Père ou repère ?
Par le gardien le vendredi 31 juillet 2009, 00:00 - Gardimots - Lien permanent
Après Cézanne en Provence en 2006, le musée Granet d’Aix-en Provence abrite jusqu’au 27 septembre l'exposition Picasso Cézanne, à travers 114 de leurs œuvres (91 Picasso, 23 Cézanne). Certes il n'y a pas les grands classiques, mais quelques œuvres majeures sont tout de même présentées. Nous pouvons ainsi découvrir ce que Picasso, sans jamais perdre le fil de sa propre créativité, doit à Cézanne. Il le considérait comme son seul maître et l’appelait « Monsieur Cézanne ». Picasso a vécu deux ans au château de Vauvenargues, au pied de la montagne Sainte-Victoire, sans essayer de la peindre, par égard pour son aîné. « J’habite chez Cézanne » aimait-il à dire. Ils ne se sont jamais rencontrés, mais Pablo possédait quatre toiles de Paul.
Cézanne cherche avant tout l’harmonie des couleurs et des formes. Sa « peinture couillarde » comme il la nomme, repousse les limites de la perspective, faisant de lui le précurseur du cubisme. Picasso a repéré ces lignes de force mais il ne reproduit pas, pour autant, les peintures de Cézanne. Son inspiration est beaucoup plus subtile – et maîtrisée. Libérateur de l’univers pictural et artiste de génie, il les prolonge jusqu’à interpeller notre sensibilité la plus secrète. La peinture n’est plus pour lui un instantané mais un instant simultané où le mouvement intérieur révèle notre véritable nature, où toutes les couches d’un objet ou d’un visage nous sont révélées à grands traits (triviale comparaison : un peu comme les calques de Photoshop).
Picasso et Cézanne ont tous les deux le goût de la géométrie et le génie de la composition. Si l’on veut leur trouver une différence, Cézanne peint l’essence du visible et Picasso celle de l’invisible. Cézanne indique le chemin qui mène jusqu’à nous. Picasso l’empreinte et poursuit la route.
En un raccourci saisissant, cette exposition présente les deux phares de l’art moderne, entre lesquels la filiation est certaine. Au deuxième étage, il ne faut pas manquer les photos de David Douglas Duncan, Picasso au château de Vauvenargues. Puis, avant de sortir, parcourir le fonds du musée Granet pour reposer son œil parvenu au seuil de l'impossible.
Cézanne. Gardanne. 1886. Picasso. Vauvenargues II. 1959.
Commentaires
Sauf qu'avec Picasso, il s'agit plus de chercher l'inspiration que d'imiter Cézanne.
Il disait effectivement : "Je ne cherche pas, je trouve".
Il n'y a rien nouveau sous le soleil…… mais tout es noveau !
Environ 3 ou il y a 4 ans, dans un voyage a Paris, j'ai eu l'occasion de regarder, au musée d´Orsay, le « duel » de Paul Cézanne et Camille Pissarro, J'ai été étonné, émerveillée.
Je peux m'imaginer comment magnifique cette exposition a Aix devrait être !!!!
Désolé, je vis si si au loin de la France.
P.S. Vous avais vu les travaux de Van Gogh inspiré sur Millet?
Je n'ai pas vu l'exposition Van Gogh-Millet mais j'ai lu sur le sujet.
En revanche je suis allé à Mérida, votre ville, il y a quelques années au cours d'un voyage dans le Yucatan.
Moi non plus, je n'ai pas vu l'exposition , je lis de lui aussi. Je croix qu´il s´appella: "Van Gogh- Millet :Une relation obsessive” ou quelque chose comme ça.
S´il vous plait, cherchez ces deux tableaux des deux peintres, vous serez étonné:
“Les premières pas” et “La sieste”. Il y a beaucoup plus.
Je suis étonne moi meme, que vous êtes venu a Mérida.
si vous revenez queque fois, je serai avec joie votre Cicérone!
J'ai vu cette expo en visite guidée le 11 août à 14h30. Navrante et pauvre évocation à Aix de Cezanne sans un seul tableau du Maitre de la Ste Victoire.
Ce musée Granet est désolant sans clim efficace avec des planchers qui craquent sous le poids de la cellulite des madones de camping accourues suintantes de sueur pour voir Picassiette pomper les Braque (humour) Cézanne
Ingres ...
Un attrape touriste qui croit découvrir
Nous n'avons pas dû voir la même expo, monsieur l'Agent.
J'ai vu en son temps cette exposition mémorable. Tous les peintres contemporains suivaient les "recherches" des uns et des autres. Ils se fécondaient mutuellement. Les trouvailles des uns constituaient un terreau fertile pour avancer dans leur propre voie. Vous parlez merveilleusement bien de ces deux artistes, bien mieux que je ne saurai le faire. Chez Cézanne, ce qui est fascinant, à mon sens, c'est la force, l' énergie vitale, cette soif d'expression assez exceptionnelle. Picasso lui, a été un virtuose
de la peinture. El duende
Ce qui me fascine le plus chez Cézanne c'est qu'il a changé la peinture. il y a avant et après Cézanne, comme il y a eu avant et après l'invention de la perspective. Je vais souvent à Aix (j'en rentre aujourd'hui-même). Pour moi l'omniprésence de la Sainte-Victoire, c'est l'omniprésence de Cézanne. Même écrasée de soleil, je ne peux apercevoir cette montagne sans penser aux quelque 60 toiles qui la représentent.
Picasso, pour moi, est plus qu'un virtuose. L'avez-vous vu dans des séquences filmées ? C'est un véritable créateur.
La baie vitrée de ma chambre donnait sur...la Sainte Victoire dans toute sa splendeur. C'était magique!
Quand à Picasso c'est le plus grand créateur de ce siècle en peinture: un surdoué comme il en existe peu. Mais n'oublions pas qu'il avait eu malgré tout une solide
formation à la base et que c'était un grand travailleur.
J'ai vu une video à Madrid sur la "confection" de Guernica et toutes les ébauches: la femme qui pleure pour moi, c'est toute la bande dessinée moderne!
Quelle émotion, ce tableau! El duende.
Picasso avait une formation classique. La "rupture" se fait à partir des "Demoiselles d'Avignon". Et puis il y a cette anecdote superbe, qui résume à la fois la puissance de l'art et l'histoire du XXe siècle. Pendant la guerre, Picasso fut arrêté en tant que compagnon de route du parti communiste français. Dans sa chambre il y avait une photographie de "Guernica". Le nazi qui était venu le cueillir lui demande : "C'est vous qui avez fait ça ?" Picasso répond "Non, c'est vous..."