Méthode d'enseignement de Socrate basée sur
l'art d'accoucher les esprits. Il faisait découvrir la vérité à ses élèves en
leur posant des questions. Il n'est pas inutile de se souvenir, à ce propos,
que Socrate était le fils d'une sage-femme nommée Phénarète. Du grec
maieutikê [tekhnê], art d'accoucher quelqu'un.
Les paramédicaux de sexe masculin qui font le
même métier que les sages-femmes se nomment les
maïeuticiens.
Cet accoucheur d'idées paraît être le pédagogue "idéal"des temps modernes,pour peu que l'élève d'aujourd'hui soit capable de remettre en cause ses certitudes,de réfléchir à ses comportements.Mais cette remise à plat est rendue difficile par l'arrogance,le manichéïsme ambiant,l'assuétude,voire l'inertie intellectuelle.On sait bien que les modèles de pensée sont source de conditionnement.L'ironie socratique déstabilise,de sorte que le poseur de questions,l'éveilleur,est honni : il "dérange";ne va-t-on jusqu'à dire qu'il a l'esprit dérangé,parce qu'il apporte une dissonance et crée en nous cette béance peut-être insupportable,mais si féconde? Aujourd'hui,l'on se prétend llbre dans sa singularité, alors même que l'on aime à se rassurer en pratiquant le conformisme. Or,la conscience de soi ,de ses gestes,ne nous rabaisse pas,mais nous élève au rang si enviable de celui qui ne sait pas,mais qui demeure en cheminement,afin de ne pas laisser en friches la part précieuse enfouie en nous,que certains stéréotypes aliènent,blessent,ou trahissent.
2.
Le mardi 20 juin 2006, 06:50 par Xavier (Torus)
Constat lucide Daniel, cela dit mieux-vaut aimer ce monde car il est la nécessité première pour se connaître soi-même.
Je n' en reste pas moins admiratif de la rhétorique...
J'abonde dans le sens de Daniel, qui met le doigt là où ça fait mal : dans
notre société, on ne cesse de nous "inviter" à la mobilité, au changement, mais
en réalité les esprits sont figés, quelque chose ne suit pas, comme si le temps
qui passe allait plus vite que le tempo.
Dans la pratique, nulle place pour le doute ou la remise en question (la vraie,
celle du dedans, celle qui est sans délai et sans recette toute faite) :
manifestez la moindre retenue dans vous affirmations, pour laisser une place au
doute qui permet à soi d'évoluer et à l'autre d'apporter de l'eau au moulin, et
vous passez au mieux pour un être vide (le vide, c'est mâââl : ça veut dire
"sans" quelque chose, dans un monde de trop-plein), au pire pour un
déséquilibré (et pourquoi pas dangereux).
L'enseignant accompagne ses élèves pour les aider à trouver le chemin vers une
excellence technique peut-être supérieure à la sienne. Une fois dépassées les
velléités de l'égo et des conventions sociales, c'est dans l'ordre des choses
que l'élève dépasse parfois le maître. A chacun de reconnaître, en toute
humilité, ses limites : se dire imparfait, c'est aussi se reconnaître
perfectible, non ?
Ca m'amène à donner un petit aperçu sur notre cher Socrate..
Citoyen d'Athènes, Socrate (470-399av.J.-C.) a passé sa vie à discuter avec
tout un chacun sur la justice, l'amour, la connaissance, la vérité, le courage,
etc. Il avait l'art d'amener son interlocuteur, par des questions habiles, à se
contredire sur les sujets qu'il pensait le mieux connaître. Socrate se
décrivait lui même comme un taon qui, en les harcelant sans cesse, empêchait
ses concitoyens de s'endormir sur leurs fausses certitudes. Evidemment, à ce
jeu, il ne s'est pas fait que des amis. On pense qu'il y a là un des motifs qui
ont poussé Anytos le tanneur, Mélétos le poète et Lycon l'orateur à lui
intenter un procès et les juges à proclamer la sentence que les trois
accusateurs réclamaient: Socrate fut condamné à boire une coupe de cigue, un
poison mortel, alors qu'il avait plus de 70 ans. L'acte d'accusation et la
teneur des plaidoiries (Socrate s'est défendu lui-même) nous sont connus grâce
au récit qu'en a fait Platon, le plus célèbre des fidèles de Socrate. Il semble
que Socrate lui-même n'ait rien écrit, ce qui est assez normal s'il est vrai
qu'il ne savait rien!
Il fut accusé de s'être occupé un peu trop des jeunes gens à qui il posait
des questions, ce qui, dans le contexte de l'époque, n'était qu'un prétexte.
Voici le véritable récit de la
mort de Socrate.
Dans "chagrin d'école", Daniel Pennac cite l'un de ses professeurs, un de
ceux qui l'a tiré de la cancrerie, parlant à ses élèves
" vous croyez que vous ne savez rien, mais vous vous trompez, vous en savez
énormément ! Regarde , Pennacchioni, savais tu que tu savais cela ?"
8.
Le samedi 20 octobre 2007, 18:34 par le gardien
Par rapport au savoir il y a quatre catégories de gens : ceux qui ne savent
pas et qui ne savent pas qu'ils ne savent pas, ceux qui ne savent pas mais qui
savent qu'ils ne savent pas, ceux qui savent mais qui ne savent pas qu'ils
savent et enfin ceux qui savent et qui savent qu'ils savent.
Le Dictionnaire des mots rares et savoureux et la vie d'Alain Horvilleur seront le thème de l'émission ''Des Livres et vous' Présentée par Laetitia de Traversay
Le Jeudi 24 Avril 2015 à 11h45
Commentaires
Cet accoucheur d'idées paraît être le pédagogue "idéal"des temps modernes,pour peu que l'élève d'aujourd'hui soit capable de remettre en cause ses certitudes,de réfléchir à ses comportements.Mais cette remise à plat est rendue difficile par l'arrogance,le manichéïsme ambiant,l'assuétude,voire l'inertie intellectuelle.On sait bien que les modèles de pensée sont source de conditionnement.L'ironie socratique déstabilise,de sorte que le poseur de questions,l'éveilleur,est honni : il "dérange";ne va-t-on jusqu'à dire qu'il a l'esprit dérangé,parce qu'il apporte une dissonance et crée en nous cette béance peut-être insupportable,mais si féconde? Aujourd'hui,l'on se prétend llbre dans sa singularité, alors même que l'on aime à se rassurer en pratiquant le conformisme. Or,la conscience de soi ,de ses gestes,ne nous rabaisse pas,mais nous élève au rang si enviable de celui qui ne sait pas,mais qui demeure en cheminement,afin de ne pas laisser en friches la part précieuse enfouie en nous,que certains stéréotypes aliènent,blessent,ou trahissent.
Constat lucide Daniel, cela dit mieux-vaut aimer ce monde car il est la nécessité première pour se connaître soi-même.
Je n' en reste pas moins admiratif de la rhétorique...
C' est fou ce que ce jardin sécrète !
J'abonde dans le sens de Daniel, qui met le doigt là où ça fait mal : dans notre société, on ne cesse de nous "inviter" à la mobilité, au changement, mais en réalité les esprits sont figés, quelque chose ne suit pas, comme si le temps qui passe allait plus vite que le tempo.
Dans la pratique, nulle place pour le doute ou la remise en question (la vraie, celle du dedans, celle qui est sans délai et sans recette toute faite) : manifestez la moindre retenue dans vous affirmations, pour laisser une place au doute qui permet à soi d'évoluer et à l'autre d'apporter de l'eau au moulin, et vous passez au mieux pour un être vide (le vide, c'est mâââl : ça veut dire "sans" quelque chose, dans un monde de trop-plein), au pire pour un déséquilibré (et pourquoi pas dangereux).
L'enseignant accompagne ses élèves pour les aider à trouver le chemin vers une excellence technique peut-être supérieure à la sienne. Une fois dépassées les velléités de l'égo et des conventions sociales, c'est dans l'ordre des choses que l'élève dépasse parfois le maître. A chacun de reconnaître, en toute humilité, ses limites : se dire imparfait, c'est aussi se reconnaître perfectible, non ?
Modernité à n'importe quel prix, langue de bois, pensée unique, uniformisation sont les mamelles de la souffrance ...
Ca m'amène à donner un petit aperçu sur notre cher Socrate..
Citoyen d'Athènes, Socrate (470-399av.J.-C.) a passé sa vie à discuter avec tout un chacun sur la justice, l'amour, la connaissance, la vérité, le courage, etc. Il avait l'art d'amener son interlocuteur, par des questions habiles, à se contredire sur les sujets qu'il pensait le mieux connaître. Socrate se décrivait lui même comme un taon qui, en les harcelant sans cesse, empêchait ses concitoyens de s'endormir sur leurs fausses certitudes. Evidemment, à ce jeu, il ne s'est pas fait que des amis. On pense qu'il y a là un des motifs qui ont poussé Anytos le tanneur, Mélétos le poète et Lycon l'orateur à lui intenter un procès et les juges à proclamer la sentence que les trois accusateurs réclamaient: Socrate fut condamné à boire une coupe de cigue, un poison mortel, alors qu'il avait plus de 70 ans. L'acte d'accusation et la teneur des plaidoiries (Socrate s'est défendu lui-même) nous sont connus grâce au récit qu'en a fait Platon, le plus célèbre des fidèles de Socrate. Il semble que Socrate lui-même n'ait rien écrit, ce qui est assez normal s'il est vrai qu'il ne savait rien!
Il fut accusé de s'être occupé un peu trop des jeunes gens à qui il posait des questions, ce qui, dans le contexte de l'époque, n'était qu'un prétexte. Voici le véritable récit de la mort de Socrate.
Dans "chagrin d'école", Daniel Pennac cite l'un de ses professeurs, un de ceux qui l'a tiré de la cancrerie, parlant à ses élèves
" vous croyez que vous ne savez rien, mais vous vous trompez, vous en savez énormément ! Regarde , Pennacchioni, savais tu que tu savais cela ?"
Par rapport au savoir il y a quatre catégories de gens : ceux qui ne savent pas et qui ne savent pas qu'ils ne savent pas, ceux qui ne savent pas mais qui savent qu'ils ne savent pas, ceux qui savent mais qui ne savent pas qu'ils savent et enfin ceux qui savent et qui savent qu'ils savent.
il y a aussi ceux qui ont un doute, et c'est là que la nature humaine devient intéressante :-)
Entièrement d'accord. C'est ce qui fait que nous ne sommes pas des machines.