Écopsychologie
Par le gardien le lundi 4 juin 2007, 00:00 - Singumots - Lien permanent
L'écopsychologie affirme que la relation à autrui n'est pas seulement basée sur la culture et les rapports sociaux mais également sur la nature, où tout a commencé. Elle refuse la vision utilitariste d'un être humain tout-puissant, exploitant sans vergogne les ressources de son environnement. Un lien harmonieux, loyal, basé sur la communication de l'inconscient et de la nature, la réconciliation de l'individu et de son milieu, orienté vers la préservation de l'ensemble, est essentiel. Il n'est plus possible de fermer les yeux sur l'état du monde sous prétexte qu'on refuse d'avoir peur. Il est temps de retrouver des chemins que nous n'aurions jamais dû quitter. L'écopsychologie institue la conscience écologique dont elle fait, de surcroit, un moyen thérapeutique, l'écothérapie. Nous voici revenus au chamanisme mais ceci serait plutôt une bonne nouvelle. On se prend à espérer de cette discipline plus de satisfactions individuelles et moins de désordres sociaux. Il s'agit d'une utopie réalisable : le retour à la nature comme moyen de prévenir et de combattre la violence… En tout cas cet humanisme écologique, gratuit, pensable, indispensable, est le bienvenu. La santé mentale, le bien-être individuel mais aussi collectif et planétaire sont à ce prix. Nous nous soignons, nous protégeons nos descendants et en même temps nous sauvons la planète. Un beau programme …
L'homme qui parlait à l'oreille des arbres
Nous devons le concept d'écopsychologie à Theodore Roszak, ("The Voice of the Earth" [La voix de la Terre], 1992 ; "Ecopsychology : Restoring the Earth, Healing the Mind ", [Écopsychologie : Remettre la Terre à neuf, guérir l'esprit], 1995). Professeur d'histoire à l'université de Californie de Berkeley, essayiste, historien, sociologue et romancier de science-fiction, né en 1933, il a été inspiré dans sa démarche par Gregory Bateson, de l’école de Palo-Alto, qui publia en 1977 « Vers une écologie de l’esprit ».
Promenons-nous dans les bois,
Pendant que le loup n'y est pas.
Si le loup y était
Il nous mangerait,
Mais comme il n'y est pas
Il nous mangera pas.
Loup y es-tu ?
Que fais-tu ? Entends-tu ?
L'écothérapie dans la dépression nerveuse
Les chiffres commencent à donner raison à ce message d'un nouveau genre. Une recherche scientifique publiée le 14 mai 2007, réalisée à l'université d'Essex (Angleterre) a montré qu'une promenade dans la nature améliore l'humeur et la confiance en soi des personnes dépressives. Dans cette étude, intitulée "Écothérapie: l'agenda vert pour la santé mentale"(1), les chercheurs de Mind, une association britannique qui s'intéresse aux problèmes de santé mentale, ont comparé les bénéfices, pour les personnes souffrant de dépression, de trente minutes de promenade dans la campagne contre un séjour d'une même durée dans un centre commercial. Ils ont obtenu des résultats probants : 71% des promeneurs se sont sentis mieux contre 45% seulement de ceux qui avaient fait leurs courses dans un centre commercial (22% de personnes de ce groupe étaient même davantage déprimées).
(1) Mind. Ecotherapy. The green agenda for mental health.
Nature sur ordonnance
Traitement à part entière ou entièrement à part ? Cette intrusion de la nature dans la psychothérapie n'est-elle pas un signe d'alerte ? Ne nous rappelle-t-elle pas que la décadence est à notre porte ? Les médecins vont bientôt devoir prescrire à leurs patients de manger, de faire l'amour, de travailler, de se promener au grand air, de dormir… Ce retour à la nature façon Rousseau n'est pas pour nous surprendre, sauf que, cette fois, il se rappelle à nous par un détour scientifique. Aurions-nous oublié de vivre ?
Alphonse Allais l'a dit : "On devrait construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur." Allons plus loin. Si chaque centre commercial était construit dans un grand parc boisé nous pourrions acquérir une santé à toute épreuve. Le parking de dissuasion serait obligatoirement à l'entrée. De par la loi, le stationnement de proximité serait réservé aux personnes handicapées, aux familles nombreuses à partir de sept enfants, aux personnes âgées non accompagnées et à tous ceux qui s'acquitteraient d'une surtaxe. Les clients n'entrant pas dans ces catégories devraient marcher au minimum trois kilomètres avant d'atteindre la zone de distribution, porter eux-mêmes leurs achats (aucun charriot ne serait mis à leur disposition). ils devraient ensuite faire du saut d'obstacle par dessus les caisses enregistreuses : au moment où ils passeraient à la verticale les codes barres seraient automatiquement pris en compte. Une fois sortis de la zone d'achat ils auraient à accomplir un parcours de santé. C'est ainsi qu'ils devraient s'exercer au lancer de la boite de petit pois, de la tringle à rideau, du disque (au choix : CD ou DVD selon les goûts). Pour retourner à leur voiture ils pratiqueraient successivement l'acrobranche et un 800 m dont le temps serait chronométré. Ceux qui respecteraient le chrono imposé par décret préfectoral bénéficieraient d'une remise de 5 %. Naturellement, il y aurait un contrôle de dopage à la sortie.
Pour en savoir plus : Echopsychology, Épistémé, Forum L'écopsychologie.
L'Almanach 2010 du Garde-mots]
Commentaires
Mais oui ton blog, avec toute ses fleurs est écopsychologique, muséographique, photographique, sympathique, authentique ....
Un bien joli mot pour ce début de semaine!
Royauté ou loyauté...J'aime bien ce texte mais pourquoi ce titre? si seulement la société pouvait un peu plus évoluer dans ce sens!
j'ai trouvé le texte sur le centre commercial très drole et imaginatif...je vais planter des légumes dans le jardin, ou sur le balcon ça sera plus simple !
ce mot m'a fait penser à la fondation findhorn qui lie la spiritualité et l'écologie.
Il y a bien entendu plein de mouvements que l'on qualifie de new age qui oeuvre dans ce sens là...
"Royauté ou loyauté" : l'homme est-il le maître ou le vassal de la nature ? Souvenons-nous de ce que disait le philosophe anglais Francis Bacon : "Pour commander à la nature il faut savoir lui obéir."
Quant à Findhorn, je ne connaissais pas. Faut-il se méfier ? Est-ce une secte ?
Joël, tu as raison. On nous vend bien l'eau de la bonne mère nature ... Pourquoi n'arriverait-on pas à nous débiter l'air en boîte ?
D'accord pour Manducation. Ce sera publié le 15 juin.
La fondation findhorn n'est pas une secte et n'est pas classifiée comme telle...il y a bien entendu des mouvements alternatifs qui sont sectaires et dangereux,
mais la plus grande partie de ces mouvements sont simplement une autre façon de penser . Les croyances sont différentes . Lorsque l'on parle de sectes on parle de gourou : Le terme de guru est souvent mal employé car le guru est simplement un maitre spirituel (telle amma) comme un prêtre ou un curé.
De votre part, cher gardien, une telle approximation me surprend tant il est évident que écopsychologie et psychoécologie ne sont pas synonymes. Éventuellement quasi-synonymes. Je confesse que quasi-synonyme est un syntagme de construction grossière, voire qu'il fait doublon avec synonyme dont la définition (deux mots qui partagent un même sens, dirais-je signifiant, ou presque) permet déjà certaines largesses. il apparaît ainsi que sur le plan disciplinaire, la psychoécologie est un domaine subordonné à l'écologie alors que l'écopsychologie est un sous-ensemble de la psychologie. Quant à thérapie verte, elle entre dans le domaine du soin et renvoie à une pratique éventuellement issue des "sciences" précédentes.
J'ai découvert votre site grâce à l'émission radiophonique jubilatoire de François Rollin, L'œil du larynx, qu'il n'est sans doute plus besoin de recommander en ce blog.
je suis plein d'admiration pour votre démarche écolinguistique...
julien a.
Merci pour ce témoignage et la référence de l'émission du Professeur Rollin, qui m'a permis d'ajouter un billet informatif.
En ce qui concerne les synonymes d'Écopsychologie, je les ai supprimés car je ne suis pas spécialiste de la question. Il est vrai qu'une simple analyse des mots "Écopsychologie" et "Psychoécologie" va dans votre sens.
bonne idée le garde mots.. connaissez vous la technique du mot en tension ??? pour accompagner un groupe dans l'exploration émotionnelle et intellectuelle de l'impact d'un mot sur nos vies.
Je suppose qu'il s'agit de mots associés deux par deux (ou plus). On cherche sans doute à découvrir les idées qui courent de l'un à l'autre. C'est généralement ce qu'on fait quand on écrit. ici il doit y avoir, en plus, une intention psychologique, cathartique... Pouvez-vous m'en dire plus ?