Relisons, dans les Lettres de mon Moulin (1886) d’Alphonse Daudet, le conte Le Curé de Cucugnan. L’église de l’abbé Martin est de plus en plus désertée. A l'occasion d'un sermon il raconte, dans un français truculent et vibrant du bruit des cigales, comment il est allé au ciel pour avoir des nouvelles de ses anciens paroissiens. Il n’en a trouvé ni au paradis ni au purgatoire mais seulement en enfer. Il fait blêmir ses fidèles en nommant tous ceux qu’il y a rencontrés. « Ému, blême de peur, l’auditoire gémit, en voyant, dans l’enfer tout ouvert, qui son père et qui sa mère, qui sa grand-mère et qui sa sœur... ». Le curé en profite pour organiser les confessions et bientôt ses ouailles retrouvent leur bercail, c’est-à-dire le chemin de l’Église.

[Retrouvez ce billet dans L'Almanach 2009 du Garde-mots]