La guerre des Cacouacs

On doit le mot à Jacob Nicolas Moreau (1717-1803), avocat et historien, qui l’emploie dans un Avis utile publié dans le Mercure de France d’octobre 1757. Quelques mois plus tard il publie à Amsterdam un pamphlet anonyme  intitulé Nouveau mémoire pour servir à l'histoire des Cacouacs, dans lequel il décrit un peuple très curieux qui s’enorgueillit de sa raison. Les Cacouacs ne croient pas en Dieu mais vénèrent la Nature et veulent anéantir les preuves de la révélation. Ce sont des anarchistes qui refusent toute forme de gouvernement. Ils habitent sous des tentes pour marquer leur indépendance et leur liberté. Leur langage a quelque chose de sublime et d’inintelligible qui inspire le respect et entretient l’admiration, toutefois ils volent les idées des autres. Le narrateur adhère dans un premier temps à leurs idées car ils le droguent mais quand il a les yeux dessillés il découvre qu’on ne les appelle pas Cacouacs mais Philosophes et que, dans son pays, on imprime leurs ouvrages.

Les encyclopédistes, et même l'ensemble des philosophes du siècle des Lumières, prennent le mot au pied de la lettre. Comme les impressionnistes le feront au XIXe siècle ils revendiquent le nom qu’on leur attribue et en font leur emblème. Diderot écrit, par exemple, en 1761 : « Je suis Cacouac en diable (…), il n’y a guère de bon esprit et d’honnête homme qui ne soit plus ou moins de la clique. »