Percept
Par le gardien le mercredi 22 février 2006, 00:00 - Singumots - Lien permanent
conceptque de
perceptalors que nous avons plus besoin d'appréhender le monde que de le concevoir.
Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche
Par le gardien le mercredi 22 février 2006, 00:00 - Singumots - Lien permanent
conceptque de
perceptalors que nous avons plus besoin d'appréhender le monde que de le concevoir.
Commentaires
Ca me rappelle pas mal de débats... La réalité existe-t'elle ? La perçoit on, la concevons-nous ? Un mélange des deux ?
Sans parler des nuances dans les connotations de "conception" par rapport à "perception". De tout pour en faire un article de foi... Pour un anglophone, c'est curieux que pour tous ces mots qui se terminent en "-ception" en français : acception, aperception, conception, contraception, déception, exception, interception, intussusception (youps !), perception, préconception et réception, il n'existe que les "raccourcis" de "concept", "percept" et "précepte"? (même pas d'incercept/e ? mais que font les matheux ?)
et encore "précepte"
Permettez moi de faire le lien avec les mathématiques...
Deux visions "s'affrontent".
Les mathématiques sont ils une science inventée ("conçue") par l'homme pour modéliser la nature ("concept") ou font ils parti de la nature et correspond à ce qu'on en perçoit ("percept").
Les maths, invention ou découverte? Vision socratique ou platonnicienne?
Que de belles questions, perceptions, intuitions, mes trois amis. Sans la beauté du monde elles ne seraient sans doute pas nées sous vos doigts. Je sais, cette réflexion est naïve, mais l'effet papillon existe à coup sûr sur Internet. Je viens de commencer. Qui continue ?
Je pense que la poésie est souvent préférable à la rigueur des maths quoique vous en pensiez
S'il faut choisir, je fais le même choix. Cependant il y a une mathématique de haut niveau, épurée, qui confine à la philosophie, à la poésie et peut-être même à l'initiation. C'est en tout cas ce dont on a l'intuition, sans rien y connaître, lorsqu'on considère l'expérience pythagoricienne.
Des mathématiques à la philosophie il n'y a qu'un pas que notre société moderne nous empêche de franchir.
Beaucoup des premiers grands mathématiciens étaient aussi des philosophes.
Rappellez-vous Duchamps qui offre un livre d'arithmétique à sa soeur pour son mariage. Il lui dit de l'accrocher à sa fenêtre pour que le vent lui lise...
D'accord, c'est de l'art conceptuel mais c'est le précept inhérent pour rendre les maths poétiques...
Pouvez vous donner un exemple de "percept" et de "concept" correspondant, afin d'en faire ressortir la différence ?
Merci
CTH
D'accord. Vous êtes devant votre ordinateur en ce moment ? Ce que vous voyez grâce à votre cerveau est un percept, c'est-à-dire une image représentant l'objet précis qui est devant vous. Si maintenant nous nous mettons à parler des ordinateurs en général et de leur grand intérêt puisqu'ils permettent de consulter le garde-mots, alors notre cerveau élabore un concept, c'est-à-dire l'idée générale d'ordinateur.
En fait, dans l'informatique on appelle-ca "classe" et "instance".
Une "classe" c'est un ensemble d'objets de même nature (la voiture en général)
Une "instance" c'est un objet particulier (ma Mercedes).
Alors, est-ce que ce n'est pas une erreur d'assimiler un objet "perçu par nos sens" et un objet particulier ?
En toute logique, on pourrait, dans l'absolu, concevoir des "objets particuliers" qui ne soient pas donnés directement à percevoir. Par exemple: "le virus qui m'a infecté l'autre jour".
Est-ce que les deux notions se recoupent bien ?
G. Deleuze, que je n'arrive pas à lire, dit que les percepts sont élaborés par les artistes. Je comprend par là qu'il veut dire "objet offert à la perception".
Excusez moi d'insister, mais j'ai beaucoup de mal avec la philo. Je ne suis d'accord avec rien. J'essaie à chaque phrase de trouver des exemples concrets.
Merci pour votre patience. CTH.
"J'ai beaucoup de mal avec la philo"... c'est là tout le problème. Vous tentez d'analyser les positions philosophiques avec un raisonnement de type informatique - oui ou non, zéro ou un -. Le paradigme philosophique n'est pas celui de l'organisation purement matérielle des objets. Si vous préférez : il vous faudrait appliquer des filtres différents, ne pas essayer, à tout prix, de réduire une approche par l'autre, en un mot admettre qu'on ne peut pas tout saisir par l'esprit, surtout en un seul mouvement de la réflexion. Imaginez une scène de théâtre où tout est dans l'ombre. Le décor est présent, les personnages sont en place mais le spectateur ne voit rien. Voici que les projecteurs accrochent une partie de la scène, s'éteignent, puis éclairent une autre partie. L'événement qui se déroule sur scène est le même, et pourtant on peut le voir, le sentir, l'expliquer différemment. L' "objet offert à la perception" (je n'ai pas lu Deleuze), c'est peut-être la subjectivité en marche alors que vous recherchez l'objectivité immobile et absolue.
L'information se limite peut-être aux zéros et aux uns, mais pas l'informatique ! Si l'on admet que mathématiques et philosophie ont étés liés de tous temps, et que l'on sait que l'informatique découle en grande partie des mathématiques, il paraît inévitable d'accepter que l'informatique et la philosophie sont fortement liés.
Ceci se ressent constamment (de l'avis du développeur que je suis) lors de la modélisation d'un programme. Les questions telles que "Qu'est-ce qu'un fichier ? Qu'est-ce qu'un utilisateur ?" trouvent souvent des réponses qui dépassent le domaine informatique.
C'est cette modélisation qui permet d'ailleurs... de passer du concept au percept !
Merci pour ce témoignage… Ça fait tout à fait sens.
Bonjour, je découvre aujourd'hui ce site ma foi fort sympathique. Je suis dessinateur et m'intéresse actuellement au concept de percept (quel embrouillamini !) et je serai ravi d'en discuter avec qui le voudra.
Je suis par contre très étonné de cette guerre des tranchées entre pro-percepts et pro-concepts. Pour être dans la logique de Deleuze, percepts, concepts et affects forment une triade, ce sont des entités interdépendantes. De plus, toujours selon lui, il n'y a pas de différence de valeur intrinsèque entre celles-ci, même si pour sa part (et pour la mienne) il y a un intérêt plus prononcé pour les percepts.
Si on en revient à la définition "brute" de percept, on comprend tout de suite que le débat est mal situé : le percept n'a rien a voir avec la connaissance, par définition il lui échappe. On ne peut connaître un percept, seulement en faire l'expérience, pour la simple et bonne raison qu'il n'est pas affaire d'identité (rappelons-nous : un percept est un ensemble de relation, de perceptions qui survivent à leur auteur). Cette distinction n'a rien d'abstrait ni de métaphysique, mais plutôt métalogique puisque par définition le percept est quelque chose d'extérieur au langage discursif. Si un percept est poétique, c'est qu'il est une brèche, un inattendu, un inouï dans l'ordre de la connaissance (et par la même être un point de départ pour la recherche). Et là, il y a un vrai problème : peut on dire, comme certains l'ont fait, que "ma Mercedes" est un percept du concept "voiture" ? je ne crois pas, car dire "ma Mercedes" c'est témoigner déjà d'une abstraction.
A vrai dire, on ne peut techniquement pas parler d'un percept, car ce faisant on fait œuvre d'abstraction linguistique, on vise un objet transcendant. Tout de même, dans ce cas, pour vous donner une idée le percept "ma Mercedes" serait plutôt l'ensemble des photons qui frappent votre rétine lorsque vous regardez celle-ci, les odeurs, les sons, etc... la différence profonde du percept et du concept, c'est que le concept est "portatif", traductible, et c'est ce qui nous permet de communiquer en ce moment même. Un percept quand à lui ne peut être séparé de son support, ou plutôt il n'est rien d'autre que son support. exemple : entre la Mercedes et une photo de la Mercedes, l'objet ou concept visé est le même (la voiture), le percept est tout à fait différent (qui a jamais cru qu'il y avait vraiment une voiture sur cette photo? ce n'est qu'une photo, avec son cadrage, ses couleurs..) C'est là qu'on en arrive à l'œuvre d'art, qui a bel et bien à voir avec les percepts (précision : l'art conceptuel est pour moi plus proche de la philosophie, en tant qu'il traite de concepts). En effet, et c'est là à mon avis la raison du clivage public/artistes qui existe depuis trèèèèèèèèès longtemps, c'est que le public tend à chercher ce que l'artiste veut communiquer, ce que l'œuvre représente, bref, son concept (qui peut ou non avoir un intérêt), la ou il y a surtout des percepts à expérimenter. Exemple simple : il y a bien sur un concept sous les toiles impressionnistes, quelque chose de représenté, mais pour être provoquant, on n'en a rien à secouer. Le véritable intérêt de ces toiles, c'est l'expérience visuelle que leur conformation procure et continuera de provoquer encore longtemps :" alors, c'est possible de voir le monde comme ça!", "mais qu'est-ce que c'est que ce bleu à côté du vert pâle?" "mais qu'est-ce que c'est que le bleu tout court ?"
Bon, voilà pour ce post un peu longuet. j'espère que je vous aurais fait un peu partager mon enthousiasme !
Oui, ça me va. Le concept est une instrumentalisation du percept et l'affect une réaction humaine qui lui donne de l'épaisseur.