Guy Le Fèvre de la Boderie (1541-1598) est un poète humaniste français, néoplatonicien, orientaliste et kabbaliste chrétien, auteur de l’Encyclie des secrets de l'éternité (1571), un long poème philosophique et mystique présenté sous la forme de huit « cercles » symboliques (huit parties) autour d’un « point centrique ». Il cherche par cette construction à prouver l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme [1].

Extrait  de L’Encyclie :

Ainsi bien que du Cœur et du Centre du monde
L’âme bouille et sourgeonne, et s’inspire à la ronde
Parmi les intestins et membres du grand Corps
Emboîtés l’un dans l’autre, et tous entre eux retors :
Et bien que main Esprit chantourne en son couvercle
Comme la dormante eau peu à peu, cercle à cercle,
Par le jet d’un caillou commence d’ondoyer,
Et de là plus au loin pli sur pli déployer :
Ou comme du gosier la voix articulée
Est en l’air spacieux au compas tortillée :
Sans l’aide toutefois d’un Moteur plus caché,
Cercle spirituel à nul Corps attaché
Dont le centre est partout, et la circonférence
N’en est en lieu qui soit (telle est la différence
De l’Âme avecques lui) l’Âme n’irait courant
Les pores entr’ouverts du Monde envigorant.

L'œuvre principale de Le Fèvre de la Boderie est La Galliade, ou De la Révolution des arts et des sciences (1582) dans lequel il raconte l’histoire du monde de Noé à Henri III et chante la « complétude de l'univers dans la circularité même de sa forme ». Il y glorifie à la fois la religion chrétienne et le peuple gaulois.
--
[1)] Ceci est bien dans l’air du temps. Dans l’Astrée d’Honoré d’Urfé, Tircis explique à Hylas que l’Amour est un Dieu et qu’il ne peut donc rien désirer hors de lui-même : « Il est son propre centre. »