Figure de style qui consiste à utiliser un nom
propre pour désigner un nom commun, lorsqu'on dit, par exemple, "un tartuffe"
(personnage de Molière) pour nommer un hypocrite. Autre exemples : on disait
autrefois un
labadens pour désigner
un camarade collège ; ouvrir ses
quinquets ; un
limonaire ;
Zoïle.
Le terme s'utilise également, à l'inverse,
lorsqu'on emploie un nom commun pour désigner un nom propre. Exemple: "L'Élysée
a formellement démenti vendredi être intervenu auprès des responsables de
France Télévisions pour leur demander de renoncer à inviter le président de la
Commission européenne José Manuel Durao Barroso le 21 avril dans l'émission «
Cent minutes pour convaincre » sur France-2." (Nouvel Observateur du 25 mars
2005). "L'Élysée", qui désigne ici le cabinet du Président, est une
antonomase.
Commentaires
L'antonomase reçoit une application toute particulière en droit de la propriété intellectuelle, plus précisément en droit des marques :
Il s'agit du problème de la dégénérescence : encours la déchéance de ses droits le propriétaire d’une marque devenu de ce fait la désignation usuelle du produit ou du service.
S'agit-il encore d'une figure de style?
Les malheureux propriétaires des marques frigidaire et piña colada se sont donc vu supprimer leur droit exclusif sur ces marques qu'ils avaient pourtant déposées, puisqu'aujourd'hui, frigidaire et pina colada sont devenus des noms communs
Oui, il s'agit bien d'une antonomase. On peut utiliser les noms de marque comme noms communs dans la conversation courante mais les auteurs (journalistes, écrivains) doivent être prudents, ou alors demander une autorisation à la marque concernée (par ignorance je vous laisse la responsabilité de l'avis juridique que vous donnez). Un exemple classique, et dont on ne se méfie pas assez parce que le terme paraît être un mot d'usage collectif, est "Coton-tige"®.
Vous pouvez également remarquer que dans A propos de l'auteur j'ai utilisé le terme "réfrigérateur"...
Antonomases que nous utilisons dans la vie de tous les jours : Poubelle (du préfet de Paris) et klaxon (marque américaine). D'ailleurs, la marque Klaxon avait publié une campagne publicitaire qui disait "Klaxon remercie Larousse pour l'avoir fait entrer dans son dictionnaire" (à moins qu'il fut question de Robert, la mémoire me fait défaut).
qualifier de "malheureux propriétaire de marque" un entreprise comme General Motors parce qu'il y a des gens qui ne comprennent pas qu'on puisse acheter un mot (dérivé régulièrement du latin frigidarius), il faut quand même le faire!
Depuis le 9 juillet 2006, une nouvelle expression a cours :
"Arrête de m'agacer ou je te donne un zidane."
C'est ce qui s'appelle coller à l'actualité !
Dans ce cas, une "Materazzi" est une insulte visant particulièrement la famille de l'interlocuteur ...
Et quand Materazzi se met au volant de sa Maserati, c'est quoi: un anagramme, une paronomase ou un isolexisme?
C'est une contrepèterie.
Bonjour ! Chouette, j'ai trouvé la définition de labadens. Merci ! Cependant, pour le second exemple de l'autonomase, l'Elysée reste un nom propre...l'autonomase ne concerne que l'emploi d'un nom propre pour un nom commun et non l'inverse ;)
Bonjour Fanette. Je viens de vérifier chez Fontanier, Dupriez, Alain Rey ... Tous les auteurs disent lquel'antonomase consite à prendre un nom commun pour un nom propre ou un nom propre pour un nom commun. Tu peux facilement consulter ici l'avis de Littré.
Quelques exemples d'antonomases : un kleenex, un frigidaire, un picasso, un sopalin ...
Le soir, je fume un Havanne en buvant un Bourbon :-)
dans la catégorie des tropes, je pense que le mot "élysée" qui désigne la présidence est plutôt une métonymie voire une synecdoque.
me trompe-je ?
Dans l'exemple que je cite il n'y a pas de métaphore puisqu'il n'y a pas de comparaison. Il y en a une, en revanche, dans la phrase "Un bon point pour l'Élysée" : dans ce cas on compare - sans le dire - l'Élysée à un élève. Ça n'empêche pas d'ailleurs qu'il y ait en même temps une antonomase.
Il n'y a pas de synecdoque non plus puisque, dans la citation, on ne prend pas la partie pour le tout (sauf si l'on sous-entend que l'Élysée est une partie du gouvernement, mais là ça devient byzantin). Dans l'exemple que je donne "l'Élysée" n'est pas un figure en soi, ni un mot isolé. Le mot signicatif pour définir l'antonomase dans ma définition est "utiliser". Le cabinet (du Président) est bien un nom commun, "Élysée" est bien un nom propre : il y a antonomase puisque le journaliste utilise l'un pour l'autre.
merci pour la précision. :^)
Qui écrit "me trompe-je" au lieu de me "trompè-je"?
juste pour saluer votre site formidable, je cherchai "antonomase" et ai découvert ce garde-mot... j'espère que dans 500 ans quelqu'un dira "heureusement en 2011 on se mit à garder des mots ...
Merci et bienvenue. Visitez à votre aise le Garde-mots et ses 1100 billets (pour l'instant...)