Que chacun veille d'un œil mi-clos
Pour que ne dominent pas les déraisons
De tous ces assauts pervers et sots
En dénonçant tous les écrits "case-prison" !

Toute chair lue, triste le livre.
Aucun verbal effort
De soi ne délivre.
Le silence reste or.

A quoi sert d'être libre
Si c'est pour vivre seul.
A quoi sert d'être deux
Si l'on est prisonnier.

A l’heure où arrive la planète du rêve
Dans lequel s’abandonnent les sentiments confus,
Certains poètes vibrent à des temps sans trêves
Pour lesquelles ruisselle la vérité nue.

Nos vérités se mélangeant,
Au détour d'une prose charmante,
Annoncent un avenir changeant,
Tel le vent et sa course démente.

Il y aura trois livres, on s’envolera ensuite.
Celui du monde et, sur la jungle sans raison,
Celui de la peur, de l’ennui comme simple suite,
Celui de notre fin et des humeurs sans fond.

Dans la brume où l’orage se profile,
Les couleurs se voient mieux la nuit.
Dans la rime où l’orange est disciple,
Les citrons s’évadent en vieux puits.

Il n'est d'amour parfait
Que l'amour éphémère,
Car moins on se connaît
Et plus on se préfère.

Dans le bien il y a du mal et dans le mal il y a du bien.
Dans le masculin il y a du féminin et dans le féminin il y a du masculin.
Dans le fort il y a de la faiblesse et dans la faiblesse il y a de la force.
Le noir et le blanc se complètent et se mélangent pour le meilleur, le pire et le bonheur.

Mais vois et reconnais
Le suaire de notre amour
A jamais et pour toujours
Par tes doigts défait.

De ton absence souffre mon cœur,
Mélancolie des jours enfuis.
J’ai le regret de tes ardeurs
Et le chagrin peuple mes nuits.

Vous, mes patates, vous m'épatâtes,
Et les radis m'irradient.
Vous m'épatâtes, vous, mes patates,
Et m'irradient les radis.

Le potager des mots, le verger des vocables
Nourrissent images blettes et grandes vérités.
Le choix vous est offert car la langue est arable.
Chacun cultive ici ses vers au débotté.

J'aime bien mon cousin Albert,
Mais je préfère le camembert.
J'ai de l'amour pour mes parents,
Mais j'aime bien mieux les harengs.

Avec les mêmes mots, son unique trésor,
Le poète, qui sait varier les ritournelles,
Compose des bouquets où son âme étincelle,
Et laisse ses pensées prendre un nouvel essor

Et le verbe errant
Une fois encore
Fait paraître dément
Le pittoresque effort.

Mon message encore disparu (soupir)
Me conforte dans l'idée
Que les mots ne servent, au pire,
Qu'à formaliser l'idée.

Je suis seule à veiller près d'un feu décevant,
La tempête, dehors, étale ses démences.
Sous ses rudes assauts, qui toujours recommencent,
L'if du jardin gémit comme un être vivant.
De mes vieux souvenirs, je sais que la cohorte,
Errante la nuit, va frapper à ma porte.
Il faut donner, ce soir, audience au passé.

Joie de la parole sauvée
Par le maître de céans !
Qu'il en soit encensé
Par les rires et les chants !

Vois, lis, respire et vis toutes lignes parcourues
Car ces mots innocents recèlent des trésors
Aux couleurs infinies d'une nouvelle aurore
Et invitent au voyage en des terres inconnues.

Il vint s'offrir à moi un vieux livre à la main,
"Trêve de lecture, dis-je, il est des jeux de reins
Que la morale condamne bien qu'adorés du corps."
Le livre se refermait que je criai: 'encore !'

Viens goûter cet instant du jour qui se retire
Comme une vierge alors se donne à son amant.
Je ne parlerai pas, j'aurai trop à te dire,
Écoute les chansons que murmurent le vent.
Cette timide fleur qui doucement s'étire,
Se laisse caresser par un geste savant ...

Au milieu des papiers que le temps a jaunis
J'ai retrouvé, ce jour, des pétales de roses,
Vieux souvenirs flottant dans des cieux infinis
Venus me rappeler la plus belle des choses.

Tes longs doigts joints aux miens en muette prière,
Et tes tempes brunes, dures et si familières,
Puis-je les oublier et de quelle manière ?
Le temps lui-même suit la même rivière.

Quand la félicité vous a fait voir le ciel,
Et s'est mise à vos pieds, pour y poser ses charmes,
Comment ne pas songer à ce que fut son miel,
Emporté par la vie et, tout couvert de larmes.


[Ceci est un poème collectif et anonyme. Il a été écrit par les visiteurs du garde-mots pendant la semaine du 2 au 8 avril 2006. Conformément au règlement, les noms, pseudonymes et commentaires des auteurs ont été effacés. Le gardien remercie toutes les personnes qui, par leur talent, ont donné à ce projet sa forme définitive. Afin que l'anonymat soit totalement garanti il a retiré sa propre contribution (enfin presque) et certifie qu'il ne conserve aucun document permettant de retracer les divers étapes de cette aventure.]