Ouaille
Par le gardien le samedi 6 mai 2006, 00:00 - Singumots - Lien permanent
Relisons, dans les Lettres de mon Moulin (1886) d’Alphonse Daudet, le conte Le Curé de Cucugnan. L’église de l’abbé Martin est de plus en plus désertée. A l'occasion d'un sermon il raconte, dans un français truculent et vibrant du bruit des cigales, comment il est allé au ciel pour avoir des nouvelles de ses anciens paroissiens. Il n’en a trouvé ni au paradis ni au purgatoire mais seulement en enfer. Il fait blêmir ses fidèles en nommant tous ceux qu’il y a rencontrés. « Ému, blême de peur, l’auditoire gémit, en voyant, dans l’enfer tout ouvert, qui son père et qui sa mère, qui sa grand-mère et qui sa sœur... ». Le curé en profite pour organiser les confessions et bientôt ses ouailles retrouvent leur bercail, c’est-à-dire le chemin de l’Église.
Commentaires
Les gens de la France profonde dont je viens prononcent les "oie" "oille"
Exemple : "il faut que je voille" pour "il faut que je voit"
CQFD : les ouailles ne sont point des brebis, mais des oies.
Ceux qui me croient ont tort ! écoutez le gardien des mots !!
Les lecteurs du Garde-Mots sont-ils ses ouailles ?
Non, car le gardien ne prêche pas.
Ce dimanche 07 MAI 2006,à 3heures:
"Pâtre des nuées",qui enrobes de ses pensées de veille la prose laineuse de mes errances,et chasses,en père bienfaisant,de mes angoisses nocturnes les terreurs moutonnières, que je souhaiterais,mon cher gardien ,au flanc des collines bleuies par les constellations,là où paissent,enveloppées de quiétude ,tes ouailles célestes,partager le délectable silence que tu glisses entre les mots,que tu tisses et ourles,aux confins de l'ombre,puis déroules sous les pesantes pensées des hommes,pour alléger les maux qu'ils se sont inventés.
Ainsi soit-il...
Sur un plan plus physico-sonore,entaché ,il va sans dire, de subjectivité,le mot "ouailles"choisi par notre gardien,m'inspire cette remarque:
La première syllabe esquisse un arrondi des lèvres,comme une docile approbation liminaire quasi-inconditionnelle,mais voici que surgit la blessure de l'hiatus,suggèrant des antagonismes ,des conflits à l'intérieur du groupe,qui,en fin de prononciation,se disloque,rompt sa prétendue harmonie:le loup hantant les surplombs de la chaumine de M.Seguin,le mouton noir,la véhémence du petit chef...bref ,quelque insidieuse force maléfique a détruit l'unité,sans supprimer l'obédience;grégarisme,stéréotype de la pensée servile laissent une dissonance à l'oreille.Et si la brebis se détachait du troupeau,pour éprouver sa liberté ?
Libera me.
encore faut-il que les ouailles ouissent