Conversation
Par le gardien le vendredi 2 février 2007, 00:00 - Gardimots - Lien permanent
Jacques Oudot.
Conversation.
Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche
Par le gardien le vendredi 2 février 2007, 00:00 - Gardimots - Lien permanent
Jacques Oudot.
Conversation.
Commentaires
L'art de la conversation ne consiste pas seulement à comprendre les mots de l'autre mais à saisir où il veut en venir, quelle est sa pensée. Son contexte mental en quelque sorte.
"Un ange passe",dit-on parfois,quand s'interrompt la chaîne des mots...Le malaise qui l'accompagne est troublant.Il faudrait au contraire accueillir cette grâce du silence,que n'ont encore corrompue ni les mets,ni les alcools,ni le bavardage assourdissant.La conversation se nourrit de pauses,comme la musique et la poésie,sinon elle trahit,quand son flux est intarissable,l'instabilité et la caducité.
Combien est substantiel ce que dégage le décor planté par le peintre! Que de rencontres indicibles pourraient advenir,si nous savions laisser place à l'interlocuteur invisible!
Le tableau de Jacques Oudot évoque bien cet "ange qui passe". Pour le saisir le peintre fait disparaître à nos yeux les participants, mais la conversation continue.
Il est parfois plus rapide et intéressant de laisser discuter les chaises ensemble.
conversation à bâtons rompus, c'est l'été, on entend le clapotis du Léman, chacun se laisse aller à regarder les étoiles, à se sentir bien tout petit face à l'océan sidéral et partage sa petite musique intérieure...
Il est une chaise à l'écart, comme dans les conversations, il en est toujours un plus réservé que les autres. Et curieusement, c'est souvent celui qu'on écoute le plus...
Il a plus de temps pour réfléchir et dire des choses justes ...
La conversation n'est-ce pas la vie ? Ces chaises vides portent tout le poids des personnes qu'on imagine être assises là. Comme des voitures garées dans un parking sont le reflet des personnes qui les conduisent et dont on sait qu'elles sont quelque part pas loin. C'est étonnant comme les objets sont parlants, sont révélateurs de présence et de vie dans le temps. Des maisons, des lumières allumées le soir, des balançoires vides dans un jardin, un barbecue sans personne autour, tout prend vie dans notre esprit lorsqu'on sait regarder et voir. Comme tu l'as deviné, le Gardien, ce tableau me plait énormément. ;-)
Comme une galette royale
On la coupe ou on la partage.
Nul ne peut ignorer le sage*
Vantant son intérêt social
Et mondain dans un dictionnaire.
Rien ne vaut cependant le double
Siège pour maîtriser le trouble
Amène du grand solitaire,
Timide, échangeant des paroles
Insensées avec une femme
osant lui dire, à moitié fol,
Nul ne saura, son état d'âme.
**W. Duckett
Acrostiche
j'espère, cher gardien, que vous avez appécié le travail ouvragé de cette chaise devenant siège tête bêche, et tout et tout...
j'attends avec impatience le prochain mot, celui de lundi. Mais peut-être seulement demain matin
Non, comme Le Monde, je publie la veille.
Auteur > William Duckett : sur Gallica, il y a pas mal de volumes... très moyennement lisibles mais avec le zoom ça va.
Les "commodités de la conversation", ainsi les précieuses de Molière nommaient-elles...... les fauteuils!
"Vite, voiturez-nous ici les commodités de la conversation." Molière, Les précieuses ridicules, Scène 9.
toujours eu du mal à m'imaginer un "parc" sans petits mots d'oiseaux, d'enfants et de murmures ... Sweet
Les murmures, les cris des oiseaux et ceux des enfants sont dans ce tableau. Il suffit de faire un peu de silence en soi pour les entendre.
La première impression que j'eus relativement à cette oeuvre est l'imprécision du graphisme : Les chaises représentées ici sont toutes plus ou moins bancales. A voir leurs pieds, je ne serais pas rassuré de m'asseoir dessus ! Pourtant, ces chaises étant la personnification des personnes en train de converser, tentent de nous dévoiler, par leurs étranges malformations, l'imperfection de l'homme à percer la pensée d'autrui lors d'une conversation ; du moins, c'est l'interprétation que j'en fais, car sinon à quoi bon déformer ces chaises ? Si l'artiste avait voulu mimer à la perfection ces objets, en ajoutant les ombres et les jeux de lumières, il n'avait qu'à faire un travail photographique. Dès lors il aurait rompu avec cette vision onirique des choses qui caractérise si bien l'ensemble de ses oeuvres ; bien entendu cela aurait été vraiment dommage !
D'autre part il est intéressant d'examiner ces chaises avec un peu plus d'insistance : elles sont en plastiques, par conséquent cela dénote la situation plutôt modeste de leurs propriétaires ; et de même, les chaises étant relativement éparpillées sur la terasse, sans pour autant perdre une certaine proximité, démontrent sans aucun doute une certaine décontraction de la conversation. Cela n'aurait pas eu le même effet si les chaises étaient toutes collées en cercle les unes aux autres, donnant un ton renfermé, hermétique, à la conversation. De cette façon, bien que le spectateur ait l'impression de se trouver en dehors de la discussion (en regardant cette peinture il se trouve effectivement en arrière des chaises), il sait qu'il peut, grâce à cette apparente ouverture, s'y infiltrer sans difficulté.
Que voilà une belle analyse. Il est vrai que parmi les tableaux d'Oudot ici rassemblés, celui-ci est un des plus parlants.