Les carottes sont cuites

Photo J-L Etienne

Dans le cadre de l'année polaire internationale 2007-2008 le docteur Jean-Louis Étienne ausculte la banquise du pôle Nord, au cœur de l'océan Arctique. Avec son équipe, il en sonde méthodiquement l'épaisseur afin d'établir les valeurs de références qui permettront, dans l'avenir, de savoir comment elle évolue. Dores et déjà, il est formel : le bilan de glace est négatif car des courants d'eau anormalement chauds et salés venant de l'Atlantique se déplacent sous les eaux polaires. La banquise a un rôle de miroir qui renvoie dans l’espace 80 % des rayons du soleil, donc repousse la chaleur. Or son albédo (pouvoir réfléchissant) diminue. De ce fait, l'eau accumule beaucoup plus de chaleur et fait fondre la glace.

Tout va très mal, madame la Banquise

Le réchauffement climatique peut s'observer à l'œil nu : l'embâcle est plus tardif (novembre au lieu d'octobre) et la débâcle plus précoce qu'autrefois ; les grandes étendues d'eau libre (les polynies) se multiplient ; l'été, le permafrost (zone éternellement gelée du sol ou du sous-sol) dégèle de telle sorte que les structures et infrastructures (maisons, routes) construites à sa surface se lézardent et menacent même de s’effondrer. Il y a 20 ans la banquise mesurait 3 mètres d'épaisseur. Elle n'en fait maintenant plus que 2, 20 à 2, 30 (par comparaison celle du pôle Sud à une épaisseur moyenne de 3 km). Conséquence : il y a beaucoup plus d'accidents de traîneau qu'autrefois et les pilotes d'hélicoptère ou de petits avions demandent systématiquement qu'on sonde l'épaisseur de la glace avant de se poser. La fonte de la banquise est un facteur de déstabilisation du climat. Si aucune mesure n'est prise, le chaos climatique sera tel qu'il n'y aura plus de banquise dès l'été 2060. Dans ce cas le niveau des océans monterait d’environ 7 mètres.

Embâcle /></p> <p style=

Image satellite de la banquise en septembre 1979



L'ours qui a vu l'homme qui a vu l'ours

Grands témoins du désastre annoncé : les ours blancs. On a découvert récemment un ours croisé de grizzli et d’ours polaire, ce qui signifie que leurs territoires se rapprochent. Dans leur graisse on trouve des pesticides, des résidus organochlorés, des métaux lourds. Si la banquise disparaît ils ne pourront plus chasser leur friandise préférée, les phoques et dans une centaine d'années ils auront disparu.

Embâcle

Le même image prise en septembre 2003


[Retrouvez ce billet dans
L'Almanach 2010 du Garde-mots
]