Le Garde-mots

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dimanche 18 avril 2010

Les noces d'or d'Éric-Emmanuel Schmitt

Sous les lambris dorés de la mairie centrale de Lyon, j'ai participé le 19 mars à la dictée publique organisée à l'occasion du mois de la francophonie, et préparée par Éric-Emmanuel Schmitt, qui d'ailleurs était présent.

À votre avis combien ai-je commis de fautes ?

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lundi 7 décembre 2009

Oscar et la Dame Rose

La Dame Rose
Eric-Emmanuel Schmitt présentait jeudi en avant-première à Lyon, sa ville natale - il est très exactement originaire de Ste-Foy-lès-Lyon - son deuxième film, Oscar et la Dame Rose. Tout le monde a lu, lit ou lira le roman paru en 2002 sous ce titre, traduit en plus de 40 langues mais personne n’aurait imaginé qu’il  pouvait donner un bon scénario. Pas même l’auteur, sans doute, puisqu’il en a refusé les droits à de nombreux réalisateurs. Il a fini par se décider à le tourner lui-même et il a bien fait. Pourtant ce roman par lettres paraissait  inadaptable. Le théâtre s’en est emparé, certes, avec brio mais c’était, si on ose dire, facile. Il « suffisait » de mettre en scène le texte pour le faire fonctionner. Au cinéma les conventions sont différentes. Un film intimiste aurait échoué. Eric-Emmanuel Schmitt, tout en conservant la trame de l’histoire et l’essence des personnages, a conçu une nouvelle approche, donné du rythme et de la fantaisie, pris le parti de l'onirisme.  Le film est drôle, humaniste et regorge de trouvailles. On frémit pour l’auteur quand on songe aux risques qu’il a pris. Une chose est sûre, en tout cas, il n’y avait que lui qui pouvait se donner les libertés nécessaires et, comme il le dit lui-même « mettre en images  quelque chose que j’avais déjà mis en mots ».

Les comparatistes forcenés trouveront une parenté avec Fellini mais ce serait faire injure au réalisateur que de réduire son film à cette dimension, aussi flatteuse qu’elle soit. Il s’agit d’une œuvre originale où deux acteurs donnent le meilleur d’eux-mêmes. Michèle Laroque, dans son rôle de marchande de pizza reconvertie malgré elle en thérapeute, arrive encore à nous surprendre. Le rôle d’Oscar est tenu par Amir Ben Abdelmoumen, qui donne à son personnage une incroyable présence.

Oscar, dix ans, est beau, intelligent, généreux, perspicace, plein d’humour, philosophe. Il lui faut, pour mourir dignement, être initié aux mystères de la vie, et c’est la dame rose qui s’en charge. À la fin de l’histoire Oscar n’est pas celui qu’il aurait été sans leur rencontre, mais, de son côté, la dame rose n’aura jamais plus le même regard sur la vie.

Un des secrets du film est sans doute l’harmonie des impressions sensorielles, autrement dit la synesthésie. C’est dans ce contexte qu’il faut situer le court instant où la musique de Michel Legrand s’arrête, où le silence prend une valeur métaphorique. Il donne à entendre que la mort vient de saisir Oscar et notre émotion va bien au delà de la puissance de l'image.

On aime également découvrir comment E.E. Schmitt parvient à rendre le temps élastique. Il le ralentit et l’accélère à sa guise. Mes propos vous paraissent ésotériques ? Courez voir Oscar et la Dame Rose car le film demande à être vécu plus que raconté. À tel point qu’il n’est pas grave de vous dire qu’Oscar meurt à la fin. Le suspense est ailleurs. Je mentirais en affirmant qu’il est dans les cadrages, la saturation des couleurs, les très beaux clairs-obscurs, l’évolution des personnages, le rythme du montage, la musique : il est dans le fait de savoir comment tous ces paramètres vont évoluer jusqu'à la scène finale. « Je cherche des vibrations » déclare E.E. Schmitt après la projection. Il trouve les nôtres, nous libérant ainsi de notre inquiétude première. Quand on aime son œuvre on entre dans la salle obscure en se demandant si on ne va pas être déçu. On est surpris, à la sortie, d’avoir été ne serait-ce qu'effleuré par une telle pensée. Et l’on se dit que jamais Eric-Emmanuel Schmitt n’aurait eu ni l'imprudence ni l'audace de trahir ses lecteurs.

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