Frappé de surprise ou même de stupeur au point
de bégayer ou de ne plus pouvoir s'exprimer. Synonymes : éberlué, ébahi. Du
latin balbus, bègue.
Molière , Tartuffe ou l’Imposteur
Grâce à son habileté à feindre la dévotion,
Tartuffe a réussi à devenir le directeur de conscience d'Orgon. Lorsqu'il est
démasqué, Madame Pernelle, la mère d'Orgon, n'en croit pas ses yeux : "Je suis
toute ébaubie et je tombe des nues. " (Acte V, scène 5).
[pour
Dandylan
qui suggère ce mot
sur son blog "Canal Dandylan"]
Commentaires
J'adooore ce mot depuis des années ! Y a des mots, comme ça, on les aime. J'aime bien "nonobstant", aussi. Et puis "délectable". Et puis, et puis... Merci, Garde, pour ces petits délices linguistiques à déguster sans modération.
"Je suis toute ébaubie et je tombe des nues. " (Acte V, scène 5).
N'est-ce pas alors un pléonasme ?
Bravo. C'est effectivement la même notion de surprise, sauf que le pléonasme est un redoublement volontaire placé ici dans le but d'obtenir un effet de style.
C'est le seul mot que ma soeur a retenu des pièces de Molière étudiées à l'école. Mais quel mot !
Il existe le mot, malheureusement obsolète, "s'ébaudir"(se réjouir en dansant,en sautant) qui est en quelque sorte le paronyme de "ébaubi".
Autant le premier renferme quelque parfum de juvénilité remuante et allègre,autant le second,ainsi que le souligne notre Garde,suggère un état de surprise presque paralysante...
Toutefois,l'emploi aujourd'hui assez fréquent de cet adjectif dans un contexte familier,en raison sans doute de sa coloration archaïque,vient à souhait dédramatiser l'objet d'étonnement.
En conséquence,si vous ne faites pas tressaillir de joie votre interlocuteur,du moins vous devriez à votre tour l'étonner ,tout autant que le rassurer , par cette connivence lexicale de bon aloi.
Je connaissais le vocable "s'ébaudir' sous l'appellation s'esbaudir, qu'Alain Rey cite d'ailleurs comme équivalente.
Déjà 19 h 30 ! cette journée est passée tellement rapidement que j'en suis toute ébaubie !
Bonjour,
peut-on dire "le coeur tout ébaubi de joie"?
Le mot ébaubi s'applique à une personne. Théoriquement, on ne peut donc l'employer dans la phrase que vous citez. En pratique, le contexte peut éventuellement venir à votre secours. Il faut d'abord personnifier le cœur, en faire une personne. Alors seulement, si l'on veut parler d'un cœur irrégulier, générant des palpitations, on aura peut-être envie de suggérer qu'il bégaye, et donc dire ou écrire qu'il est ébaubi.