Les pinceaux du Maître
(photo du gardien)


Port Lligat. Pénétrer dans l'intimité du Maître, c'est apprendre en un éclair de silence à réduire la distance de soi à soi. Ici l'ego est mis a mal, surtout lorsqu'il entre en résonance avec l'écho de la salle ovale, ou quand la mer vous offre le privilège de se montrer nue à travers le cadre du temps.

"Notre maison", dit Dalí, "a grandi exactement comme une véritable structure biologique, par bourgeons cellulaires. Une nouvelle cellule, une chambre correspondait à chaque nouvel élan de notre vie."

Solitude et paix, fantaisie et miracle instruisent notre ciel intérieur. L'Univers s'entrouvre car les objets accumulés parlent le langage de l'éternité. Et voici l'atelier, le centre du labyrinthe, passage obligé de l'imaginaire. Le saint du saint, le royaume. Le lieu de toutes les instances, des dérives apocalyptiques et de la métamorphose du cygne en crime parfait, meurtre de la couleur sur la toile blanche et de la raison sous les assauts répétés de la lumière. C'est l'endroit où votre dépouille, ivre et muette, vous abandonne.

Que reste-t-il de ce supplice ? L'ombre du savoir et le savoir de l'ombre, en son espèce et son espace. Un voyage, une épreuve, une renaissance. En sortant de la casa Dalí  vous devenez, par surprise, l'artiste inspiré de vos illusions. Vous êtes plus dalinien que jamais ou perdu pour le plus grand nombre.


[Retrouvez ce billet dans L'Almanach 2009 du Garde-mots]

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biographie de Salvador Dalí.]