Notre raison nous pousse à choisir l’arbitraire du signe. Si le langage était calqué sur la nature des choses elles n’auraient qu’un seul nom dans le monde entier et tous les êtres humains parleraient la même langue.

L’arbitraire du signe est certainement réducteur mais nous savons le dépasser. La vérité du langage ne réside pas dans les mots mais dans ce que nous en faisons. L’art du poète ne consiste-t-il par à créer de toute pièce un cratylisme artificiel et militant, tel celui de la langue des oiseaux ? À transcender le langage, qui constitue habituellement un découpage conceptuel de la réalité, pour en faire un système ouvert susceptible de réenchanter le monde ?  En ce sens le travail de Francis Ponge est un cratylisme inversé qui va de l’objet au mot qui le désigne.