Baise-moi-ma-mignonne
Par le gardien le vendredi 23 avril 2010, 00:00 - Singumots - Lien permanent
Surréalisme avant la lettre
Dans les années 1630 les marchands proposaient cinquante nuances et coloris de bas-de-chausses et de rubans. Agrippa d’Aubigné en a donné une liste : « Vin turquoise, orangé, feuille morte, isabelle, zizolin, couleur du roi, minime, triste-amie, ventre de biche ou de nonnain, amarante, nacarade, pensée, fleur de seigle, gris de lin, gris d’été, orangé pastel, céladon, astrée, face grattée, couleur de rat, fleur de pêcher, fleur mourante, vert naissant, vert gai, vert brun, vert gai, vert brun, vert de mer, vert de pré, vert de gris, merdoie, jaune paille, jaune doré, couleur de Judas, d’aurore, de serin, écarlate, rouge sang de bœuf, couleur d’eau, couleur d’Ormus, argentin, singe mourant, couleur d’ardoise, gris de ramier, gris perlé, bleu mourant, bleu de la fève, gris argenté, couleur de sel à dos, de veuve réjouie, de temps perdu, flammette de soufre, de la faveur, couleur de pain bis, couleur de constipé, singe envenimé, ris de guenon, trépassé revenu, Espagnol malade, Espagnol mourant, couleur de baise-moi-ma-mignonne, couleur de péché mortel, couleur de cristalline, couleur de bœuf enfumé, de jambon commun, de souci, de désirs amoureux, de racleur de cheminée. »
Petite collection de « Baise-moi-ma-mignonne »
Inutile de dire que la nuance de rose « baise-moi-ma-mignonne » raconte une
histoire, même à qui ne veut pas l'entendre. Elle a sans doute reçu ce nom à
cause d’un
poème de Ronsard :
Belle, par qui je donne
A mes yeux, tant d'émoi,
Baise-moi, ma mignonne,
Cent fois rebaise-moi :
Et quoi ? faut-il en vain
Languir dessus ton sein ?
Edmond Rostand reprend à son compte, dans Cyrano de
Bergerac, quelques couleurs contemporaines du véritable Cyrano
:
DEUXIEME MARQUIS
Les beaux rubans ! Quelle couleur, comte de Guiche ?
Baise-moi-ma-mignonne ou bien Ventre-de-biche ?
DE GUICHE
C'est couleur Espagnol malade.
PREMIER MARQUIS
La couleur
Ne ment pas, car bientôt, grâce à votre valeur,
L'Espagnol ira mal, dans les Flandres.
(Acte I, scène 3)
Commentaires
Quel éventail de termes pour colorer notre quotidien! Merci. J'aime aussi le rose défini par Colette: "couleur cuisse-de- nymphe-émue."
Hélas non. On en a une connaissance purement littéraire. Même le site Pourpre.com, pourtant si complet ne l'affiche pas. À moins que, comme c'est mentionné ici, quelqu'un ne complète un jour son information.
Gardien, hummm... 16 M de couleurs, un peu plus (,5?), sur mon ordi, avec mon ami Photoshop... Que de noms!
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Curieux car j'en inventais justement cette semaine avec des copains... Et sans doute existent-ils déjà ces noms, à tout le moins sur les charte de couleurs de peinture des magasins, qui en changent souvent! Nos esprits se seraient-ils rencontrés dans l'espace, sidérés?
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Quel billet fascinant, qui m'a permis de connaitre un petit extrait si actuel de La mort d'Agrippine de « véritable Cyrano ». Merci!
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Zed - Et une excellente fin de semaine, aux couleurs de la joie, et des plaisirs de la vie.
quel régal que de parcourir quelques lignes de bon matin sur votre site, gardien.
Et voici quelques couleurs qui éclatent sur mon écran !
Bonne journée à tous.
J'ai été voir vos photos, elles ne sont pas mal non plus... Surtout quand "les deux reines" deviennent "sujets".
Le désir se conjugue à l'impératif quand la vesprée et la Muse sont belles. Rubis du couchant, vertes galantises, lune opalescente sur le corps éjoui, mais noir frisson à l'orée du bois que l'ombre du temps offusque.
En faisant une recherche sur les vers de Cyrano que vous citez et qui me sont revenus en mémoire à l'occasion de la rédaction d' un compte-rendu sur le festival des jeux du théâtre de Sarlat ) j'ai découvert votre site que je trouve extrêmement intéressant.
Merci. Votre blog est également sympa.