Délateur, dénonciateur, calomniateur.
Ce mot nous vient de la Grèce antique. Le
sukophantês fut d'abord le dénonciateur des voleurs de figues (du grec
sûkon, figue et
phainen, faire voir). Puis il désigna, à
Athènes notamment, celui qui formulait une accusation lorsqu'il jugeait qu’une
injustice avait été commise. Il n'y avait pas de procureur et son acte était
nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie. La dénonciation permettait
de rétablir l’harmonie, la paix et la concorde dans le corps civique. Elle
était indissociable des principes d’une société de confiance, par opposition à
l’idéal de transparence qui caractérise les démocraties contemporaines. Le
terme finit par s'appliquer plus spécialement aux citoyens qui faisaient un
usage abusif, voire professionnel, de l'accusation publique. Ils dénonçaient
les citoyens riches afin d'obtenir une part de leurs biens. Hypocrites et
fourbes, ils étaient des propagateurs de rumeur et des voleurs par procuration.
Notre sensibilité est à juste titre heurtée par de telles pratiques. On ne
peut s'empêcher de penser, en écho, aux dénonciations abusives de notre époque,
notamment à celles qui eurent lieu pendant la guerre de 39-45. Un trop beau mot
pour un sale boulot.
[mot proposé par Joël, qui
ajoute: "C'est une merveille qu'il soit resté dans le Larousse. Il pourrait
reprendre du service avec tous ces gens qui font des procès pour un oui et pour
un non dans le but d'en tirer quelques sous, kopecks, roupies, deniers, pécules
et autres thunes."]
Commentaires
Les mots se suivent et ne se ressemblent pas.
C'est un vilain mot effectivement dont l'évocation rappelle toujours la seconde guerre, mais reste d'actualité. Je travaille dans une collectivité et au service de l'urbanisme ils recoivent de nombreuses lettres de dénonciateurs prêts à vilipender leur venin pour tenter "dabattre" le voisin qui aurait des vélléités d'agrandissement.
Ce mot a été sauvé de l'oubli par Michel Audiard qui l'a placé dans la bouche de Francis Blanche, espion de la Russie Soviétique dans "Les Barbouses". Francis Blanche y traitait quelqu'un de "sycophante glaireux" ! Beurk !
Je crois qu'il y a aussi "les quatre bacheliers" de Brassens.
Ce soir je la chercherai.
Incroyable pour moi de trouver ce mot là en entrant chez vous. Il est bien au coeur de ma problématique du moment; si vous saviez...
La dénonciation peut être aussi un acte de civisme et de courage; quitte à y laisser ses plumes. Ce qui m'effraie c'est que les abus et les calomnies nous rendent tous suspicieux outre mesure et dire une vérité sans être entendu; c'est aussi une terrible agression qui peut faire perdre les pédales. Mais comme se taire est impensable également quand on se sait civique et soucieux de son prochain; comment s'en sortir?
Je suis pour l'heure confrontée à ce problème...
Contente d'être de nouveau parmi vous cependant; sourires
"La dénonciation peut être un acte de civisme et de courage" si elle concerne des circonstances particulièrement graves, dans la mesure où il n'y a pas d'autres moyens. Elle doit porter sur des faits personnels ou en rapport avec des personnes incapables de se défendre elles-mêmes. Il ne faut pas se donner bonne conscience avec des "bonnes raisons" mais avec des "raisons supérieures".
Je ne sais pas si je suis, ou non, dans le vrai mais je ne me suis pas senti le droit de ne pas répondre.
Bon retour, malgré tout, sur la planète des blocs-notes.
Plutôt que de dénoncer, j'annonce que le garde est cité dans Pointblog.
Tous au garde-à-vous devant le Garde!!
Vous êtes dans le vrai et je vous remercie pour votre réponse.
Comme annoncé. De tonton Georges:
Nous étions quatre bacheliers
Sans vergogne,
La vrai’ crème des écoliers,
Des écoliers.
Pour offrir aux filles des fleurs
Sans vergogne,
Nous nous fîmes un peu voleurs,
Un peu voleurs.
Les sycophantes du pays
Sans vergogne,
Aux gendarmes nous ont trahis,
Nous ont trahis.
Et l’on vit quatre bacheliers
Sans vergogne,
Qu’on emmène les mains lié’s,
Les mains lié’s.
On fit venir à la prison
Sans vergogne,
Les parents des mauvais garçons,
Mauvais garçons.
Les trois premiers pères, les trois
Sans vergogne,
En perdirent tout leur sang-froid,
Tout leur sang-froid.
Comme un seul ils ont déclaré,
Sans vergogne,
Qu’on les avaient déshonoré’,
Déshonoré’.
Comme un seul ont dit : « C’est fini,
Sans vergogne,
Fils indigne, je te reni’,
Je te reni’. »
Le quatrième des parents,
Sans vergogne,
C’était le plus gros, le plus grand,
Le plus grand.
Quand il vint chercher son voleur,
Sans vergogne,
On s’attendait à un malheur,
A un malheur.
Mais il n’a pas déclaré, non,
Sans vergogne,
Qu’on avait Sali son nom,
Sali son nom.
Dans le silence on entendit,
Sans vergogne,
Qui lui disait : « Bonjour petit,
Bonjour petit. »
On le vit, on le croirait pas,
Sans vergogne,
Lui tendre sa blague à tabac,
Blague à tabac.
Je ne sais pas s’il eut raison,
Sans vergogne,
D’agir de telle façon,
Telle façon.
Mais je sais qu’un enfant perdu,
Sans vergogne,
A de la corde de pendu,
De pendu.
A de la chance quand il a,
Sans vergogne,
Un père de ce tonneau là,
Ce tonneau là.
Et si les chrétiens du pays,
Sans vergogne,
Jugent que cet homme a failli,
Homme a failli.
Ça laisse à penser que pour eux
Sans vergogne,
L’Évangile c’est de l’hébreu,
C’est de l’hébreu.
L'écrivain René Fallet, ami de Georges Brassens, écrit qu'il s'agit d'un hommage à Louis Brassens, son père. On peut entendre cette très belle chanson sur www.brassens.info/
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Puis écouter en boucle jusqu'à l'ivresse.
Merci Joël.
J'aurais donc pu m'éviter de retaper le texte.
C'est la limite des moteurs de recherche.
Un site extra. Merci.
je m'insurge contre votre article concernant les sycophantes ! Je vais vous dénoncer de ce pas aux autorités compétentes, foi de Sycophante... :)
Polémique: vil tort.
<<elle concerne des circonstances particulièrement graves, dans la mesure où il n'y a pas d'autres moyens. Elle doit porter sur des faits personnels ou en rapport avec des personnes incapables de se défendre elles-mêmes. Il ne faut pas se donner bonne conscience avec des "bonnes raisons" mais avec des "raisons supérieures".
>>
La dénonciation ne se rapporte pas à des gens mais à des faits, sinon c'est de la délation.
Dénoncer (au sens faire connaître publiquement), c'est donc tenter de mettre à jour des faits incompatibles avec la morale (au sens des règles des relations inter personnelles d'une société).
Cela peut être aussi dénoncer le non respect de la loi. Dans ce cas c’est ce qui s’est passé durant l’occupation, la loi était scélérate, et les dénonciateurs en l’occurrence étaient souvent des assassins.
Dénoncer ne peut pas être bon ou mauvais, c’est faire valoir des convictions que tel fait mérite publicité alors qu’il resterait caché. Le but étant de considérer que ce fait mérite publicité car non compatible avec le fonctionnement de la société. Sous-entendu, des personnes abusent d’autres en toute impunité, que ce soit de manière directe (atteinte à la personne) ou collective (atteinte au bien commun).
Se donner des raisons supérieures c’est déjà juger d’après ses convictions, ses points de vue. Ici c’est acceptable, là cela ne l’est plus ! C’est une opinion !
Si telle personne voit un délit, en ne le dénonçant pas il l’accepte. Il accepte donc de subir un même délit, puisqu’il l’accepte pour autrui. Mais il accepte aussi de pouvoir en faire autant.
Dénoncer est donc par essence, tenter de protéger chacun de subir mais aussi de faire, le fait en question.
Je dénonce l’apartheid (des faits d’apartheid) car l’accepter c’est risquer de se condamner à le subir ou le faire subir! Or l’apartheid est facteur de décohésion de la société par les violences qu’il fait régner. C’est insupportable car “invivable”.
Je signe avec toi.
"La dénonciation ne se rapporte pas à des gens mais à des faits, sinon c'est de la délation."
et quand les faits font douter des gens, que faut-il faire? Doit-on en autruche enterrer ses soupçons dans le sable ou bien est-ce lâcheté que de se taire?
Les faits ne sauraient être que patents. Sans preuve il vaut mieux se taire.
donc toute suspicion est condamnable, j'entends bien. Le raisonnement me convient car il est respectueux d'autrui.
Et si celui qui dit "j'accuse" est un sycophante comment appelle-t-on celui qui dit "Je soupçonne"?
Dans la réalité, je soupçonne un homme d'agresser sexuellement ses fillettes et ça m'empêche un peu de dormir... Je me sens dans un cas de "non assistance à personne en danger" et c'est insupportable et culpabilisant de fermer les yeux.
Je me trompe peut-être, je n'ai pas de preuve patente. Mais si je ne me trompe pas n'est-ce pas laxisme (autre mot que je vous propose) et irresponsabilité que de se taire?
Question annexe : Et dans ce dernier cas, comment faire pour chasser ce doute de mon esprit et retrouver par là même un sommeil paisible?
"Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme."
J'accuse - Emile Zola - 13 janvier 1898.
Doute: entre soupçon et laxisme, que faut-il choisir ? C"est un cas où les autorités incitent à aller dans le sens de la déclaration des cas douteux. Vous en saurez un peu plus en lisant cet article. Ensuite c'est une question de conscience. Si les soupçons sont forts il faut peut-être en parler à une assistante sociale du quartier où habitent les enfants ?
Merci pour cet article même s'il ne fait qu'aggraver mes doutes.
_ De quoi ris-tu, sycophante ?
_ Mais je ne ris pas !
_ Alors, tu es terrible !
(Victor Hugo : L'homme qui rit)
Le Gardien aurait-il l'aimable et humoristique garde vigilante de préciser si le "sycophantasme" est le fait de phantasmer des figues fraîches, tendres et juteuses, ou le sycophante qui serait d'asthme affligé, du fait de sa profession malsaine ?
J'y vois des hallucinations de figues fraîches. C'est la maladie de ceux qui regardent trop les filles.
Ce mot serait parfait pour traduire le mot anglais "whistle-blower", celui qui dénonce les abus et autres scandals dans les sociétés aux US (et ailleurs)! Une nouvelle vie pleine d'actualité pour ce joli mot...
Un Loup qui commençait d'avoir petite part
Aux Brebis de son voisinage,
Crut qu'il fallait s'aider de la peau du Renard
Et faire un nouveau personnage.
Il s'habille en Berger, endosse un hoqueton,
Fait sa houlette d'un bâton,
Sans oublier la Cornemuse.
Pour pousser jusqu'au bout la ruse,
Il aurait volontiers écrit sur son chapeau :
C'est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau.
Sa personne étant ainsi faite
Et ses pieds de devant posés sur sa houlette,
Guillot le sycophante approche doucement.
(...)
Merci. La Fontaine emploie ici le mot "sycophante" dans le sens de "fourbe, hypocrite".
Le sycophante dans la Grèce antique était un délateur professionnel. Il percevait, trés légalement, une part importante des amendes éventuellement infligées à ceux qu'il avait dénoncés. Il était commissionné, c'était son gagne-pain. Durant l'occupation allemande de la seconde guerre mondiale, l'attitude de nombreux dénonciateurs fut tout à fait dans cet esprit: ces sycophantes duXXème siècle n'agirent pas par conviction politique, mais par pur intérêt. Ils dénoncèrent des personnes (souvent innocentes d'ailleurs) dans l'unique but de s'approprier ou de racheter à vil prix des biens leur appartenant. Un sycophante est donc moins un délateur agissant par conviction personnelle qu'un "cafteur" qui ne dénonce que par intérêt financier.
Etre sycophante et pointer le doigt sur ce que d'autres n'ont pas vu,c'est risquer de faire changer le destin.C'est utiliser une arme dangereuse qui doit trancher à juste titre,sur l'objectivité et non la subjectivité.A mon avis,c'est endosser un role,qui se plante souvent,statistiquement,mais qui peut etre sublime à ses rares moments.
Dénoncer les gens, c'est sublime ? Depuis quand ? Ce matin encore ça ne l'était pas.
Sublime,pas savoureux mais à sublimer tant la responsabilité du jugement est difficile à porter meme lorsqu'il "semble" juste. Qu'est ce que la justice ?Rares moments, existes tu ?
Je n'arrive pas à expliquer davantage,pour une fois,vous me clouez,bon garde,je retire mon suprème sublime,je me le réserve pour d'autres moments...
entendu sycophante à propos de ... je ne sais plus qui pendant cette campagne électorale qui n'en finit plus.
Salut Garde. Comme tu vois il m'arrive de revenir te lire