Excellence est l'équivalent du mot grec, arètè, que l'on traduit également par vertu. Qui dit vertu dit sagesse. En voici un bel exemple.

Arthur Rubinstein

Le pianiste polonais Arthur Rubinstein (1887-1982), dont la réputation était  plus que méritée, donna des concerts jusqu'à 90 ans. Dans les années 70 je l’ai vu, à la télévision, répondre aux questions de Bernard Gavoty, spécialiste, à l’époque de la musique classique. Après quelques minutes d'entretien, Gavoty, sans avoir l’air d’y toucher, demande à Rubinstein : « Ce serait bien, Maître si vous pouviez jouer un morceau pour nos spectateurs. Tiens, il y a justement un piano… » Rubinstein refuse poliment, puis, devant l’audace de son interlocuteur qui revient à la charge à plusieurs reprises, laisse tomber cette phrase définitive : « Monsieur, je donne des concerts, pas des échantillons ». Pour moi, c’est ça la vertu, l’excellence. Il n’était pas question pour lui de dilapider son talent pour le simple plaisir de faire de l’audience ou de vendre plus de disques. S’il n’avait pas été un virtuose, peut-être aurait-il cédé plus facilement à l’insistance de son interlocuteur.