Un gyroscope dans votre cuisine
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Qui ne connaît le principe de l’œuf dur qui tourne ? Avec un peu de pratique - un vigoureux coup de poignet qui donne une vitesse de rotation d'au moins dix tours par seconde - on arrive à le faire se dresser sur l’un de ses sommets.

Deux mathématiciens, Keith Moffatt, de l’université de Cambridge et Yutaka Shimomura de l’université Keio (Japon), ont modélisé les forces qui sous-tendent ce phénomène. Ils en sont venus à la conclusion que le frottement entre l’œuf et la surface sur laquelle il tourne produit un effet gyroscopique, lequel entraîne une élévation du centre de gravité. Autrement dit, l’œuf décolle.

Il fait des bonds !

Non, le gardien n’a pas forcé sur l’encaustique. L’œuf glisse en même temps qu'il tourne à cause de petites asymétries de sa forme, ce qui lui fait parcourir un cercle autour du point sur lequel il repose. Il se rapproche alors de son axe de rotation, ce qui contribue à le faire tourner plus vite. Si la texture de la table n'est ni trop lisse ni trop rugueuse, certains des petits à-coups sont amplifiés et provoquent des sauts. Pour entrer en jeu ce phénomène nécessite une vitesse de rotation d’environ dix révolutions par seconde.

Le phénomène est impossible à vérifier à l'œil nu car les bonds sont de très courte durée. Shimomura a donc mis au point un dispositif permettant de faire tourner de petits objets jusqu'à 1 600 tours par minute, comportant une caméra rapide, un micro et des capteurs électroniques. Il a ainsi confirmé ses déductions : à partir d'une vitesse de 1 448 tours/mn, un œuf dur peut faire de tout petits sauts d'une hauteur maximale de 0,08 mm.

On dirait un gadget du PAF …

Vous avez lu jusqu’au bout ? Pourquoi cette découverte vous intrigue-t-elle ?

[Retrouvez ce billet dans
L'Almanach 2010 du Garde-mots
]