*
Il s’agit de la première photographie connue, prise en 1826 ou 1827. Plus exactement de la première héliographie (du grec helios, soleil et graphein, écrire), procédé d'obtention d'images grâce à l'action de la lumière inventé par Joseph Nicéphore Niépce (1765-1833) en 1822. Intitulée Point de vue pris de la fenêtre à Saint-Loup-de-Varennes, elle montre sa propriété, la Maison du Gras. Il utilisait une plaque d’étain recouverte de bitume de Judée, ou asphalte, sorte de goudron naturel tiré du sous-sol et qui durcit quand il est exposé à la lumière. Les Égyptiens s'en servaient pour embaumer les momies et les Phéniciens pour rendre étanche la coque de leurs bateaux. Niépce rinçait ensuite la plaque à l’huile de lavande afin de dissoudre les plages non impressionnées. L’exposition était de l’ordre de huit heures. En 1839 le terme en usage deviendra « photographie ».

Niépce avait eut l'idée de relier deux phénomènes connus séparément depuis longtemps : la formation d'une image dans la chambre noire et l'action de la lumière sur certains corps chimiques. Son génie est, principalement, d'avoir réussi à fixer le procédé. La camera obscura, ou chambre noire, étudiée en détail en 1515 par Léonard de Vinci, était connue depuis l’Antiquité. Il s’agit d’une boîte fermée, étanche à la lumière, dont une des faces est percée d'un tout petit trou, le sténopé. L'image inversée d'un objet éclairé placé à l'extérieur devant le trou se forme sur la paroi opposée. Elle n’avait servi, jusqu'à l'invention de la photographie, qu'à aider les peintres à repérer les perspectives. Canaletto, par exemple, utilisait ce moyen pour peindre ses vues de Venise. Par ailleurs, les alchimistes du Moyen Âge, savaient que le chlorure d'argent (qu'ils appelaient argent corné ou lune cornée) noircit à la lumière.

En 1827, Niépce rencontra Louis-Jacques-Mandé Daguerre (1787-1851). Leur association permit d’améliorer l'héliographie jusqu’à la faire évoluer (après la mort de Niépce) vers un nouveau procédé baptisé « daguerréotype ». Il s’agit d’une plaque de cuivre sur laquelle on couche de l'iodure d'argent. Après exposition de vingt à trente minutes, l'image positive est révélée par des vapeurs de mercure et stabilisée avec de l'hyposulfite de soude. Le procédé fut présenté par Arago à l'Académie des Sciences en 1839. En 1841 l’anglais William Talbot (1800-1877) mit au point un procédé d'impression sur papier d'un nombre illimité de copie à partir d'un négatif unique.

[Voir aussi Autochrome]