Il n'y a pas de gros mots dans ce blog, enfin pas trop. J'en prononce comme
tout le monde, mais je n'en écris pas car j'ai plutôt envie de pousser la
langue française vers le haut ... Il n'en demeure pas moins que le mot
connerie est un concept opératoire très pratique. Et puis il est dans
le
Trésor informatisé de la langue
française, alors pourquoi s'en priver ?
CONNERIE, subst. fém. Fam., vulg.
Bêtise. Dire, écrire, faire une connerie, des
conneries. Où ai-je écrit que La Fontaine « rimait chichement »,
ou quelque connerie semblable? (GIDE, Journal, 1944, p. 273).
Nous aussi nous avons fait des conneries à son âge (CENDRARS,
Bourlinguer, 1948, p. 280) : « San-Antonio, te v'là encore parti pour
gagner le canard. Quand tu restes dix minutes sans faire une
connerie, tu te mets à racler le sol comme un taureau qui a
repéré l'Ursula Andress des vaches... » SAN ANTONIO, J'ai bien l'honneur de
vous buter, Paris, Fleuve Noir, 1971, p. 168. Prononc. :
[]. Étymol. et Hist. 1865 conn'ri'
(Chanson de Mouchebœuf, manuscrit ds L. LARCHEY, Dict. hist.,
étymol. et anecdotique de l'arg. parisien, 1873, p. 101). Dér. de
con*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér. :
58.
La connerie a-t-elle une valeur marchande ?
Force est de constater que la connerie est
universellement répandue ... En premier lieu, un bon point pour ceux qui nous
la rendent sympathique : Bobby Lapointe, Coluche, Desproges, Jean-Yves Lafesse,
Laurent Baffie, Jean-Marie Bigard, votre cousin Jules quand, au quatrième
cognac, il se met à parler de son canard apprivoisé, et quelques autres.
Parfois elle est même sublime et respectable comme dans les expériences d'Alain
Bombard, Gérard d'Aboville, Jean-Louis Étienne,
Serge Girard. Bien souvent elle se montre au
grand jour sans même savoir qu'elle est conne et, là, c'est plutôt grave : ne
voit-on pas tous les jours des gens acheter de l'eau polluée-dépolluée ?
Regarder à la télévision, pour avoir des sensations fortes, des émissions de
survie bidon alors qu'il leur suffirait de sauter par la fenêtre, ce qui leur
permettrait d'échapper à la redevance ? Parfois la connerie se lit sur les
visages, comme dans le cas de ***. Toute ressemblance avec votre voisine de
pallier, un président à quelques mois de la retraite, le contrôleur de la TODG
quand il rabat sa casquette pour ne pas vous renseigner, relèverait d'une
coïncidence voulue. Mais surtout la connerie a une réelle valeur marchande. Je
ne plaisante pas. C'est vrai, par exemple quand la mode est imposée par les
fabricants et non par la rue. C'est également le cas des logos qui prétendent
élever les marques au rang de mythes pour mieux les vendre aux athées, des
fraises qu'on achète parce qu'elles sont rouges (leur goût est un sous-produit
aléatoirement distribué), des chanteurs jetables qui veulent épater leur
grand-mère en faisant un disque, des charmeurs de serpent monétaire, du sexe
sur les affiches "4 par 4". Un principe économique de base nous dit que plus un
produit a du succès moins son prix de revient est élevé, à condition de le
produire en grand nombre. Les industriels cherchent de plus en plus à
introduire le facteur connerie dans leur calcul de rentabilité, et ça marche.
Ils ne suivent pas la loi du marché mais la précèdent, l'imposent,
l'organisent. Ce renversement sans précédent est en train de remodeler notre
vie et nous courons même après lui pour éviter de nous rendre compte qu'il est
néfaste.
Un dernier mot
Avant de sombrer, ayons une pensée pour quelques experts : San Antonio, Gainsbourg,
Audiard, Prévert,
Raymond Devos, Sol ...
Commentaires
Pour ma part je ne ferais pas l'amalgame entre la notion de connerie et le haut calcul qui préside à la manipulation mercantile et médiatique dont tu parles, dont le but plus ou moins avoué consiste certes à rendre les gens de plus en plus cons (et dépendants) en exploitant la dose variable de connerie native qui sommeille (plus ou moins profondément) en chacun de nous afin de la faire croître jusqu'à la lobotomie spontanée. Si vous trouvez mon commentaire un peu con ce n'est pas très grave non plus. Si je n'étais moi-même bien pourvue en connerie je m'abstiendrais de m'exprimer dès lors que ce que j'ai à dire n'est pas plus beau que le silence.
Bémol : et puis les gens font ce qu'ils peuvent, avec les moyens dont ils disposent à un moment donné. De là à traiter tout le monde de con(ne)... Il s'agit de faire attention quand même à ne pas juger tout le monde à tort et à travers. Je crois qu'on confond souvent intelligence et culture ou érudition, naïveté ou candeur et bêtise, générosité et tentative de manipulation, etc.
En ce qui concerne la manipulation par l'objet "in" ou la marque, que je suis pourtant la première à dénoncer à tort et à travers, je me demande ces derniers temps si finalement les individus ne se sont pas peu à peu adaptés à ce système jusqu'à jouer le jeu que l'on veut qu'ils jouent, sans pour autant en être totalement dupes. Je pense aux très jeunes notamment, m'interrogeant sur leur capacité de recul par rapport à la société de consommation dans laquelle ils sont noyés depuis leur petite enfance. Peut-être in fine sont-ils mieux armés que les plus de trente ans. Etre conscient, c'est déjà ça. L'éducation a plus que jamais peut-être son rôle à jouer. "Drôle" d'époque.
Nous sommes du même avis sauf sur l'intention. Pour toi les marchands n'exploitent pas la connerie intentionnellement, pour moi ils le font. Il ne faut pas pour autant perdre de vue que mon billet est un rien provocateur ...
De Bobby Lapointe :
"Oh mâtin quel réveil Mâtin quel réveille-matin" S'écrie le Russe blanc de peur "Pour une sonnerie C'est une belle sonnerie !..."
C'est en faisant des conneries que tu deviendras intelligent, disait ma grand-mère qui était loin d'être une conne.
LES DECISIONS ABSURDES - SOCIOLOGIE DES ERREURS RADICALES ET PERSISTANTES de : Christian Morel (4ème de couv)
Il arrive que les individus prennent collectivement des décisions singulières : ils agissent avec constance dans le sens totalement contraire au but recherché. Ces décisions absurdes se traduisent par des erreurs radicales et persistantes. Elles sont observées dans des mondes aussi divers que ceux de la technologie, de la vie quotidienne et du management : pour éviter un accident, des pilotes s'engagent dans une solution qui les y mène progressivement ; les ingénieurs de Challenger maintiennent obstinément des joints défectueux sur les fusées d'appoint ; des copropriétaires installent durablement un sas de sécurité totalement inutile ; une entreprise persévère dans l'usage d'un outil de gestion au résultat inverse de l'objectif visé... Quels sont les raisonnements qui produisent ces décisions absurdes ? Les mécanismes collectifs qui les construisent ? Les jeux sur les finalités qui les justifient ? Quel est le devenir de ces décisions ? Comment peut-on à ce point se tromper et persévérer ? Ce sont les questions auxquelles Christian Morel répond à travers une analyse sociologique aux multiples facettes - l'interprétation cognitive qui fait ressortir la puissance des erreurs élémentaires de raisonnement ; l'explication collective qui permet d'identifier des modèles d'enchaînement vers l'absurde ; l'analyse téléologique qui examine la façon dont les individus gèrent leurs intentions -, nous conduisant à une réflexion globale sur la décision et le sens de l'action humaine.
Foth : quelqu'un qui aime Bobby Lapointe ne peut pas être complètement con ; merci de ta con-tribution. J'ajoute Bobby dans le billet.
Dan : cette 4e de couv est un gage de qualité du livre que tu cites.
> garde, Quelle est cette sonnerie ? Un lien sur "foth" (mon précédent commentaire) renvoie à l'ami faidit que j'apprécie mais qui n'est pas moi !!!
Commençons par déblayer un peu le terrain:l'intelligence est-elle l'antonyme de la connerie? (si on parvient à définir le premier terme, on parviendra à coincer l'autre.) Mais, connerie est-elle aussi un synonyme parfait de bêtise? Je verrais dans la connerie une forme active de bêtise, avec ou sans volonté de nuire. Démonstration: Jean Piaget a dit "L'intelligence, ça n'est pas ce que l'on sait mais ce que l'on fait quand on ne sait pas"; dans un situation donnée qui le dépasse, quelqu'un de bête va rester bloqué alors que son con de collègue va foncer résolument dans une voie désastreuse en étant persuadé que le con, c'est l'autre (comme l'enfer pour Jean-Sol Partre).
Revenir sur la valeur marchande de la connerie, c'est introduire la question de l'inné et de l'acquis: est-on naturellement con et peut-on le devenir? Je me souviens d'un débat, dans un cours de marketing, dont le propos était: "Peut-on créer des besoins nouveaux chez les consommateurs?" Preuves à l'appui, la réponse fut un "oui" catégorique. Donc, pour aller encore plus loin que la réflexion de 08 h. 32 du Gardien, on peut affirmer sans rougir que les marchands (et toute autre espèce de comploteurs) peuvent rendre le bon peuple con.
Et si l'on s'attaquait maintenant à la propagande politique...
Tout bien considéré, je me sens assez concerné par toutes ces conneries...
Merci foth de me rassurer : je suis con ... mille excuses + 1.
"La publicité c'est de l'information". En théorie, c'est très juste : un publicitaire qui se respecte ne devrait prendre en charge un produit que s'il est conforme aux normes, aux lois, à l'éthique, à l'efficacité reconnue, etc.
Ah, la publicité pendant les "30 glorieuses", c'était autre chose ! On pouvait vendre du rêve et tout le monde en demandait. Maintenant les gens n'ont plus de fric et ne réagissent qu'au prix: ils ont tué un beau métier. Ah ! Ernst Dichter et les études de motivations qui permettent de violer l'intimité du consommateur. Ah ! Vance Packard et "La persuasion clandestine" qui mettait le cerveau dudit prospect en prise directe avec le produit. Ah ! Les essais merveilleux sur le message subliminal. Foutu tout ça...
Il n'y a plus qu'en politique que ça fonctionne.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de partager deux savoureux extraits de _Pour une dialectique de la connerie_, de Georges Filloux, publié à Paris en 1964 sans nom d'éditeur. (Et à 130 exemplaires, il doit donc être introuvable ; je m'en fous, je l'ai.)
« Fidèle à la théorie heideggerienne selon laquelle la connerie humaine se fait annoncer ce qu'elle est à partir du monde et du moi, c'est toujours à travers l'épaisseur d'un „champ de connerie“ que se fait ma présentation à moi-même : cette démarche présente, entre autres avantages, celui d'éviter de confondre la connerie „présence immédiate à soi“ et le „con sujet” dont le dévoilement exige une médiation. »
Et plus loin :
« La connerie d'autrui est incontestable et m'atteint en plein cœur, je la réalise par le malaise ; par elle, je suis perpétuellement en danger dans un monde qui est ce monde et que pourtant je ne fais que pressentir. L'apparition d'une autre connerie dévoile, dans la situation, un aspect que je n'ai pas voulu, dont je ne suis pas maître et qui m'échappe par principe, puisqu'il est pour l'autre. Cette ignorance qui pourtant se vit comme ignorance, cette opacité totale qui ne peut se pressentir à travers une totale translucidité, ce n'est rien d'autre que la description de notre „connerie-au-milieu-du-monde-pour-autrui”. »
Pour en revenir à la réclame, si le fait qu'elle produise de la connerie ne fait guère de doute, je nuancerais pour ma part que cette production soit directement un but des pubards. Il me semble qu'ils cherchent surtout une infantilisation du public, et que la connerie arrive par surcroît. Quoiqu'effectivement la mode…
Allez, pour la route, une définition à la con provenant du même ouvrage : :
« Par connerie, il faut entendre la participation d'une réalité présente dans son être à l'être d'autres réalités présentes ou absentes, visibles ou invisibles, et, de proche en proche, à l'univers. En d'autres termes, loin d'être données par la conscience et closes, les conneries sont réelles, objectives et ouvertes à l'infini sur le monde. »
Rabbit : ("Ah ! Ernst Dichter et les études de motivations qui permettent de violer l'intimité du consommateur."). Quand on a ne serait-ce qu'une petite culture psychyanalytique les gros sabots des publicitaires cherchant à manipuler le marché sautent aux yeux. On peut néanmoins être d'accord avec eux quand c'est fait avec élégance, humour, clin d'œil ...
Cobab : d'accord avec toi. La connerie manipulée c'est l'infantilisation.
Merci à tous. Personnellement je préfère la connerie à la bêtise, je veux dire l'action au clouage sur place.
C'est pas pour rien qu'on dit "Pardon my French" en anglais lorsqu'on dit un gros mot... ;-)
j ai une autre definition de la connerie, ca serait plutot du genre boulette, un truc un peu drole, mais pas mechant, de la betise en quelque sort. Dire que le Marketing ou la publicite utilise notre "connerie" je dirais plutot utilise loi des normes, ce qui n'est pas de la connerie, mais une erreure, car quand on la suit on en est conscient... vous me suivez ?? ceci dit je retourne avec sur mon Mac et mon iPod :p dumby
merci pour ce site de citations
Merci Joye de nous apprendre cette expression familière... Ça fait plaisir car les français ont de l'humour.
Dumby : "loi des normes", c'est pas synonyme de "connerie" ?
Je crois que c'est dans "Le cave se rebiffe" dit par Gabin : - Si la connerie se mesurait, il serait à Sèvres.
Il y aussi l'une des plus célèbres formules d'Audiard : "Si les cons volaient tu serais rapidement mis sur orbite." Tiens, j'inscris Audiard dans mon billet, il le mérite.
La connerie de l'autre n'est supportable et utile que lorsqu'elle renforce le sentiment de notre propre valeur./ Si l'on vénère autant les centenaires,c'est parce que nous savons qu'ils ne sont plus capables de nous imiter(et nous leur en savons gré,car ils nous épargnent bien des humiliations)./ Faire des conneries quand on a vingt ans suscite souvent une indulgence hypocrite,comme si nous oubliions les nôtres,celles d'aujourd'hui, dont nous ne nous flattons pas,mais dont nous sommes passés maîtres dans l'art de les recommencer,malgré notre claire conscience des conséquences./ Il y a toujours un "con" de trop: ex:con-frère;mais le préfixe latin ("cum"=avec,ensemble) est ici bienvenu,pour nous montrer qu'on fait la paire.
Notre "infantilisation " est certes entretenue par nos sociétés marchandes(peur du jugement d'autrui,en fonction de certains critères:le vêtement,la voiture,le culte du corps...),le conformisme ambiant impose ses règles.Nul ne le conteste,l'on est hostile,pour peu qu'on ait réfléchi sur la vie,à cette uniformisation,mais on est également prisonnier de ses contradictions(ex:je m'insurge contre la hausse du carburant,mais effectue un long périple en voiture,"parce que c'est le 15 août")...Nous prêtons le flanc nous-même à la critique;le mimétisme,le grégarisme,que nous rejetons,voici qu'à notre insu,nous en épousons certaines formes,alors que nous pourrions fuir un mois,un jour,une heure...Les marchands exploitent cette faille;ils me semblent qu'ils ont moins à forcer le trait qu'hier, pour nous entraîner là même où,dans le but d' oublier certaines "conneries",nous nous résignons à nous rendre.Pourtant,le niveau intellectuel a crû;mais l'esprit critique demeure rhétorique;il ne s'incarne pas dans les comportements.Nous nous complaisons dans la déploration et prétendons adopter une autre conduite,alors que nous sourions au miroir que nous tend le publicitaire,à l'objet qui va enfin changer la vie.Que nos "conneries"marchandes s'entassent,dérisoires témoignages de nos insatisfactions fondamentales,dans des déchetteries devenues scandaleusement obèses,voilà aussi une responsabilité qui nous incombe.
Trop dur ... Tu dis des choses intelligentes sur la connerie ... En particulier : nous sommes des victimes consentantes, c'est avec notre bénédiction que les marchands abusent de nous ...
Il s'en dit des choses élevées, la nuit, sur ce blog et c'est vraiment regrettable de gâcher des heures précieuses à dormir. Mais alors que vous serez, à votre tour, probablement en train d'écraser les traversins, j'ose une réflexion sémantique amenée par mon troisième café.
"Con" vient du latin "cunnus", qui désignait également pour nos aïeux l'origine du monde (Courbet, 1866).
Mais pourquoi associer cet obscur objet du désir (Bunuel, 1977) à un sentiment critique associant négativité et ridicule? C'est une faute de goût monstrueuse et nos compagnes seraient en droit de déclencher une grève illimitée (Lysistrata/Aristophane, 411 av. J.-C.).
Il est vrai,Rabbit,qu'il est regrettable que l'étymon latin ait pris de nos jours une connotation aussi misogyne.A priori,on ne voit pas , en effet,le rapport avec le sens actuel;bien plus,le mot supplée aujourd'hui à l'indigence de notre langue parlée,dès le plus jeune âge,ce qui n'est pas bon signe.Encore sera-t-il beaucoup pardonné à ceux et celles ,statistiquement majoritaires,qui l'emploient en ignorant à la fois les autres richesses de notre vocabulaire et le discrédit qu'ils jettent sur la gent féminine...
"Honte à celui-là qui par dépit par gageure
Dota de même terme en son fiel venimeux
Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure
Celui-là c'est probable en était un fameux."
Georges Brassens (Le blason)
Merci pour cette chanson que, personnellement, je ne connaisssais pas. Georges Brassens emploie ici le mot "blason" au sens de "Pièce de vers à rimes plates (en vogue surtout au XVIe s.) pour faire l'éloge, la satire, la critique de quelqu'un."(Tlfi).
Et merci pour le portrait de la dame, ô Garde; elle me rappelle quelqu'un que j'ai beaucoup aimé...
En voyant ce tableau, on se demande comment peut-on traiter quelqu'un de con, d'autant plus qu'il y a de nombreux synonymes ... Garde-mots oblige, je vais essayer de faire un effort
Le dictionnaire de l'Académie a une acception plus réduite du terme, peut-être plus proche du sens originel:
"Personne sottement passive, imbécile, idiote, par comparaison dépréciative, héritée de la tradition latine, avec l'activité virile."
Mais c'est encore pire: attendons-nous à subir des choses pénibles lors de la prochaine Journée de la Femme (8 mars 2007). Je vous conseille d'acheter des fleurs ou du chocolat avant de rentrer...
Trois semaines après la Saint-Valentin ? On ne s'en sort plus ... Tu as déjà fait la queue chez une fleuriste derrière une dizaine de messieurs seuls qui baissent la tête ? Et si tu n'es pas connu, si tu manques de vigilance la fleuriste essaie de te refiler de magnifiques roses légèrement défraîchies ...
J'ai plus sérieux : les vieux dictionnaires de l'Académie française donnent le mot "coïonnerie" comme correspondant à "bassesse de coeur, lâcheté, indignité", et là nous changeons de référent sexuel puisque "coïonnerie", c'est, de façon plus moderne, "couillonnerie", qui vient de "coïon" ("couille"), lui-même du latin coleus, sac de cuir.
Diantre ! Toujours penché sur l'histoire de ces termes anatomiques, il faut constater que le "Thresor de la langue francoyse" (1606) fait l'impasse par pudibonderie: il glisse une allusion en latin en disant qu'il est malséant d'aborder le sujet. Itout pour un autre "Thresor" de 1585 à vocation médicale, où l'on utilise également le latin pour nommer l'innommable (bien que l'ouvrage ait été écrit "en vieil language francoys" et qu'on soit quand même 46 ans après l'ordonnance de Villers-Côtterets). Robert Estienne, dans son "Dictionarium latinogallicum" de 1552 est tout aussi coincé. C'est une impasse, donc retour vers le futur: quand a-t-on commencé à appeler un chat, un chat (ou presque)?
Puisque Joël cite le maître de la truculence faite verbe, permettez que j'en rajoute une petite pelletée:
Les cons
•J’parle pas aux cons, ça les instruit(Audiard) •Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. (Les tontons) •Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche (Un taxi pour Tobrouk) •Vous savez quelle différence il y a entre un con et un voleur ? Un voleur ça se repose de temps en temps (Le Guignolo) •Ce que tu peux être con ! T'es même pas con, t'es bête. Tu vas jamais au cinoche, tu lis pas, tu sais rien. Si ça se trouve, t'as même pas de cerveau. Quand on te regarde par en dessus, on doit voir tes dents. ( La Grande Sauterelle) •Je pense que le jour où on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner ( Le Pacha) •Et là, je parle juste question présentation, parce que si je voulais me lancer dans la psychanalyse, j'ajouterais que c'est le roi des cons... Et encore, les rois, ils arrivent à l'heure (Le cave se rebiffe)
La connerie
•Si la connerie se mesurait, il servirait de maître étalon… Y serait à Sèvres (Le cave se rebiffe) •Dans le temps, si on t'avait foutu à la porte chaque fois que t'avais fait une connerie t’aurais passé ta vie dehors (le Rouge est mis) •Monsieur, si la connerie n’est pas remboursée par les Assurances Sociales, vous finirez sur la paille (Un singe) •La connerie à ce point-là, moi, j'dis qu'ça devient gênant (Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu …) •Ecoute, j’ai été enfant de chœur, militant socialiste et bistrot, c’est dire si des conneries j’en ai entendu quelques unes ( Un idiot à Paris)
Rabbit, le Dictionnaire culturel en langue française dit que l'emploi du mot "chat" pour le sexe d'une femme date du début du XVIIe siècle, dans une oeuvre qui s'appelle "Parades" de T.S. Gueullette.
À noter qu'en langue anglaise, dans les pièces de Shakespeare, au moins, on dit "cony" ce qui n'indique pas un chat mais un lapin...
Dans mon billet je cite Serge Girard qui fait actuellement Paris-Tokyo à la course à pied. Il en est aujourd'hui à son 241e jour et il lui en reste 25 ... Il a déjà réalisé le même exploit à travers les USA, l'Australie, l'Afrique ... Or il y a encore plus fou ... L'agence Reuters nous donne aujourd'hui l'information suivante :
Le connil, au Moyen Âge, c'est effectivement le lapin, mais ce mot vient du latin cuniculus, lapin, terme qui, nous dit Alain Rey, est apparemment sans rapport avec cunnus.
Aha ? Est-ce dire, alors, que Coney Island chère au coeur des Brooklynois serait l'équivalent US de l'"Ile de la tentation"?.
Au risque de lasser tout le monde avec ma linguistique comparée, faisons un tour d'Europe: lapin se dit coniglio en italien, conejo en espagnol, coelho (salut Paulo) en portugais, Kaninchen en allemand, konijn en néerlandais, s'Kengala en alsacien, rabbit en anglais, cwingen en gallois, konifl en breton, coinín en gaélique, kinnen en scot, kanína en islandais, kanin en danois, kanin en suédois et hare en norvégien. Je vous laisse le soin de regrouper les familles; mais à mon avis, il y a un seul intrus dans le lot et c'est: rabbit. Donc, je me tire.
Salace pas, non.
Notons que ce "rabbit" prononcé à la française donne un homonyme de l'accoutrement du mâle, précédé d un petit grain d'humour, ou ça ou un hiphip à l'anglaise...Oui, obscur, je sais, mais bon, mais à quoi sert autrement l'érudition ?
Qui plus est, Webster's met la faute à /rabbit/ chez les Wallons :
Etymology: Middle English rabet, probably from Middle French dialect (Walloon) robett, from obsolete or dialect Dutch robbe, robbeken; probably akin to Middle Low German robbe seal, East Frisian rubben to scratch, rub
Geeeeeezes ! What a mess....
En fait, il faudrait encore distinguer le wallon liégeois des autres, sans compter leur cousinage avec le picard (on n'est pas sortis de l'auberge). Mais à ce point de l'enquête, et fort de ma connaissance de l'espace néerlandophone, je puis affirmer que Robbe peut être un nom de personne tout en signifiant "phoque" (origine frisonne). Du phoquer au lapin, il manque quand même un chaînon de taille, non?
La connerie, comme paramètre des nouveaux modèles marketing. Une idée à creuser...
Henri
Tu crois pas que c'est déjà commencé ?? Je suis expert dans ce domaine, tu m'engages ?
Rien n'est gratuit a ton dit.... alors, oui une valeur ajoutee a la connerie "Rajoute Donc Ta Connerie"! l'accummulation de conneries c'est l'accumulation des richesses RDTC... CQFD.
Un correspondant cite Geoges Filloux. Voir Le conard enchanté sur mon blog.
extraite cette formulation en mathématiques ensemblistes :
"La connerie est tout et le reste sans connerie est rien"
Merci pour ce blog et les commentaires de tous !
Absolument. Quand on dit "Je ne parle pas aux cons, ça les instruit", encore faut-il nuancer. Ça instruit les cons intelligents (exemple : le serveur qui attend que votre bifteck soit froid pour vous apporter la moutarde et qui est pourtant si aimable). Donc avec ceux là, on reste muet. Avec les cons cons on ne risque rien, on peut parler.
Le respect est, pour moi, une valeur fondamentale. D'ailleurs tout ce qui est rare est cher.
"Savoir qu'on est con ne serait-ce pas le début de la connerie ? ...
Sur le plan sémantique, vous avez raison : "con" est le début du mot "connerie". Sinon "savoir qu'on est con", serait plutôt le début de la sagesse.
"Les cons existent par nécessité sociale.
Je dirais plutôt "nécessité économique".
"con, c'est aussi cunnus." Ceci est bien l'étymologie, ce qui est très vexant pour les femmes.
Moi aussi j'aime bien les contes de faits, je suis même
capablecoupable d'en écrire