon humour trop déplacé ?
Plus sérieusement : est-ce que la proximité des Milandes a eu de l'influence sur tes adoptions ?
Humour déplacé ? Pourquoi ?
Non, Joséphine n'a eu aucune influence sur moi, j'ai vécu en Dordogne jusqu'à l'âge de six ans et j'y vais peu souvent je suis "la mal-venue" avec ma "marmaille" colorée . Losqu'elle a acheté ce château j'étais déjà "grande", je crois que je devais être quelque part en Afrique (en train d'essayer d'enseigner ou plutôt d'alphabétiser).
J'ai relu cet article avec émotion.
Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.
Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.
Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine. (...) (Charles Baudelaire)