Agonie
Par le gardien le mercredi 25 janvier 2006, 00:02 - Singumots - Lien permanent
Les derniers instants de la vie.
Leurs derniers mots
- Socrate (469—399 av. J.-C.). Criton, nous devons un coq à Asklépios. N’oublie pas d’acquitter cette dette.
- L'empereur Auguste (63 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.). Suis-je bon comédien ?
- Rabelais (1483-1584). Tirez le rideau. La farce est jouée.
- Aggripa d'Aubigné (1552-1630). Laissez-moi aller en paix, je veux goûter du pain céleste.
- Vaugelas (1585-1650). Je m'en vais ou je m'en vas... L'un et l'autre se dit ou se disent.
- Blaise Pascal (1623-1662). Que Dieu ne m'abandonne jamais !
- Louis XIV (1638-1715). J'espère vous revoir bientôt dans l'éternité [il s'adressait à Madame de Maintenon].
- Voltaire (1694-1778). Maman
Denis.
- Goethe (1749-1832). Plus de lumière.
- Napoléon 1er (1769-1821). Tête...Armée...Mon Dieu !
- Beethoven (1770-1827). N'est-ce pas, Hummel, que j'avais du talent ? Au Ciel, j'entendrai.
- Balzac (1799-1850). Bianchon ! Appelez Bianchon ! Lui seul me sauvera! [Bianchon est, dans La Comédie Humaine, le prototype du médecin].
- Victor Hugo (1802-1885). C'est ici le combat du jour et de la nuit [noter qu'il s'agit d'un alexandrin].
- Hector Berlioz (1803-1869). Enfin ! On va maintenant jouer ma musique !
- Chopin (1810-1849). Maintenant, je suis à la source du bonheur.
- Alfred de Musset (1810-1857). Dormir. Enfin je vais dormir !
- Giuseppe Verdi (1813-1901). Un bouton de plus, un bouton de moins [il était en train de boutonner sa veste à l'instant où il fut victime d'un accident vasculaire cérébral].
- Baudelaire (1821-1864). Non ! Crénom !
- Clemenceau (1841-1929). Pour mes obsèques, je ne veux que le strict nécessaire, c'est-à-dire moi.
- Auguste Renoir (1841-1919). Vite, des couleurs ! Rendez-moi ma palette.
- Céline (1894-1961). Je ne veux pas de piqûre, je veux crever tout seul.
Commentaires
Pourquoi ne pas enchaîner sur "epithaphe" pour un prochain mot ? Il en existe aussi des sympathiques...
J'adore Mallarmé, la beauté de ces vers du "Sonnet du cygne" :
"Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l'espace infligée à l'oiseau qui le nie
Mais non l'horreur du sol où le plumage est pris.
Fantôme qu'à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s'immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l'exil inutile le cygne."
"Agonie" n'est donc pas réservé aux derniers instants de vie quand ils sont douloureux, comme je le croyais? J'associais ce moment à l'idée de souffrance.
Il n'est pas de mort sans agonie.... hum. Qu'on se le dise!
"Il n'est pas de mort sans agonie..."
Euh... Ben si ! Non ?
Une mort foudroyante, fulgurante, instantanée, pendant le sommeil, dans un accident... Pas le temps pour l'agonie.
L'agonie, n'est-ce pas simplement la douleur insupportable quand elle s'étend sur une durée indéfinie ?
L'Agonie est en fait en terme grec une désignation du combat dans le sport de la lutte.
C'est aussi prit dans le sens d'Angoisse en terme biblique (nouveau testament)
mais cela résume bien je trouve notre vision occidentale des derniers instants avant la mort : on lutte de peur !
Lung ta explicite ma pensée d'hier et je l'en remercie : "on lutte de peur" en Occident, ne puis-je que répéter. Encore un signe que nous sommes bien loin de la Sagesse dans nos pays dits développés. Encore une affaire de spiritualité.
L'agonie peut-elle commencer avant "la fin" de sa vie ? La perspective de l'angoisse est assez intéressante, ce qui me fait poser la question, si l'angoisse de la mort commence avant la fin de sa vie, à partir du moment où l'on angoisse sur cette fin, est-ce déjà une fin en soi ?
Je crois que c'est dans le Coran : Lorsque tu nais, tu pleures alors que tout le monde rit. Conduis ta vie de façon à ce qu'au moment de ta mort, tu riras alors que tous pleureront.
J'avais lu cette citation dans le dernier livre de René Barjavel "Si j'étais Dieu".