Les noces d'or d'Éric-Emmanuel Schmitt
Par le gardien le dimanche 18 avril 2010, 00:00 - Gardimots - Lien permanent
À votre avis combien ai-je commis de fautes ?
Noces d'or
par Éric-Emmanuel Schmitt
De temps en temps, épuisé par elle, je zappe et j'emploie un mot anglais ou italien ; à d'autres moments, nos rapports m'escagassent tant que je la fais taire : je prends mon baladeur et je la remplace par Mozart, Chopin ou Debussy. En période de crise, je menace même de la quitter, et là, je ne me contente plus du seul cheval de Troie que représente un terme étranger dans ma phrase française, je la lâche totalement pour fréquenter la langue italienne ou allemande.
Mais c'est toujours moi qui reviens à elle. Avec elle, je m'exprime ; avec les autres langues, je communique. Si, sur mon mobile ou mon ordinateur, je lis et j'écris en anglais, je ne formule pas mes sentiments en anglais, je ne ressens pas le monde en anglais, je n'imagine pas des histoires en anglais. Pour être moi-même, je dois me lover dans la langue française, épouser ses nuances, faire confiance à ses variantes. Cette année, nous fêtons nos cinquante ans ensemble depuis ma naissance à Lyon en 1960. Si elle le consent, je suis prêt à m'engager pour un siècle.
Commentaires
Ah la la! ¦x
Alors là, on ne peut pas s'en sortir, Gardien! Si on te félicite et qu'ensuite on dit que tu as raison et qu'elle était facile, est-ce franchement beaucoup mieux que si on te dit qu'on est en désaccord, qu'elle était au contraire très ardue et que tu nous étonnes, et là, qu'est-ce que cela fait de nous, aussi? Et si nous sommes peu, que tu fréquentes des quantités négligeables, qu'est-ce que cela fait de toi?
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Bref nous sommes tous perdants dans cette histoire.
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Alors, je te dis « bravo » et tu l'appliques où tu veux bien, d'accord? ¦D ¦D ¦D Zed - Bonne semaine!
Il y a dans cette dictée quelques pièges, mais sincèrement, dans mon enfance, nous faisions des dictées de ce niveau. Peut-être est-elle difficile pour l'époque actuelle ? Rien à voir avec la dictée de Mérimée, dans laquelle j'aurais sûrement fait des fautes.
Un bien beau texte pour essayer un sans faute!
Même si pour certains ce fut réalisable( félicitations gardien des mots!)il faut bien reconnaître que cette langue française est complexe .Ce sont les courtisans avisés qui peuvent l'approcher sans trop d'embûches!
La langue universelle, c'est de l'idéalisme. Que je sache ni l'espéranto ni le volapük, n'ont, malgré de nombreuses années d'existence, réussi à enflammer les esprits. Rien d'étonnant à celà : « Au commencement était le verbe » n'est pas seulement le premier verset de la Genèse. C'est vrai aussi dans la vie. Les mots que nous entendons dans le ventre de notre mère, et encore plus après notre naissance, forgent notre identité. Personne ne saurait renoncer à sa langue maternelle sans renoncer à lui-même.
@ gardien: "Personne ne saurait renoncer à sa langue maternelle sans renoncer à lui-même." Et pourtant, songez à tous ceux qui l'abandonnèrent pour faire revivre l'hébreu....
J'entends bien, mais peut-on dire qu'ils parlaient leur langue maternelle, dont la définition est : "Première langue apprise inconsciemment par un sujet au contact de l'environnement familial immédiat" ?
Bien entendu, les Ashkenazes parlaient, suivant le pays où ils habitaient, allemand (dans les milieux aisés) ou russe, ou bien sûr le yiddish. C'était leur langue maternelle avant de venir en Palestine (je parle de la période avant 48).
Ouf, merci. Ce qu'il faut savoir, c'est que "de mon temps", il était naturel de faire zéro faute. La phrase favorite de mon instituteur de l'époque était : "Je suis breton, je suis têtu, vous y arriverez". Je n'ai jamais eu de bonnet d'âne, une fois ou deux un coup de règle sur le bout des doigts mis en bouquet, 200 fois la règle du parallélépipède rectangle à recopier et voilà le résultat quelques douzaines d'années plus tard.
Très belle le dictée de EE Schmitt et…. bien a vous Garde!
Je pense que, pour la plupart des gens, leur langue maternelle est la plus belle de tous les existants.
Les premiers mots, comme vous dites, sont ceux que nous entendons dans le ventre de notre mère, cela est, peut-être, ce qui nous permet de l'assumer comme nôtre.
Avec la langue maternelle on apprend la première chanson et c´est grâce elle que dans notre visage enfantin, le premier sourire se dessine.
Elle nous introduit dans l'aventure de penser. Une grande aventure qui dure toute la vie et qui nous permet d'apprendre, entre autres, d'autres langues.
Bien qu´on peut les aimer ( comme dans mon cas la langue de Moliere ou celle de Shakespeare) mais… la langue de Cervantes, ma langue maternelle sera tojours mon premier et plus grande amour.
N'est-ce pas commettre une "faute" que d'écrire "zéro fautes" ? Le pluriel ne commence-t-il pas à deux ?