Le banquet des fraudeurs
Par le gardien le lundi 18 septembre 2006, 00:00 - Métamots - Lien permanent
Je ne cessais de la mettre en garde depuis très longtemps : "Méfiez-vous, les pommes sont traîtres, leur petite queue peut vous valoir de gros ennuis". Séant, nous nous dirigeâmes vers le restaurant de mon ami. Il y avait un grosse foire sur le quai de Ténès. Cela se traduisait par un trafic important. Heureusement, il y avait un gros feu rouge à l'entrée de Ténès. Le marchand de quatre-saisons gardait la queue des poires accrochées dans les suspensions, il remballa vivement ses figues au vu d'un jeune débitant qui faisait l'aumône.
L'épicurien que je suis se plaît à rechercher les sources du bonheur. Je goûtais donc une de ses jolies poires; elle avait un goût de terrine. Le poissonnier vantait sa marchandise; il hélait le chaland en prétendant que les morues faisaient honneur aux bancs de truites.
Nous arrivâmes enfin au restaurant. Mon ami cuisinier était en train de secouer les nouilles, il avait un canard sur le feu. Il demandait au sommelier un coup de vin pour son salmis. Il enrageait contre un mitron, en lui expliquant que dans la brandade de morue, le lard est superflu. Il était fort occupé, mais quand il découvrit notre présence, il vint nous saluer avec empressement. Son aide cuisinière, distraite par notre arrivée, finit par s'apercevoir que son mouton bouillait. Il nous héla, et s'écria :" Que diable, c'est dimanche, un coup de vin blanc !". " C'est à l'ami que j'offre mon vin", ajouta-t-il. Aline préférant le porto, il me dit "Passe lui donc aussi un peu de vin doux". J'aimais le goût de ce petit blanc.
Mon ami dut retourner à ses fourneaux, nous nous dirigeâmes vers la brasserie du restaurant. Qui n'est pas sensible à la beauté des frites? "Ces frites me bottent, elles sont bien belles" lança Sabine, en regardant avec envie de vieux messieurs bedonnant s'évertuant sur leurs frites. Quelles bonnes frites pour ces bedaines. Une petite fille s'amusait à biseauter les frites dans son assiette, une autre, au-dessous d'un banc suçotait ses frites. Un client au comptoir essayait maladroitement d'attraper une grande frite qui nageait dans son bock. Dans ce brouhaha assourdissant, le serveur nous parla d'un ton couvert. Nous comprîmes finalement qu'il n'y avait plus de place en brasserie. Que de fous dans ce comptoir !!!Heureusement, le restaurant offrait quelques tables libres bien situées. Cela nous permit d'apprécier l'admirable beauté de site. Nous consultâmes la carte, les plats de poissons n'étaient plus cuisinés, il y avait eu des rats dans le vivier. Dommage, ils étaient accompagnés de riz Condé !! Aline et Sabine s'éclipsèrent quelques instants pour retoucher leur maquillage ; le fard plaît aux dames. Je savais qu'elles se laisseraient peut-être tenter par des salades, les jeunes filles adorent les nids de verdure, qui sont de véritables cures du foie. Je me rendis compte que les viandes étaient assaisonnées de gélatine panée, et présentées avec dans des croûtes à pâté, ce qui ne me réjouissait guère. Sabine s'enthousiasmait pour une tine de pâté; et elle me proposait un morceau de veau de qualité contre sa croûte à pâté. Aline se demandait si elle n'allait pas opter pour une tranche dans le mou, tout en regardant les biscuits sur la table. Pour la taquiner, je lui proposais un petit jeu pour gagner son petit massepain. Sabine, qui avait contracté un léger rhume toussait en se mouchant. Je lui dis d'attraper la bouteille derrière elle : "Passe moi le rhum que je t'en brûle dans la cuillère, et avale ça vite et bien". Nous n'arrivions pas à nous décider pour un plat, la serveuse nous conseilla : "Si vous voulez que ces jeunes filles goûtent donnez leur des flancs". Devant tant d'incertitude, elle nous proposa : "Je vais vous faire faire des escalopes avec une belle salade !". Cette proposition recueillit l'agrément de tout le monde. Sabine, toutefois, toujours un peu indisposée, hésitait. La serveuse lui proposa un caneton à la russe. Finalement, elle se rangea à notre choix. J'étais heureux d'être dans ce restaurant, surtout quand je réalisais que je n'avais plus que des petits pois pour dîner.
Le repas se déroula sans heurts ; nous dînâmes royalement et terminâmes le dîner par un digestif sec. Les jeunes filles n'apprécient pas, en effet, le marc trop doux. Allez mes amis : cogitez sans haine !!!
Vyglov.
Le Garde-mots n'est pas un blog collectif mais quand Vyglov m'a proposé cette histoire j'ai tout de suite dit "oui". J'espère que vous avez apprécié la performance ... Auriez-vous lu ce texte au premier degré ? Dans ce cas, cliquez ici.
Commentaires
Jolie performance ; j'imprime et je garde pour mes longues soirées d'hiver...
"ce n'est pas le temps de passer sa soirée à bouder"
Merci de vos encouragements, et surtout ce qui me rejouit, c'est de voir que vous prenez les choses en riant. Je remercie le maitre des lieux de m'avoir donne un peu de son espace. Bien entendu, je donnerai toutes les indications possibles pour la resolution de ce texte, sans jamais bien evidemment donner la solution.
@dandylan: c'est assez rigolo d'ailleurs parce que je suis effectivement passe par l'ecole des Mines, mais j'ai decouvert que personne n'etait assez fort pour ce calcul.
Sans rien dévoiler (c'est à vous de faire le travail intellectuel nécessaire, amis visiteurs), je vous ferai remarquer que Vyglov écrit ce qu'il veut. C'est un garçon très pudique mais méfiez vous du moindre de ses commentaires. Exemple : "prendre les choses en riant", nous le faisons tous les jours dans la mesure de nos moyens, et cependant ...
Vyglov, j'ai à peu près repéré toutes les contrepèteries de ton texte, mais, appliquant à moi-même les recommandations de mon précédent commentaire, je viens juste de découvrir qu'il y en a une dans le titre !!!
J'avais trouvé celle du titre et celle de la fin ;-)). J'avoue que je suis loin d'être une spécialiste en la matière et que ce dernier commentaire me rassure... Combien de temps faut-il pour les trouver toutes ? ;-)))
"...mais j'ai decouvert que personne n'etait assez fort pour ce calcul." N'y en aurait-il pas une ici aussi, Vyglov ?
Oui... idem Eden... : O je pense qu'il va me falloir du temps et du silence aussi pour me plonger dans ce banquet hors du commun ^^ (là c'est impossible... suis tjrs au boulot...)...
Cher Horvilleur ! Ma stupeur est grande de voir à ma droite sur ton blog briller mon nom virtuel... cependant... la rubrique "sans mots" me laisse tout de meme perplexe... qu'est ce que cela signifie ? : )) Vois tu ... je dois avoir encore l'esprit mal placé car je vois là une note péjorative ^^ : O
Tiens ! voilà donc un mot qui serait interessant à déplucher non ? : ))))
Bises @++
@Xtine
Ca me rappelle ce film d'anthologie: "les tontons flingueurs" quand ils se retrouvent tous dansl a cuisine et qu'ils sont en train de boire un tord-boyaux infame. leur etat d'ebriete est deja fort avance, quand quelqu'un demande "y'a pas de la pomme", et l'autre repond "si y'en a aussi". Eh bien la y'en a aussi.
Quant au temps ? LA franchement je n'ai pas de reponse precise, mai si le maitre des lieux est d'accord on pourrait imaginer la publication de la solution a la fermeture de ce billet ? Au meitre des lieux de choisir ............
@Xtine
Ca me rappelle ce film d'anthologie: "les tontons flingueurs" quand ils se retrouvent tous dansl a cuisine et qu'ils sont en train de boire un tord-boyaux infame. leur etat d'ebriete est deja fort avance, quand quelqu'un demande "y'a pas de la pomme", et l'autre repond "si y'en a aussi". Eh bien la y'en a aussi.
Quant au temps ? LA franchement je n'ai pas de reponse precise, mai si le maitre des lieux est d'accord on pourrait imaginer la publication de la solution a la fermeture de ce billet ? Au maitre des lieux de choisir ............
55, c'est le nombre de pieges de ce recit cache. Je le repete cogitez sans haine avec moi !!!
Juliette, c'est pas que tu ne dise rien mais j'aime bien tes photos. Je n'y peux rien, c'est comme ça. Tu veux vraiment que je te fasse remonter jusqu'à Mots habités ?
Vyglov. Je ne suis pas d'accord pour afficher la solution, ce n'est pas conforme à la tradition. On pourrait éventuellement envisager de mettre en gras les lettres à changer de place, et encore dans un commentaire. Et même ça, je n'en ai pas vraiment envie. Je trouve tellement marrant l'idée que certaines contrepèteries nous échappent, à moi comme aux autres. Ça te démange vraiment de tout révéler ? Tu donnes le nombre, c'est déjà bien. Quant à la scène d'anthologie, je suis d'accord avec toi, nos commentaires l'évoquent particulièrement.
Nenni !!! On peut envisager quelques conseils !! Je vais y reflechir. Faire un jeu de piste serait la bonne idee, non ?
Tout à fait, mais pas plus de 10 %, soit 5 à 6 maximum. Ce n'est pas une question de place, juste un principe.
Non cher Horvilleur mdrr je ne pourrais hélas pas faire le poid ; ))) ça ira très bien comme ça : )) ravie que mes photos te parlent ; )))
J'en ai tous pleins sous l'coude... il me manque juste du temps ; ))
@++
Tout bien réfléchi, je suis en accord avec le gardien.
Le simple fait de connaître le nombre à trouver suffit à mon plaisir.
J'en ai trouvé quelques-unes. Sans doute la lecture épisodique du Canard Enchaîné.
mdrrr Eden... mais alors mdrrrrr : ))))
Salut Fred, Salut Patrick !!!
Outre le bien senti, derriere tous ces pseudos, je reste persuade que se cachent statistiquement un Fred et un Patrick.
Alors mes amis ? On progresse, ou toujours sous le joug de la reflexion, vos meninges vous obligent elles a cogitez avec haine avec votre serviteur ?
Pourquoi avec gêne ?
A propos de Patrick, quelqu'un a-t-il des nouvelles de Patdon ?
Patdon?... j'ai fouillé un peu partout ; il a sombré, semble-t-il, dans le naufrage de tooblog!
À tout cela je ne peux que contribuer avec, pour les bibliophiles:
Claude Gagnière:
Pour tout l'or des mots (Le français tel qu'on le pErle)
chez Robert Laffont.
PS Le billet concernant la contrepèterie, je dois ajouter que la librairie en question s'appelle: Le Verger des Muses.
L'aspirant a la resolution couronnee de succes de ce mysterieux texte est un parisien. en effet l'aspirant habit Javel. Qui l'eut cru ?
J'ai decouvert egalement que le grand theologien Luther n'a pas calcule en vain, pour notre plus grand bonheur !
.... ca aurait fait trop mal aux suisses !!
A chaque jour suffit sa peine...
J'y vais cahin-caha, baluchon sur l'épaule, et la fleur au fusil, en chantant "sang, ne veut rien dire" !
Vyglov, la contrepèterie que tu donnes au commentaire n° 29 fut la première que j'ai entendue quand j'étais gamin.
Le gardien est là car l'eveque ne veut pas laisser les paroissiens sans curé dans le village. ;-)
A droite ou à gauche ?
sans doute N°29 est bien connue mais certainement aussi une des plus deconcertantes.
Oui, elle n'est pas évidente.
Certes, mais il faudrait un "e" à l'habit!
(ne cherchez pas, ce n'est pas une contrepèterie... juste, peut-être, une mauvaise liaison.)
Récit très astucieux et j'adore Brueghel.
Je ne sais pas comment le maitre des lieux gere ses billets. Il est probable que la semaine prochaine on passe a autre chose. En tous cas, je tiens a le remercier de m'avoir acceuilli si gentiment avec cette petite production.
Dans le meme esprit, je lui soumettrai (par mail !) un petit texte oulipien qui, s'il le retient aura l'heur de vous rejouir. Amicalement.
Tient! il ne manque plus que 0.195 posts et on aura fait un marathon de post sur contrepetrie.
Je ne comprends pas "0.195 posts" ...
Un marathon ca fait 42.195 km !!! A 42 posts il en manque 0.195 pour faire un marathon des posts. :-)
On le pardonne Vyglov, "marathon" n'est encore pas entré dans la collection du garde mot ;-))) Mais quelle meilleure définition pourrait-il donner que la tienne ? Un pure marathonnien ? Ton blog attends toujours, je te le rappelle au passage ;-)
Cher ami, c'est prêt (et Vyglov ne le savait pas quand il m'a proposé son texte, d'ailleurs personne n'est au courant). J'ai fait une petite découverte assez amusante, il ne me manquait plus que cette connotation pour la qualifier : "le marathon du contrepet", bien que ce ne soit pas exactement ce dont tu parles. Je l'ai programmée pour le lundi 9 octobre. Je ne peux pas donner le titre ça vous mettrait sur la voie. En attendant, celles et ceux qui veulent donner libre cours à leur imagination, écrire ici ce dont il pourrait s'agir, sont les bienvenus. De mon côté, je peaufine ...
Gardemot ......... tu as excite notre curiosite, nouis allons donc vivre pendant 2 longues semaines les affres de l'attente impitoyable.
Cher maitre des lieu, connais-tu toi-meme, ou dans ton entourage des adeptes du lettrisme d'Isidore Isou ? Ce serait ssez sympa aussi de tordre les mots pour en extraire des suites de lettres. Je crois qu'il y a quelques jeux assez droles a faire.
Au dela du jeu, est il prevu peut etre un echange philosophique sur le langage (echanges sur le Tractatus Logico Philosophicus de Wittgenstein par exemple) ?
Bonne fin de WE et a bientot.
Isidore Isou, Wittgenstein ... Ce sont des noms que je connais, mais pour l'instant ça ne va pas plus loin. Pas le temps en ce moment de les étudier, mais je note.
Plus qu'un seul message et nous aurons autant de commentaires que de nombre de pièges ;-))
On dira que le ou la 55 ème à le choix dans la date ? ;-)) oupsss
Comme il se doit.
Ben elle est passee ou ma question papiers peints ?
Quelle question papiers peints ? Inconnue au Garde-mots.
Oh c'est tout bete!! ce week end j'avais quelques soucis de bricolage. Je refaisais un peu de papier peint et je me demandais s'il fallait encoller les murs ?
Vyglov : jamais sans parfaire.
Vous n'allez pas y croire !
Pour celles et ceux qui auraient encore un doute, le titre était déjà piège. Mais, alors le retrouver là. Je suis médusé.
Je garantis que le tout était de mon cru et que j'ai nullement copié.
Le banquet des fraudeurs, le tout de ton crû ... On ne va pas vous déranger plus longtemps.
@65: Euh ............. je peux reviser ma copie ? Dans l'urgence de vous faire profiter de cette deouverte, je me suis peut etre un peu emballe. Merci au maitre des lieux, peut-etre que le vase de Line va m'etre d'un grand secours, je ne l'espere pas.
C'est ta copie. Tu en fais ce que tu veux. Je rétablirai.
Mais non vyglov, cette idée de ton cru est très belle ;-))))
oui ca tetonne sec meme !! dit il en lui pincant rageusement le bout des seins et en riant sans retenue.
Alors ? Quelqu'un a t'il trouvé les 55 ?
Pas moi en tout cas. Disons que si quelqu'un l'affirme, j'enverrai ses solutions à Vyglov et, en cas de confirmation, je ferai un papier spécial sur cette personne et son blog.
Je n'en suis qu'à 44...
Bravo Kazo, un peu de patience et tu entreras dans le livre des records tu garde-mots. Tu comprendras lundi pourquoi je te dis ça.
Ce repas servi sans anis pur était-il au moins arrosé d'un vieux fût de kummel? J'ai reconnu l'enseigne de l'auberge du Congre Debout...