Baigneuse au téléphone
Par le gardien le vendredi 2 mars 2007, 00:00 - Gardimots - Lien permanent
Jacques Oudot. Baigneuse au téléphone.
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Par le gardien le vendredi 2 mars 2007, 00:00 - Gardimots - Lien permanent
Jacques Oudot. Baigneuse au téléphone.
Commentaires
elle parle à qui ? son amant ? son mari ? sa maman ? ses enfants ? son big boss ? son percepteur ? sa conseillère anpe ?
elle dit quoi ?
Oups ! foth est trop curieux
Non: il est bon de poser ces questions. Il est impératif de ne pas y répondre.
Bonjour Alain.
L’indispensable "objet-ami", habillerait-il l'espace par sa présence ? Amicalement
xuan-lay
C'est la seule chose qui n'est pas indispensable dans ce tableau. Et pourtant, sans lui, la mer serait trop voyante et la femme sans doute impudique.
Anisomastie :
- seins au goût d'anis ?
- ou inégalité de volume des seins ?
C'est, bien entendu, la deuxième solution qui, à la faveur de l'étymologie, se trouve validée. Du grec a, privatif, suivi d'isos, égal et de mastos, sein. Je me souviens d'un commentaire télévisé d'Alain Bernardin, le créateur du Crazy Horse Saloon, dans lequel il expliquait que la plupart des femmes ont cette particularité et qu'il ne retenait, pour ses spectacles, que les candidates atteignant à la perfection.
Beau corps de femme, non décharné. La tête aurait mérité d'être un peu plus importante. Elle me semble petite. Est-ce parce qu'elle est ailleurs, avec son mobile, hors de cette plage où son corps est pourtant posé.
Christine. Elle a certainement la tête au ciel puisqu'elle est au-delà de la ligne du ruisseau.
merci pour tous ce beaux commentaires! Je voulais répondre à l'un d'entre vous que j'admire beaucoup Hopper, et que j'ai même été un peu influencé par lui dans mes peintures récentes
cordialement
Cette peinture me semble particulièrement intéressante dans la mesure où elle tente de décrire une femme actuelle, moderne, et qui, pourtant, reste totalement en marge des autres dans cette toile : la ligne bleue qui délimite sa zone, sa tête la dépassant comme si elle était dans les nuages, tous ces indices visuels supposent un certain écart. D'ailleurs soit dit en passant : il n'est sans doute pas anodin de relever l'expression "monter au septième ciel", d'autant plus que cette connotation relative aux plaisirs sexuels se trouve renforcée par la nudité du personnage, cette nudité même que la femme tente de dissimuler (du moins partiellement : le bras gauche replié, les genoux ramenés au niveau de la poitrine) comme si elle voulait que son corps soit uniquement perçue par la personne se trouvant à l'autre bout du fil.
D'après moi, il s'agit à la fois d'une femme moderne, et repliée sur soi-même, repliée sur ses passions, d'une femme secrète. Il s'agit d'une femme non gênée de dévoiler sa nudité, et qui pourtant préserve en même temps une attitude quelque peu sauvage (aucun autre personnage se trouve à ces côtés : seul le petit personnage en arrière plan, avec sa silhouette anonyme, tente de se rapprocher, mais en vain puisqu'il se trouve toujours de l'autre côté de la ligne bleue, pourtant on voit qu'il longe la ligne tout en se dirigeant vers le visage de la femme). D'ailleurs cette peinture me fait beaucoup penser à un fait actuel : il s'avère qu'en ce moment, en Italie, sur je ne sais quelle côté, a été délimitée une zone de plage sur laquelle seules les femmes ont le droit de pénétrer, toute insertion des hommes étant interdite sur cette zone ! On peut penser ce qu'on veut de cette étrange mesure, il n'empêche qu'il y a quelque chose d'analogue dans cette toile, du moins je trouve !
La critique bleue d'un petit objet de plastique enserré dans une main qui a la capacité de faire disparaître tout un monde à sentir, regarder, fouler, piétiner ...cet objet accouplé à ce corps nu semble une antinomie....ce corps est éteint au profit d'une oreille...cette femme serait affublée d'une burka que cela ne changerait rien...ce téléphone la recouvre entièremnt et la prive d'une certaine liberté, celle d'exister ds le concret et d'utiliser tous ses sens....elle se retrouve isolée derriere cette ligne bleue qui ne délimite pas clairement de quel côté se trouve la mer et la plage...preuve que cette femme ne voit plus rien de ce qui l'entoure, les gens sont à peine esquissés et très lointains...la nudité de ce corps recroquevillé sur lui-même est une belle allégorie du pouvoir galopant de cette hypermédiatisation paradoxale qui nous isole tout en nous faisant croire que nous sommes entourés...Cette femme est posée là comme elle pourrait être posée ailleurs, elle est hors cadre, elle pourrait tout aussi bien être seule sur son lit au sortir de sa douche...le fond est juste là pour mettre en valeur cette absence au réel tangible...En regardant bien son épaule droite on pourrait même imaginer qu'un mur ou une force invisible la pousse hors du champ, justement vers nous donc...J'arrête là mon délire interprétatif qui m'a bien amusée...
Chacun voit les tableaux à sa manière. Dans l'art c'est toujours la vérité individuelle qui compte.