Non, je n'ai pas oublié la demande de Marie S à qui j'ai promis de publier aujourd'hui un billet sur le mot "hiatus". La particularité du poème ci-dessus est justement d'être composé de hiatus, au sens linguistique du terme. Je n'ai eu qu'à puiser dans la langue française. Naturellement je l'ai intitulé Hiatus.

Hiatus. Succession sonore de voyelles appartenant à deux syllabes contigües. Elles peuvent figurer dans deux mots qui se suivent (il s'agit alors d'un hiatus transitoire, comme dans "loup affamé") ou à l'intérieur d'un même mot (hiatus interne, comme dans "oasis"). L'hiatus est plus frappant lorsque les voyelles sont identiques (exemple : "cooptation"). Les poètes classiques se l'interdisaient car ils le considéraient comme désagréable à l'oreille. De nombreux hiatus sont en fait bien tolérés et passent inaperçus dans les conversations courantes. Dans certains cas, cependant, on les abolit grâce à une liaison. Exemple : "deux heures" ("deu-z-eures" est plus esthétique que "deu-eures"). On dit alors que le s est euphonique car il agit en tant que phonème facilitant la transition entre deux sons consécutifs. On parle également, dans ce cas, de phonème éphelcystique, et aussi de demi-hiatus. L'écart de langage que constitue le pataquès a le mérite d'éviter l'hiatus : "Lagardère ira-t-à toi" est ridicule, mais "ira-a-toi" ne fonctionne pas. Du latin hiare, s'entr'ouvrir, être béant, du fait que la bouche s'ouvre dans l'hiatus. Mot invariable au pluriel. Mots voisins : cacophonie (mélange de sons blessant l'oreille), dissonance (synonyme de "cacophonie"), paréchème (successions de syllabes de même sonorité : "Il faut qu'entre nous nous nous nourrissions" [Littré]), tautophonie (cacophonie due à une allitération poussée à l'extrême).

Prononciation.
L’h initial est muet (et non aspiré). Or la grammaire exige qu'on fasse l'élision (remplacement de la voyelle finale d'un mot par une apostrophe) devant un h muet. De ce fait on dit :
    - l'hiatus,
    - cet hiatus,  
    - un hiatus.
Le "s" final se prononce.