Écholalie
Par le gardien le lundi 26 février 2007, 00:00 - Métamots - Lien permanent
Assez proches, les vers en écho, comme cette ballade de Victor Hugo (1828) :
La chasse du Burgrave
«Daigne protéger notre chasse,
Châsse
De monseigneur saint-Godefroi,
Roi !
Si tu fais ce que je désire,
Sire,
Nous t'édifierons un tombeau,
Beau ;
Puis je te donne un cor d'ivoire,
Voire
Un dais neuf à pans de velours,
Lourds,
Avec dix chandelles de cire,
Sire !
Donc, te prions à deux genoux,
Nous,
Nous qui, né de bons gentilshommes,
Sommes
Le seigneur burgrave Alexis
Six.»
Voilà ce que dit le burgrave,
Grave,
Au tombeau de saint-Godefroi,
Froid.
«Mon page, emplis mon escarcelle,
Selle
Mon cheval de Calatrava ;
Va !
Piqueur, va convier le comte.
Conte
Que ma meute aboie en mes cours.
Cours !
Archers, mes compagnons de fêtes,
Faites
Votre épieu lisse et vos cornets
Nets.
Nous ferons ce soir une chère
Chère ;
Vous n'y recevrez, maître-queux,
Qu'eux.
En chasse, amis ! je vous invite.
Vite !
En chasse ! allons courre les cerfs,
Serfs !»
Il part, et madame Isabelle,
Belle,
Dit gaiement du haut des remparts :
«Pars !»
Tous les chasseurs sont dans la plaine,
Pleine
D'ardents seigneurs, de sénéchaux
Chauds.
Ce ne sont que baillis et prêtres,
Reîtres
Qui savent traquer à pas lourds
L'ours,
Dames en brillants équipages,
Pages,
Fauconniers, clercs, et peu bénins
Nains.
En chasse ! – Le maître en personne
Sonne.
Fuyez ! voici les paladins,
Daims.
Il n'est pour vous comte d'empire
Pire
Que le vieux burgrave Alexis
Six !
Fuyez ! – Mais un cerf dans l'espace
Passe,
Et disparaît comme l'éclair,
Clair !
«Taïaut les chiens, taïaut les hommes !
Sommes
D'argent et d'or paieront sa chair
Cher !
Mon château pour ce cerf ! – Marraine,
Reine
Des beaux sylphes et des follets
Laids !
Donne-moi son bois pour trophée,
Fée !
Mère du brave, et du chasseur
Sœur !
Tout ce qu'un prêtre à sa madone
Donne,
Moi, je te le promets ici,
Si
Notre main, ta serve et sujette,
Jette
Ce beau cerf qui s'enfuit là-bas
Bas !»
Du Chasseur Noir craignant l’injure,
Jure
Le vieux burgrave haletant,
Tant
Que déjà sa meute qui jappe
Happe,
Et fête le pauvre animal
Mal.
Il fuit. La bande malévole
Vole
Sur sa trace, et par le plus court
Court.
Adieu clos, plaines diaprées,
Prées,
Vergers fleuris, jardins sablés,
Blés !
Le cerf, s'échappant de plus belle,
Bêle ;
Un bois à sa course est ouvert,
Vert.
Il entend venir sur ses traces
Races
De chiens dont vous seriez jaloux,
Loups ;
Piqueurs, ardentes haquenées,
Nées
De ces étalons aux longs crins
Craints,
Leurs flancs, que de blancs harnois ceignent,
Saignent
Des coups fréquents des éperons
Prompts.
Le cerf, que le son de la trompe
Trompe,
Se jette dans les bois épais...
Paix !
Hélas, en vain !... la meute cherche,
Cherche,
Et là tu retentis encor,
Cor !
Où fuir ? dans le lac ! Il s'y plonge,
Longe
Le bord où maint buisson rampant
Pend.
Ah ! dans les eaux du lac agreste
Reste !
Hélas ! pauvre cerf aux abois,
Bois !
Contre toi la fanfare ameute
Meute,
Et veneurs sonnant du hautbois...
Bois !
Les archers sournois qui t'attendent
Tendent
Leurs arcs dans l'épaisseur du bois !...
Bois !
Ils sont avides de carnage ;
Nage !
C'est ton seul espoir désormais.
Mais
L'essaim, que sa chair palpitante
Tente,
Après lui dans le lac profond
Fond.
Il sort ! Plus d'espoir qui te leurre !
L'heure
Vient où pour toi tout est fini.
Ni
Tes pieds vifs, ni Saint Marc de Leyde,
L'aide
Du cerf qu'un chien, à demi mort,
Mord,
Ne te sauveront des morsures
Sûres
Des limiers ardents de courroux,
Roux.
Vois ces chiens qu'un serf bas et lâche
Lâche,
Vois les épieux à férir prêts,
Près !
Meurs donc ! la fanfare méchante
Chante
Ta chute au milieu des clameurs.
Meurs !
Et ce soir, sur les délectables
Tables,
Tu feras un excellent mets ;
Mais
On t'a vengé. – Fille d'Autriche
Triche
Quand l'hymen lui donne un barbon
Bon.
Or, sans son hôte le bon comte
Compte.
Il revient, quoique fatigué,
Gai.
Et, tandis que ton sang ruisselle,
Celle
Qu'épousa le comte Alexis
Six,
Sur le front ridé du burgrave
Grave,
Pauvre cerf, des rameaux aussi ;
Si
Qu'au burg vous rentrez à la brune,
Brune,
Après un jour si hasardeux,
Deux !
• Anaphore : répétition d'un même mot ou d'un groupe de mots au début de plusieurs phrases. Exemple : Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! / Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! / Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore ! / Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ... (Corneille, Horace).
• Antanaclase : reprise, dans une phrase, d'un même mot pris dans deux sens propres différents. Ex. : Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas (Pascal).
• Échophrasie : synonyme d'écholalie.
• Épanalepse : consiste à répéter, après un intervalle, un ou plusieurs mots, ou même un membre de phrase. Ex. : Quel pauvre homme ! Quel pauvre homme ! disait-elle tout bas, en se mordant les lèvres.(Flaubert, Madame Bovary).
• Glossolalie : don surnaturel qui permet de parler une langue étrangère. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer (Actes des Apôtres 2 :4).
• Palilalie : trouble psychiatrique qui consiste en la répétition d’un ou plusieurs mots, de syllabes, d'onomatopées, qu’on vient de prononcer.
• Palimphrasie : répétition continuelle de la même phrase.
• Parastase : accumulation de phrases qui reprennent la même pensée. Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux / Que des palais romains le front audacieux / Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine / Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin / Plus mon petit Lyré que le mont Palatin ... (Joachim du Bellay, Regrets).
• Psittacisme : récitation mécanique de mots, de phrases, de notions dont le sens n'a pas été compris. Du latin psittacus, perroquet.
• Réduplication : Répétition de mots dans une même phrase.
Commentaires
Écholalala, lalanlaire...
Qu'il est terrible, le garde-mots
Maux pluriels et singuliers,
Liés sans attaches.
Ce rendez-vous du vocabulaire
L'air de rien me fait la peau,
Pauvre bravache.
Tiens, par exemple, votre concours
Court tant sur mon haricot,
Qu'aucun mot ne vient.
Je lis Azerty, Cribas, Dino...
Novice en l'art, je m'amuse.
Muse du matin,
Viens me soulager de la migraine,
Graine semée par vous le garde,
Gare de webmaster.
Taire.
Vraiment belle poesie rigolote
Merci. J'affiche.
Trois petits chats, trois petits chats, trois petits chats chats chats
Chapeau de paille ....
Paille paille paille
Paillasson .... son son son
somnanbule ....bule bule bule
Bulletin .... tin
Tintamare... mare... Etc ;-))
Je suis suprise de ne pas l'avoir encore lue celle-ci ;-))
sourires créatifs
Je suis tombée ici par hasard, à la recherche d'une métalepse...Je ne regrette pas!
Merci azerty. Je me souviens très bien de Claude Dauphin, qui était un très bon acteur et effectivement le frère de Jean Nohain. Il avait aussi contribué à la libération de Paris au sein de la division Leclerc.
Le Hareng saur de Charles Cros a été dit également par Jean-Marc Tennberg. C'était dans un coffret de deux 33 tours où de nombreux poèmes étaient dits avec grand talent et l'intonation ironique et désabusée propre à ce grand comédien. Je n'ai plus ces disques depuis presque quarante ans mais j'ai encore dans l'oreille ses interprétations de la Grasse matinée (Prévert), de la Ballade des pendus (Villon) et de la Femme adultère (Lorca).
Merci Outis. Jean-Marc Tennberg avait un jeu d'une incroyable sensibilité. Il est décédé en 1971 dans un accident d'avion.
Depuis la publication de ce billet, je recherchais en vain dans ma mémoire le nom de ce comédien.
Merci donc à Outis.
Dans la foulée, je viens de m'offrir la réédition de
"Prévert dit par Jean-Marc Tennberg", un régal !
je viens de découvrir ce site, quel régal ! Je cherchais "coruscant"entendu sur France Inter dans la bouche de frédéric Lodéon.
Sounet, Nouméa.
Merci de ce témoignage. Si tu connais le docteur René G., de Nouméa, fais lui un signe d'amitié de ma part. Et pour ce qui est du mot coruscant, je l'afficherai le 9 avril.
Tiens, ce mot fait pour moi écho à Palilalie, qui correspond à la répétition de syllabes, mais également parfois de mots. Ce sont des notions apparemment voisines, utilisées notamment pour qualifier les troubles du langage.
Oui et d'ailleurs palilalie est dans mon billet ...
Oups, toutes mes excuses pour mon inattention.
Quelle merveille que ce site, découvert après 1h30 de navigation hasardeuse en cherchant moi aussi le nom de J-M Tennberg ...Je le revois très précisément à la télévision, en noir et blanc, dégustant d'un air de chat gourmand chaque mot du poème "Le hareng saur"...Et en même temps que ma quête s'arrête, je découvre des mots nouveaux, inconnus, "beaux,beaux,beaux..." Tant pis, j'irai me coucher un autre jour, gardien ! je suis prisonnière de ton site.
Bienvenue. Ce n'est pas moi qu'il faut remercier mais la langue française. Ceci dit, ça me fait quand même plaisir.
allez! pendant qu'on y est, je me risque à vous servir dans la lignée d' écholalie, glossilalie, palilalie,le mot: coprolalie sur le terrain de laquelle, fort heureusement, nous ne glissons pas encore...
Pour les visiteurs du garde-mots je précise que la coprolalie est l'impulsion à proférer des mots scatologiques ou orduriers.
Très bien ce site que je découvre. J'ai depuis quelques temps rédigé mon propre onomasticon, au hasard de recherches en faisant des mots croisés. Si vous trouvez cela intéressant, je veux bien le publier.Cordialement
Merci pour cette proposition. Combien de mots voulez-vous envoyer ? Avec des défintions de quelle longueur ? Si je compreds bien vous proposez qu'ils figurent dans le Garde-mots : pourquoi pas... Le mieux est peut-être d'en envoyer quatre ou cinq dans votre prochain commentaire. Je vous répondrai ensuite plus longuement.
jean marie bigard est un expert en coprolalie
Mathieu xv 11
Mathieu X|| 34
la coprolalie n'est pas très évangélique