La chair des mots
Par le gardien le dimanche 9 avril 2006, 00:00 - Versimots - Lien permanent
Que chacun veille d'un œil mi-clos
Pour que ne dominent pas les déraisons
De tous ces assauts pervers et sots
En dénonçant tous les écrits "case-prison" !
Toute chair lue, triste le livre.
Aucun verbal effort
De soi ne délivre.
Le silence reste or.
A quoi sert d'être libre
Si c'est pour vivre seul.
A quoi sert d'être deux
Si l'on est prisonnier.
A l’heure où arrive la planète du rêve
Dans lequel s’abandonnent les sentiments confus,
Certains poètes vibrent à des temps sans trêves
Pour lesquelles ruisselle la vérité nue.
Nos vérités se mélangeant,
Au détour d'une prose charmante,
Annoncent un avenir changeant,
Tel le vent et sa course démente.
Il y aura trois livres, on s’envolera ensuite.
Celui du monde et, sur la jungle sans raison,
Celui de la peur, de l’ennui comme simple suite,
Celui de notre fin et des humeurs sans fond.
Dans la brume où l’orage se profile,
Les couleurs se voient mieux la nuit.
Dans la rime où l’orange est disciple,
Les citrons s’évadent en vieux puits.
Il n'est d'amour parfait
Que l'amour éphémère,
Car moins on se connaît
Et plus on se préfère.
Dans le bien il y a du mal et dans le mal il y a du bien.
Dans le masculin il y a du féminin et dans le féminin il y a du masculin.
Dans le fort il y a de la faiblesse et dans la faiblesse il y a de la
force.
Le noir et le blanc se complètent et se mélangent pour le meilleur, le pire et
le bonheur.
Mais vois et reconnais
Le suaire de notre amour
A jamais et pour toujours
Par tes doigts défait.
De ton absence souffre mon cœur,
Mélancolie des jours enfuis.
J’ai le regret de tes ardeurs
Et le chagrin peuple mes nuits.
Vous, mes patates, vous m'épatâtes,
Et les radis m'irradient.
Vous m'épatâtes, vous, mes patates,
Et m'irradient les radis.
Le potager des mots, le verger des vocables
Nourrissent images blettes et grandes vérités.
Le choix vous est offert car la langue est arable.
Chacun cultive ici ses vers au débotté.
J'aime bien mon cousin Albert,
Mais je préfère le camembert.
J'ai de l'amour pour mes parents,
Mais j'aime bien mieux les harengs.
Avec les mêmes mots, son unique trésor,
Le poète, qui sait varier les ritournelles,
Compose des bouquets où son âme étincelle,
Et laisse ses pensées prendre un nouvel essor
Et le verbe errant
Une fois encore
Fait paraître dément
Le pittoresque effort.
Mon message encore disparu (soupir)
Me conforte dans l'idée
Que les mots ne servent, au pire,
Qu'à formaliser l'idée.
Je suis seule à veiller près d'un feu décevant,
La tempête, dehors, étale ses démences.
Sous ses rudes assauts, qui toujours recommencent,
L'if du jardin gémit comme un être vivant.
De mes vieux souvenirs, je sais que la cohorte,
Errante la nuit, va frapper à ma porte.
Il faut donner, ce soir, audience au passé.
Joie de la parole sauvée
Par le maître de céans !
Qu'il en soit encensé
Par les rires et les chants !
Vois, lis, respire et vis toutes lignes parcourues
Car ces mots innocents recèlent des trésors
Aux couleurs infinies d'une nouvelle aurore
Et invitent au voyage en des terres inconnues.
Il vint s'offrir à moi un vieux livre à la main,
"Trêve de lecture, dis-je, il est des jeux de reins
Que la morale condamne bien qu'adorés du corps."
Le livre se refermait que je criai: 'encore !'
Viens goûter cet instant du jour qui se retire
Comme une vierge alors se donne à son amant.
Je ne parlerai pas, j'aurai trop à te dire,
Écoute les chansons que murmurent le vent.
Cette timide fleur qui doucement s'étire,
Se laisse caresser par un geste savant ...
Au milieu des papiers que le temps a jaunis
J'ai retrouvé, ce jour, des pétales de roses,
Vieux souvenirs flottant dans des cieux infinis
Venus me rappeler la plus belle des choses.
Tes longs doigts joints aux miens en muette prière,
Et tes tempes brunes, dures et si familières,
Puis-je les oublier et de quelle manière ?
Le temps lui-même suit la même rivière.
Quand la félicité vous a fait voir le ciel,
Et s'est mise à vos pieds, pour y poser ses charmes,
Comment ne pas songer à ce que fut son miel,
Emporté par la vie et, tout couvert de larmes.
Commentaires
Au final, dans ce poème c'est le concept qui est le plus réussi.
Mais voici quelques mots libérés ! Quelques mots de vraie liberté !
Grâce à toi Garde !
Je suis d'accord, il s'agit d'un concept. Son achèvement réside dans le fait que je viens de supprimer tous les commentaires et contributions du billet initial. Personne ne connaîtra plus jamais, pas même moi car je n'ai pas gardé de trace, le nom des auteurs de ce poème.
Bien sûr qu'on peut rire. Tu avais parfaitement le droit de garder au passage des commentaires contenant le nom de leur auteur. Personnellement je ne changerai pas d'avis. Ce qui est dit est dit.
Tu peux également constater que je n'ai opéré aucune censure ni aucune réécriture. En tout et pour tout j'ai ajouté un peu de ponctuation. Considérant qu'elle avait été majoritairement utilisée j'ai voulu uniformiser son emploi.
Très beau, bravo à tous et surtout au rédacteur !
Tous pour un poéme et un poéme pour tous !
Jolie réussite que ce blogopoème collectif !!!
On le voit bien, le Cadavre Exquis a ses limites… aussi! Et si notre Maître d'Oeuvre nous donnait un thème autour duquel l'on pourrait tourner, détourner et retourner ? Cela rassemblerait le résultat qui sinon à tendance à se perdre…
Oui. Un jour nous recommencerons.
Pour être concret le résultat n'est pas celui que j'attendais, mais il a son charme. J'avais précisé dans le règlement : "Écrivez un à quatre vers". Pour moi c'était aux participants d'enchaîner de façon cohérente et ils ne l'ont pas fait. Ils ont, chacun pour soi, écrit leur quatrain. Reconnaissez qu'à une ou deux exceptions près, si l'histoire n'est pas filée, l'ambiance possède malgré tout une certaine unité.
La prochaine fois je n'autoriserai qu'un vers à la fois et demanderai qu'il fasse suite au précédent.
Tellement poétique parce que tellement chaotique...
Je suis de ton avis, ça ajoute plutôt que ça ne retranche.
Je remarque cependant que dans ce lieu, qui dit poésie dit rimes et versification, (mais c'était dans la règle du jeu). Le vers libre, Rimbaud, Mallarmé, hmm, ne trouvent pas preneurs ! On peut se demander pourquoi. Un certain conformisme ?
En ce qui concerne les règles en vue d'une nouvelle tentative, il peut aussi être demandé aux participants de reprendre le dernier mot. Cela marche assez bien. En général ! Le sens s'arrache beaucoup plus, meme si on nage en pleine absudie. On est plus près de Queneau que de Ronsard !…
J'ai été, comme toi, surpris de voir arriver rime sur rime ( sauf le quatrain qui commence par "Dans le bien il y a du mal ..."). En même temps je constate que tu es prise au piège de ta propre réflexion : dans le règlement je parle de "vers" certes, mais où ai-je écrit qu'il fallait des vers rimés ? Je crois que c'est la déformation de l'école qui nous vaut ça, et en même temps ceci n'est pas un jugement de valeur. La poésie c'est avant tout le rythme, mais aussi le choix des mots et des images, la sensibilité, l'émotion, le non-dit, et éventuellement la rime qui n'est qu'un élément parmi d'autres.
Je recommencerai sûrement un de ces jours, puisqu'il y a de la demande, mais je vais d'abord laisser reposer l'idée.
Oui, j'admets bien ta remarque, mais j'ai voulu suivre le style général pour ne pas déparer! As-tu aussi envisagé l'écriture collective d'une nouvelle, où il faudrait au moins reprendre l'idée de la phrase précédente, ou même la formulation des cinq mots précédents…
Merci et bravo en tous cas, ton site est vraiment bien construit.
SdB
Une nouvelle c'est toujours possible mais j'aurais peur d'avoir des phrases bien construites mais sans véritable intrigue - rebondissements - chute. Ou alors il faudrait que j'impose une histoire dès le départ. Pourquoi pas ?
faisons confiance à ton public, il m'a l'air assez talentueux si j'en juge par la qualité du poème qui n'est pas rien ! une histoire, une nouvelle collectivement écrite ? que dirais-tu de celle-là, elle m'a toujours obsédée, et je suis curieuse d'en voir le développement. Evidemment, plus c'est simple, plus c'est efficace,en voilà la trame: "un homme fou amoureux d'une femme la reçoit dans le plus grand secret dans un appartement spécialement dédié à leur passion. Par imprudence, il lui fait très mal… "
la suite …………
ceci n'est qu'une suggestion; peut-être t'interessera-t-elle ?
à toi, S
Il faut que je réfléchisse. Ce sujet risque de susciter des contributions un peu crues. Ça ne me fait pas peur en soi, mais ça voudrait dire que le côté à proprement parler littéraire serait mangé par les propos "osés". Je pense que c'est parce que mon blog a de la "tenue" qu'il a un public de cette qualité.
Et pourquoi ne serait-ce pas elle qui lui fait très mal ... pour changer un peu. Lier Eros et Thanatos est un grand classique qui a été maintes fois décliné ...
Pouf, pouf... On pourrait dire qu'il a fait très mal à la dame en retirant son bras qui entourait ses épaules, car son bracelet montre lui a arraché une mèche de cheveux ! Aïïeuh !
Désolé.
Oui, Garde, je le crains aussi ! Mais l'idée de l'oeuvre collective reste excellente en soi. Bien sûr.
J'avance dans la réflexion sur la manière de faire une nouvelle collective. Je laisse passser du temps et quand l'idée sera bien mûre je l'afficherai.
"Mûre" en tant qu'adjectif : accent circonflexe ? Je m'interroge.
Qu'en dis-tu, Garde ?
Rien pour l'instant. Ça fera un billet dans deux semaines.