Catlin
Par le gardien le lundi 11 juin 2007, 00:00 - Gardimots - Lien permanent
George Catlin. Stu-mick-o-súcks, Buffalo Bull's Back Fat,
Head Chief, Blood Tribe. 1832.
Smithsonian American Art Museum (Washington, D.C.)
La Galerie indienne, présentée au Louvre de 1845 à 1848 sur ordre de Louis-Philippe, peut être considérée comme l'ancêtre du Musée du quai Branly. Le public y découvrit près de cinq cents œuvres du peintre américain George Catlin, réalisées sur le vif chez les Indiens d’Amérique. Il y avait aussi des objets provenant de leur culture et un spectacle vivant : des représentants de deux nations, les Iowa et les Ojibwé, exécutaient leurs cérémonies devant une assistance médusée. Parmi les visiteurs : George Sand, Charles Baudelaire, Eugène Delacroix, Théophile Gautier, Gérard de Nerval.
Il y a au Salon deux curiosités assez importantes : ce sont les portraits de Petit Loup et de Graisse du dos de buffle [Buffalo Bull's Back Fat], peints par M. Catlin, le cornac des sauvages. Quand M. Catlin vint à Paris, avec ses Ioways et son musée, le bruit se répandit que c'était un brave homme qui ne savait ni peindre ni dessiner, et que s'il avait fait quelques ébauches passables, c'était grâce à son courage et à sa patience. Etait-ce ruse innocente de M. Catlin ou bêtise des journalistes? - Il est aujourd'hui avéré que M. Catlin sait fort bien peindre et fort bien dessiner. Ces deux portraits suffiraient pour me le prouver, si ma mémoire ne me rappelait beaucoup d'autres morceaux également beaux. Ses ciels surtout m'avaient frappé à cause de leur transparence et de leur légèreté.
M. Catlin a supérieurement rendu le caractère fier et libre, et l'expression noble de ces braves gens ; la construction de leur tête est parfaitement bien comprise. Par leurs belles attitudes et l'aisance de leurs mouvements, ces sauvages font comprendre la sculpture antique. Quant à la couleur, elle a quelque chose de mystérieux qui me plaît plus que je ne saurais dire. Le rouge, la couleur du sang, la couleur de la vie, abondait tellement dans ce sombre musée, que c'était une ivresse ; quant aux paysages, - montagnes boisées, savanes immenses, rivières désertes, - ils étaient monotonement, éternellement verts ; le rouge, cette couleur si obscure, si épaisse, plus difficile à pénétrer que les yeux d'un serpent, - le vert, cette couleur calme et gaie et souriante de la nature, je les retrouve chantant leur antithèse mélodique jusque sur le visage de ces deux héros. - Ce qu'il y a de certain, c'est que tous leurs tatouages et coloriages étaient fait selon les gammes naturelles et harmoniques.
Je crois que ce qui a induit en erreur le public et les journalistes à l'endroit de M. Catlin, c'est qu'il ne fait pas de peinture crâne, à laquelle tous nos jeunes gens les ont si bien accoutumés, que c'est maintenant la peinture classique.
(Salon de 1846)
Commentaires
L'art rupestre ? Si je trouve un mot peu connu à son propos ... Aurais-tu une suggestion ?
on parle souvent des hiéroglyphes...mais pas souvent des glyphes...
ok...ce n'est pas rupestre!
Les hiéroglyphes sont déjà dans le Garde-mots (allez-y, ça pourrait vous amuser). J'embarque les glyphes et l'art rupestre, je les afficherai le 6 juillet.
J'aime bien cet "article"