Pandémie
Par le gardien le vendredi 18 septembre 2009, 00:00 - Singumots - Lien permanent
Synonymes et mots voisins : anadémie (maladie contractée par plusieurs personnes, une toxi-infection alimentaire collective par exemple), contagion (transmission d’une maladie d’une personne à une autre), contamination (transmission d'un agent infectieux à un organisme vivant), endémie (maladie qui existe à l’état latent dans une région déterminée), épidémiologie (étude des maladies épidémiques, de leur mode de contagion et des moyens de les combattre), enzootie (maladie infectieuse qui sévit chez les animaux dans une zone précise), épiphytie (maladie qui atteint une grande quantité de plantes de même espèce, épizootie (épidémie qui frappe les animaux), état grippal (maladie qui a l’allure d’une grippe), grippe (maladie infectieuse due au virus Influenza, dont il existe plusieurs types, caractérisée par une atteinte des voies respiratoires ; du francique grip, griffe, croc), incubation (période comprise entre le moment de la contamination et l'apparition des premiers symptômes), influenza (synonyme ancien de grippe), morbidité (état de maladie), mutation (changement brusque du patrimoine génétique d’un être vivant), pandémique (qui a les caractéristiques d'une pandémie), panzootie (pandémie chez les animaux), prévalence (nombre de cas d’une maladie dans une population donnée), prévention (ensemble des mesures destinées à éviter une maladie), propagation (développement du nombre de cas d’une maladie), virulence (capacité d'un agent infectieux de se multiplier dans l'organisme et d'y provoquer un état pathologique sérieux), virus (micro-organisme rudimentaire capable d’infecter les cellules et de propager une affection).
Tout homme bien portant est un malade qui s'ignore.
Jules Romains, Knock ou le Triomphe de la Médecine.
Une quatrième remarque, hélas, est tout aussi nécessaire : à terme nous serons perdants. Ou nous perdrons la vie ou la société se perdra. Autrement dit, le scénario catastrophe est déjà en marche.
Imaginons que le virus soit vraiment méchant (ce qui reste à prouver). Attendons l’issue fatale en écoutant Mozart, et pas obligatoirement le Requiem. La grippe espagnole de 1918-1920 a fait 20 millions de morts, dont au moins deux célébrités, les deux messieurs ci-dessus, à gauche Edmond Rostand, à droite Guillaume Apollinaire. La société ne s’en est jamais complètement remise puisqu’on parle encore de cette pandémie et que le virus actuel en est dérivé.
Autre scénario : il ne se passe rien de grave. Du moins rien que du connu, le prélèvement habituel de la camarde, un peu plus peut-être car les spécialistes prévoient la co-existence de deux grippes. L’habituelle, dite grippe saisonnière (mortalité habituelle : 1 décès pour 1 000 cas dans les pays riches) et la nouvelle – nom de code A (H1N1). Celle-ci semble tuer peu de personnes, mais elles ont des profils auxquels on ne s'attendait pas.
Il ne se passera rien de grave sur le plan de la santé, mais on peut se demander quel sera le coût de l’effet d’annonce. De nombreuses personnes sans pathologie lourde mais qui auront ne serait-ce qu’un soupçon de grippe s’arrêteront de travailler, d'utiliser les transports en commun, d’aller au cinéma, de descendre chez le boulanger à l’heure du petit déjeuner, de faire un tour au marché le samedi matin, en un mot d'avoir une vie sociale et de faire tourner l’économie (diminution prévue du produit intérieur brut : entre 0, 7 et 1 %, selon les estimations). Qui va encore oser embrasser ses enfants, les envoyer à l'école, serrer la main de ses amis, dîner en famille, dire bonjour à ses voisins, prêter un livre ? Bientôt on votera masqué. Personne ne voudra plus parler à personne puisque le virus se propage par voie respiratoire. Mieux vaut, d'ailleurs, s’arrêter tout de suite de respirer. Après tout c’est le meilleur moyen d’empêcher la contagion.
La gravité sociale se marque aussi par la manière dont on qualifie la grippe. Depuis un siècle elle est prétexte à xénophobie. Pourquoi parler de grippe « espagnole », de grippe « asiatique », de grippe « de Hong-kong » ? Le lieu où elle prend naissance serait-il tabou ? Ce qui rassure c'est qu’elle vienne d’ailleurs. Vous me direz que les temps changent. Comme il n’est pas convenable d’être raciste, voilà que désormais on recrute la gent animale. Grippe « aviaire » est plus diplomatique que grippe « chinoise », grippe « porcine » moins antitouristique que grippe « mexicaine ». C’est le principe du bouc émissaire. Ça fait plus propre et ça dérange moins de monde. Tant pis pour les parcs ornithologiques et les charcutiers.
Autre danger, lié au fait qu’on annonce une grippe sévère. Les personnes fragiles sur le plan psychologique ont peur d’en mourir. De ce fait elles résisteront moins bien à la charge virale. C’est le mécanisme de la prophétie auto-réalisatrice. « Nous avions raison de dire que la grippe serait grave », diront les marchands de parano, « la preuve, elle est grave… » Oui, mais aurait-elle eu le même impact si elle n’avait pas été annoncée avec solennité et grand renfort de médias ?
Sans compter les problèmes liés au vaccin. On le fabrique à la hâte depuis quelque mois, en brûlant les étapes afin qu’il soit prêt mi-octobre, ce qui fait douter certains professeurs de médecine de sa pleine et entière sécurité. Aux USA les laboratoires producteurs de vaccin contre la grippe A (H1N1) et les organisateurs fédéraux de vaccination en masse ont depuis juin 2009 une immunité légale les garantissant contre tout recours juridique. Immunité contre immunité…
Mais je me trompe, la crise actuelle a également des retombées positives : expérimentation du cartable en ligne, économie dynamisée par une vente record de vaccins, de journaux, de mouchoirs à usage unique, de masques, de savons et autres antiseptiques, maîtrise vaccinale de l’absentéisme dans les entreprises. Et surtout, si nous ne nous mouchons pas du coude, nous allons renouer avec l’hygiène. Ce sensationnalisme sans frein va également faire du bien à la télévision et à ses annonceurs car les gens resteront chez eux plus longtemps… Le principe de précaution, tout a fait légitime, se distille lentement dans nos esprits car les gouvernements font tout ce qu'ils peuvent pour qu’on ne les prennent pas en grippe. Qui sait ? Le film catastrophe qu’ils sont en train de tourner est peut-être appelé à devenir culte...
Commentaires
C'est assez étrange que l'on ne parle plus des effets secondaires du vaccin contre l'hépatite B...
Parce qu'il n'y a que des cas isolés.
A propos de la prophétie auto-réalisatrice, en écoutant FranceInter un après midi pendant mes vacances, j'entendais un Professeur (dont j'ai oublié le nom dommage) qui tendait à relativiser ce point. Id est, les gens (selon lui) ne seraient pas autant tombées dans le piège de la sur-dangerosité d'une maladie hypothétiquement plus grave que la grippe saisonnière matraqué par des media à sensations.
Et que bien au contraire, ça avait redonné un peu de sens critique vis-a-vis des media à la population.
Maintenant, il y aura toujours des hypocondriaques (qui chercheront toujours a s'en protéger meme si ça n'est que chimère) et des inconscients (qui s'en ficheront toujours) que les medias exhiberont.
Je ne comprends pas.
Aurait-elle, la prophétie auto-réalisatrice, eu le même impact si elle n’avait pas été annoncée avec solennité et grand renfort de médias ?
La reponse a mon avis c´est : Pas du tout !!!! Ils, «les grandes prophets », ont inmunité contre…..l´inteligence ? l'honnêteté ? Je ne suis pas sure.
Nous, au Mexique, nous demandons quels étaient les motifs de notre gouvernement pour faire, ce qu'ils ont fait à notre pauvre pays: Ils ont paralizé l´economie, fermé les ecoles, les cinemas, les theatres, pendant que tout le monde ici se demandait où étaient les malades, où les morts ?
Nous nous demandons encore : Toutes les histoires qu'ils ont faites, ont-ils épargné des vies ? Etaient-ils vraiment necesaires ? Nous ne saurons jamais.
En tout case, je suis d´acord avec Jules Romains : « Tout homme bien portant est un malade qui s'ignore ».
Voilà un témoignage qui conforte l'idée générale de mon billet.
Les gens des pays riches ont droit à une information maximale qui créera panique ,déprime pour certain. Les journalistes annoncent le décès lié à cette grippe de personnes habitant l'autre bout du monde....Et tous cequi meurent de malnutrition, d'absence d'hygienne,
pauvreté...ceux-ci sont loin et...parfois trés prés de chez nous,les décès des milliers par jour. qui en parle
en ce moment? Et si les"remèdes" étaient pires que le mal?
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Vous avez-dit littérature ? Agrippa d'Aubigné ? Hum... on fait ce qu'on peut...
trêve de plaisanterie. Quand la campagne pour le vaccin bat son plein surtout dans les collèges et les lycées, faut-il résister et ne pas faire vacciner ses enfants?
c'est le moment de citer La Fontaine
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
nous avons fait progressé
la peste se soigne, pas la perte de l'amour.