Dans les commentaires du billet Dimanche, qui remplaçait le poème dominical du gardien, TracesÉcrites a déposé les vers suivants, intitulés Poésie hebdomadaire :

La poésie du lundi
Mardi je la lis
Mercredi je la dis
Jeudi je l'oublie
Vendredi je la crie
Samedi aussi
Dimanche j'en change

... avec ce commentaire : « De mémoire. Pardon à l'auteur d'avoir oublié son nom ... » D’où l’idée de ce billet.

Quels poèmes connaissez-vous par cœur ? Ou à peu près par cœur ? Disons des poèmes que vous n’auriez qu’à lire deux ou trois fois pour les dire correctement ?

Soyez sincère. Jouez le jeu ! Quelques fautes sont permises, mais pas la navigation dans les eaux profondes du réseau Internet.

Envoyez un vers ou deux, extraits de poèmes pour lesquels vous connaissez un peu plus que ces deux vers. Ajoutez le nom de l’auteur et éventuellement le titre du poème, sans vérifier, sinon nous ne sommes plus dans les faits de mémoire. Sachez également que je ne vérifierai pas vos envois. Remarquez que ces quelques règles vous amènent, certes, à exercer votre mémoire mais surtout à envoyer des vers que vous savez que vous savez !

Du fond de votre mémoire

  • Dandylan

    Pour l'enfant amoureux de cartes et d'estampes
    L'univers est égal à son vaste appétit
    Ah ! Que le monde est grand à la clarté des lampes
    Aux yeux du souvenir que le monde est petit ...
    (Le voyage, Baudelaire)

    Ô saisons ! Ô chateaux !
    Quelle âme est sans défaut !
    C'est la mer allée
    Avec le soleil...
    (Rimbaud)

    Bonjour Lundi !
    Comment va Mardi ?
    Et toi, Mercredi ?
    Nous irons jeudi
    Chercher Vendredi
    Pour aller samedi
    Dîner chez Dimanche ...
    (Anonyme)

    Hannibal, ayant joué
    Tout l'été
    Se trouva fort dépourvu
    Quand il eut un zéro
    En moyenne de compo ...
    (DandyFontaine)

    Il faut essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple ...
    (Jacques Prévert)

  • Faidit

    Borné par sa nature, infini dans ses voeux,
    L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux ...
    (Lamartine)

    J'aurais aimé, ma belle,
    T'écrire une chanson
    Sur cette mélodie,
    Rencontrée une nuit
    J'aurais aimé, ma belle,
    Rien qu'au point d'Alençon ...
    (Jacques Brel, Chanson sans parole)

  • Gaspard de la nuit
  • O temps ! Suspend ton vol ...
    (Lamartine)

    O rage ! O desespoir ! O vieillesse ennemie !
    N'ai je donc tant vécu que pour cette infamie ? ...
    (Corneille, Le Cid)

    S'il est vrai que l'on écrit
    Sur le coup de l'inspiration,
    il y a des gens à qui les coups ne font rien ...
    (Boris Vian ?)

    Le Démon, dans ma chambre haute,
    Ce matin est venu me voir
    Et, tachant à me prendre en faute,
    Me dit : J'aimerais bien savoir ...
    (Baudelaire)

    Et là, tout n'était qu'ordre et beauté,
    luxe, calme et volupté ...
    (Baudelaire, L'invitation au voyage)

    Homme libre, toujours tu chériras la mer ...
    (Baudelaire, L'homme et la mer)

    C'est pas l'homme qui prend la mer...
    (Renaud Sechan)

    Rita, donne moi ton coeur
    Rita, donne moi ta main
    Rita, donne moi ta sœur ...
    (Renaud Sechan, Rita)

    Les épines, c'est de la pure méchanceté de la part des fleurs. Je ne te crois pas. (Saint-Exupery, Le Petit Prince).

    ... Le chanteur suspendu à un vol d'oiseaux noirs. (Joë Bousquet)

    Et puis y a Frieda
    Qu'est belle comme un soleil
    Et qui m'aime pareil
    Que moi j'aime Frieda ! ...
    (Brel)

    Les bourgeois
    C'est comme les cochons,
    Plus ça devient vieux,
    Plus ça devient ...
    (Brel)

  • Joël

    J'aime le son du cor le soir au fond des bois
    (Vigny)

    La cigale ayant chanté tous l'été
    Se trouva fort dépourvue
    Quand l'automne fut venu ...
    (La Fontaine)

    Un jour, sur ses longs pattes, allait on ne sait où,
    Un héron au long bec emmanché d'un long cou...
    (La Fontaine)

    Je voudrais pas crever avant d'avoir connu les chiens noirs du Mexique qui dorment sans rêver, les singes nus dévoreurs de tropiques ...
    (Boris Vian)

    Oui, j’ai cru que j’avais un but, monsieur Brul… et je n’avais rien… J’avançais dans un couloir sans commencement, sans fin, à la remorque d’imbéciles, précédant d’autres imbéciles. On roule la vie dans des peaux d’ânes. Comme on met dans des cachets les poudres amères, pour vous les faire avaler sans peine… mais voyez-vous, monsieur Brul, je sais maintenant que j’aurais aimé le goût de la vie ... (Boris Vian)

    Dans le quartier Hohenzollern
    Entre La Sarre et les casernes
    Comme les fleurs de la luzerne
    Fleurissaient les seins de Lola
    Elle avait un cœur d'hirondelle
    Sur le canapé du bordel
    Je venais m'allonger près d'elle
    Dans les hoquets du pianola ...
    (Aragon)

  • Joye [le gardien retranscrit les vers tels qu'ils les a reçus]

    "Il pleut dans mon coeur comme il pleut sur la ville
    Quelle est cette longueur [sic] qui pénètre [dans] mon coeur ?...
    (Verlaine)

    Le cochon blond
    Aime le jambon
    Il l'aime jusqu'à
    L'indigestion ...
    (Lise Duharme)

    Trois allumettes une à une dans la nuit ...
    (Prévert)

    Il a mis le café dans la tasse
    Il a mis le lait dans la tasse de café
    Il a mis le sucre dans le café au lait
    Avec la petite cuillère il a tourné [...]
    Et moi, j'ai pris ma tête dans mes mains
    Et j'ai pleuré
    (Prévert)

    La mère fait du tricot
    Le fils fait la guerre
    Ils trouvent ça tout naturel ...
    (Prévert)

    Il, il, il, il, toujours il qui neige et qui pleut" ...
    (Prévert)

    Mignonne, allons voir si la rose
    A déjà ses robes de pourpre décloses ...
    (Ronsard)

    Ronsard me célébrait
    Du temps que j'étais jeune ...
    (Ronsard)

    Notre père qui est aux cieux
    Restez-y ...
    (Apollinaire, je pense)

    Liberté, j'écris ton nom ...
    (Eluard)

    Marye de France
    Sy suys de nom ...
    (devinez de qui)

    Baise-moi encor ...
    (Louise Labé)

  • Kazo

    Le ciel est, par dessus le toit
    Si bleu, si calme
    Un arbre, par dessus le toit
    Berce sa palme ...
    (Verlaine)

    C'est un trou de verdure où chante une rivière,
    Accrochant follement aux herbes des haillons
    D'argent ...
    (Rimbaud, Le dormeur du val)

    Mon enfant, ma sœur
    Songe à la douceur
    D'aller là-bas vivre ensemble ...
    (Verlaine - invitation au voyage) [sic, le gardien]

    Je veux dédier ce poème
    A toutes les femmes qu'on aime ...
    ( ? - Les passantes -chanté par Brassens)

    Ma femme est morte, je suis libre.
    Je puis donc boire tout mon soûl
    Lorsque je rentrais sans un sou
    Ses cris me déchiraient la fibre ...
    (Baudelaire)

    Mur ville
    Et port
    Asile
    De mort
    Mer grise
    Où brise
    La brise
    Tout dort ...
    (Hugo)

  • Monsieur le président

    Monsieur le président
    Je viens de recevoir mes papiers militaires
    Pour aller à la guerre
    Avant mercredi soir

    Monsieur le président
    Je ne veux pas la faire
    Je ne suis pas sur terre
    Pour tuer des pauvres gens
    (Boris Vian)

  • Mum

    A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles ...
    (Arthur Rimbaud)

  • TracesÉcrites

    La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres ...
    (Mallarmé)

    Qu'aimes-tu donc le mieux, homme énigmatique, dis.
    Ton père? Ta mère? Ta sœur ou ton frère? ...
    (L'étranger, Baudelaire)

    Arrête ta mémoire, personne ne viendra te voir ...
    (Pierre Reverdy)

    Salut à celui qui marche
    A mes côtés
    Au terme du poème.
    Il passera
    Demain
    Debout
    Sous le vent ...
    (René Char)

    J'y gagne. A cause de la couleur des blés ... (Le petit prince - Saint-Exupery).

    Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
    De venir dans ma chambre un peu chaque matin ...
    (Hugo)

    Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
    D'une femme inconnue et que j'aime et qui m'aime
    Et qui n'est chaque fois ni tout à fait la même
    Ni tout à fait une autre...
    (Verlaine)

    Ma femme aux épaules de champagne ...
    (André Breton)

    Enfant je ne savais pas lire
    Maman était ma bibliothèque
    Je lisais maman ...
    (Poésie chinoise)

    Si tu crois xa va xa va xa va
    Durer toujours
    La saison des za,
    Saison des za
    Saison des amours
    Ce que tu te goures
    Fillette, fillette
    Ce que tu te goures ...
    (Raymond Queneau)

  • Le gardien

    Maître corbeau sur un arbre perché ...
    (La Fontaine)

    Lorsqu'avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
    Caïn se fut enfui de devant Jéovah ...
    (La conscience, Victor Hugo)

    Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal ...
    (Hérédia)

    Comme je descendais des fleuves impassibles ...
    (Le bateau ivre, Rimbaud)

    Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé ...
    (El Desdichado, Nerval)

    Les sanglots longs
    Des violons
    De l'automne
    (Verlaine)

    De la musique avant toute chose
    Et pour cela préfère l'impair ...
    (Verlaine)

    Sans bruit sur le miroir des lacs profonds et calmes,
    Le cygne chasse l'onde avec ses larges palmes
    Et glisse ...
    (Sully-Prudhomme)

    [Retrouvez ce billet dans
    L'Almanach 2010 du Garde-mots
    ]