Aliénation
Par le gardien le vendredi 9 juin 2006, 00:00 - Singumots
- Lien permanent
Trouble mental qui fait perdre à quelqu'un la
maîtrise de ses facultés. Synonymes : dérangement, égarement d'esprit, folie,
maladie mentale. C'était, autrefois, le terme consacré pour qualifier les fous.
Actuellement il n'a plus qu'une connotation juridique et administrative. Il
s'emploie dans le cas où des mesures d'internement, de protection ou
d'assistance s'imposent. Du latin alienus, étranger, ce qui suggère
que l'aliéné est étranger à lui-même.
On plaçait autrefois les personnes qui avaient
perdu l'esprit dans un "asile d'aliénés" (notre "hôpital psychiatrique"). C'est
ce qui arriva à Donatien-Alphonse-François de Sade (1740-1814), dit le
divin marquis, qui y fut enfermé malgré lui. Après avoir mené une vie
libertine et publié des livres à la teneur contestée (même si on reconnaît
aujourd'hui qu'ils appartiennent à la littérature), il fut jeté dans diverses
prisons, dont la Bastille, pour avoir distribué à quatre prostituées, lors
d'une orgie, des dragées aphrodisiaques qui avaient rendu malade l'une d'entre
elles. En 1801, sans jugement, il fut enfermé dans l'asile de Charenton. Il y
mourut le 1er décembre 1814 sans jamais avoir pu retrouver la liberté ni
prouver qu'il était sain d'esprit.
[Daloway a demandé ce mot
qui dérange]
Commentaires
A force de nous répéter que je est un autre, on en oublierait presque que l'autre c'est pas moi. Jeu de mots (moyen, du reste) mis à part, je ne sais pourquoi, Garde, mais ta définition ne me satisfait pas pleinement. Je crois que c'est cette notion de "perdre (...) la maîtrise de ses facultés" qui me heurte, dans la mesure où le déséquilibre mental semble parfois, chez certains, démultiplier les forces ou encore ce que j'appellerais l'intelligence de la cruauté. Et puis à partir de quel degré ou stade parle-t-on d'aliénation ? Puisque "le fou se croit sage et le sage se reconnaît fou" (dixit Shakespeare et sûrement plein d'autres qui ne sont pas lui) ?
Tout dépend de quelle folie on parle : la folie dalinienne et chevaleresque (je veux dire du Facteur Cheval), ou de la folie au sens médical du terme ? C'est cette dernière qui est définie ci-dessus.
Alors là, Dan, je sui complètement d'accord avec toi. Hittler et ses comparses n'étaient-ils pas des fous dangereux ? Mais comme tu le dis, l'ambiance était folle ...
Il y a aussi une forte connotation "salariale", non ?
L'homme dépossédé des moyens de production, par l'automate et tout le tintouin...
bonne fin de semaine !
J'ai pas bien compris, Dolgo
"le fou est étranger à lui même".
Je rejoins un peu dandylan
le fou ne serait il pas également étranger (et étrange) aux autres. le folie serait alors qu'un simple écart par rapport à la norme. cet écart étant plus ou moins grand selon les périodes, les civilisations, les classes sociales , l'âge de la personne et aussi pour certains comme le marquis de sade ou le "compte" de maupassant le niveau de testostérone ...
notez également que le vent, certains alcools, votre patron, un algorythme ou même une femme (quelle drôle d'association va penser ségogo tandis que les éléphants barissent impuissants) peuvent rendre fou
Eh bien, vous vous lâchez tous. C'est bien. Foth, n'oublie pas le chocolat Lanvin.
Et bien Faidit, je faisais allusion aux théories marxiennes (marxistes?)
"Aliénation" est (prioritairement selon moi) un terme à rattacher à Marx... Tu n'en parle d'ailleurs pas, Garde !
extrait encyclopédique : (wikipédia)
Aliénation dans le marxisme
Voir: La pensée de Karl Marx
L'aliénation du travail est également une thématique importante chez Karl Marx : dans le monde capitaliste, le travailleur vend sa force de travail. La finalité de son travail lui échappe complètement. En ce sens, le travail humain étant assimilable à celui de la machine, le risque est grand pour que le gestionnaire de la production considère l'homme comme un rouage parmi d'autres, comme une pièce interchangeable. En conséquence, il s'instaure un climat aliénant lorsqu'une activité humaine est dépossédée de sa finalité immédiate et que l'individu n'agit que sous les impératifs de lois (économiques) qui échappent à sa compréhension.
Depuis le début de ce carnet de notes je ne donne qu'une définition par mot, celle qui me permet d'introduire la deuxième partie du billet. Je n'ai pas lu Marx ni le livre que Jacques Attali lui a consacré.
garde, pour une fois je vais te conseiller. Une pièce de howard zinn qui s'intitule "marx le retour". Imaginez marx avec une permission d'une heure accordée par le ciel. Marx revient donc sur terre et observe si ses prévisions étaient les bonnes. Il nous parle de son époque, de la notre, de sa vie à londres, de l'une de ses filles, etc
peut etre ensuite auras tu envie de découvrir le "vrai" marx
a lire vraiment
Noté. je le lirai cet été. Merci.
Moi aussi je note. C'est fou tout ce qu'on apprend en ces lieux!
Notre inaptitude à nous bien connaître,à nous approprier les terres que nous laissons en jachère,ne constitue-t-elle pas une forme d'aliénation? Notre voix , notre image au miroir ou surprise dans le regard d'autrui,et cette ombre servile que découpent au sol les contours de notre corps habité,nous savons bien que tout cela est simulacre,dédoublement,voire hallucination.Nous voudrions saisir dans leur incandescence et la vie qui est là,et la vérité sur nous-même,et ce temps qui s'écoule ,nous transformant à chaque instant en un autre; de sorte que,la société ,aliénante,elle aussi,pour les multiples raisons qui ont été exposées ce jour,nous attribue une "identite",formelle et codifiée,attestant l'existence extérieure de notre"moi" ,sa permanence illusoire,une sorte de biographie administrative...
Le but de l'écriture serait alors de puiser dans le langage suffisamment d'incantation,pour que jaillisse enfin la liberté de créer,de dépasser les limites que le poids des habitudes servant notre confort,donc nous asservissant davantage, a fini par nous imposer,à cause,principalement, de nos secrètes abdications mentales.
Mettons la dernière phrase au présent : "Le but de l'écriture est ...".
Pour rebondir sur la question de la terre et de son aliénation, dont parle Daniel, je me permettrai de préciser encore qu'en droit, le mot "aliénation" peut encore prendre un sens différent: on parle de "l'aliénation d'un immeuble" lorsqu'il y a vente ou changement d'affectation du sol, et même "d'aliénation de la chose", dans certains cas de rupture de contrat de bail. Mais ça, c'est une autre histoire...
Cette question de l'aliénation de l'individu par le travail ou la société me turlupine; c'est la raison pour laquelle je ramène encore ma fraise. Souvenez-vous de cet éloquent dialogue entre Numéro 6 et Numéro 2:
- Où suis-je? - Au Village. - Qu'est ce que vous voulez ? - Des renseignements. - Dans quel camp êtes-vous? - Vous le saurez en temps utile... Nous voulons des renseignements... Des renseignements... Des renseignements.... - Vous n'en aurez pas! - De gré ou de force, vous parlerez. - Qui êtes-vous ? - Je suis le nouveau Numéro Deux. - Qui est le Numéro Un ? - Vous êtes le Numéro Six. - JE NE SUIS PAS UN NUMÉRO, JE SUIS UN HOMME LIBRE! - Ah, ah, ah, ah !...
On dirait du Sartre ... ou du Koestler ... Peux-tu nous en dire plus ?
Garde, ne me dis pas que tu ne connais pas le Prisonnier ?! ...
Absolument pas !
Mais si, série (culte, comme on dit maintenant, à l'instar de "Chapeau melon et Bottes de cuir") diffusée sur la 2e chaîne de l'ORTF à partir du 18 février 1968. Mais il faut dire, à sa décharge, que c'était une période très agitée en France et que, tout occupé à ronéotyper des tracts, à confectionner des cocktails et à dépaver les rues, le Gardien l'a sans doute manquée.
Non, j'étais déjà dans la vie active. Ce n'est pas pour autant que j'ai mis de l'essence dans ma baignoire et ce n'est pas moi qui ai caché de Gaulle pendant les quelques jours où il a disparu.
Ah, le Général, lui aussi savait puiser dans le répertoire et combler le public esbaudit de mots rares et précieux. Quelques années auparavant, à l'occasion d'une sale histoire de colonie perdue, il avait parlé d'un "quarteron" de généraux en retraite et d'un "pronunciamento". Grâce à lui, ces mots figurent encore dans tout bon dictionnaire.
Pour revenir sur l'aliénation : c'est le sens « juridique », signalé par Rabbit, qui signifie à peu de chose près « vendre », qui est à l'origine du sens anthropologique, lequel se spécialise ensuite en psychiatrie. L'idée, en gros, c'est de ne plus être maître de soi (de sa conscience, de ses actions, etc.).
Et pour revenir sur le Général, Rabbit, ne manque pas ce billet ...
Ca me revient maintenant: le jour de la mort du Général, Jacques Faizant a publié (Figaro?)un dessin représentant Marianne sanglotant devant un arbre couché sur le sol (référence au livre "Les chênes qu'on abat" d'André Malraux).
C'est écrit dans le billet : "Du latin alienus, étranger, ce qui suggère que l'aliéné est étranger à lui-même." Alien, en anglais, veut de même dire étranger.
Il y a peu de chance que je fasse un billet sur l'inconscient car j'ai remarqué que lorsqu'on en parle ça dérange.
On doit se contenter d'observer la manière dont il s'exprime dans notre quotidien.