Pour l'enfant amoureux de cartes et d'estampes,

L'univers est égal à son vaste appétit.

Charles Baudelaire, Le Voyage.

Jean-Baptiste  Tavernier

Jean-Baptiste Tavernier
Voyageur-écrivain né à Paris en 1605, mort à Moscou en 1689. Il était le fils d'un marchand de cartes de géographie, ce qui explique, comme il le reconnaît lui-même, sa passion pour les voyages. « Je puis dire que je suis venu au monde avec le désir de voyager. Les entretiens que plusieurs sçavans avoient avec mon père sur les matières de géographie qu'il avait la réputation de bien entendre et que tout jeune que j'estois j'écoutois avec plaisir, m'inspirèrent de bonne heure le désir d'aller voir une partie des païs qui m'estoient representez dans les cartes où je ne pouvais alors me lasser de jetter les yeux... » À vingt-deux ans il avait déjà parcouru les principaux pays d’Europe et parlait « raisonnablement » leur langue. C’est ainsi qu’il fit de 1638 à 1663 une série de voyages en Perse, en Turquie, à Java, etc., qui lui permirent de devenir marchand de diamants et d’objets précieux et d’acquérir une immense fortune. En Inde il visita les mines de diamant de Golconde et fut le témoin de la construction du Taj Mahal à Agra. Louis XIV lui acheta en 1668 au retour de son sixième et dernier voyage 46 grands diamants pour 3 millions de livres, dont le fameux Diamant bleu de la Couronne de France, parfaitement pur, pour 220 000 livres. L’année suivante Tavernier fut anobli par le roi. Il s’acheta un château au bord du lac Léman et acquit ainsi le titre de Baron d'Aubonne.

Il mit en valeur ses aventures dans plusieurs ouvrages dont Les six Voyages de Jean Baptiste Tavernier (1676)  et Recueil de plusieurs relations et traitez singuliers et curieux  (1679), à propos desquels Voltaire fut très acerbe : « Tavernier parle plus aux marchands qu'aux philosophes, et ne donne guère d'instructions que pour connaître les grandes routes et pour acheter des diamants. » Montesquieu, à l’inverse, s’en inspira quand il écrivit ses Lettres persanes.