Je vous ai déjà parlé de Dora, le ballon captif de mon arbre, et de son décès définitif. Et voilà que l'autre jour...

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... très exactement le 28 avril, je décide de prendre son cadavre en photo, car un changement de couleur s'est opéré au fil des mois. Un lente dégradation a fait de la petite fille sympathique au visage rond un morceau de plastique jaune et vert, anonyme, rabougri et d'âme incertaine. Le vent essaie de lui rendre un peu de vie en soulevant de temps à autre un de ses bras, mais il n'arrive pas à me convaincre. Désirant garder un souvenir de cette déchéance, j'ajuste mon téléobjectif. Que vois-je sur mon écran ? Face à Dora, un oiseau, de dos, bien calé sur une branche du paulownia en fleurs. Aurait-il pris Dora pour un perroquet ? Cette découverte, si elle se confirme, est fondamentale pour ma science privée. Intrigué, je décide de regarder de mes propres yeux. L'oiseau est bien là. Je ne l'aurais pas vu si je n'avais pas pris la décision de confier, au bon moment, l'éternité de Dora à mon capteur électronique. On appelle ça la sérendipité...