Viduité
Par le gardien le vendredi 24 février 2012, 00:00 - Singumots - Lien permanent
Jan Van Eyck. Les époux
Arnolfini.
Huile sur bois, 81,9 × 59,9 cm.
National Gallery, Londres. 1434.
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Quels Arnolfini ?
Cette interprétation classique, aussi séduisante qu'elle soit, ne répond pas à toutes les questions. Elle semble même, depuis quelques années, battue en brèche par l’analyse historique. À l’époque où le tableau fut peint il y avait à Bruges deux cousins nommés Giovanni Arnolfini. L’un était Giovanni di Arrigo [d'après le nom de son père] Arnolfini, marié à Giovanna Cenami. Selon la thèse prépondérante c’est eux que Jan Van Eyck a peint. Sauf qu’en 1994 l’historien Jacques Paviot découvrit qu’ils se sont mariés en 1447, soit six ans après la mort de Jan Van Eyck.
L'autre, Giovanni di Nicolao Arnolfini (1400-1452), est un meilleur candidat. Sauf que Costanza Trenta, son épouse, mourut en 1433, soit un an avant la réalisation du tableau. Nous voici dans l’impasse...
Une historienne de l’art, Margaret Koster, a réussi à dépasser la contradiction. Dans une publication de 2003 elle affirme qu’il s’agit bien de Giovanni di Nicolao Arnolfini et de sa femme Costanza et que le tableau a été peint à la mémoire de cette dernière. Nous sommes en présence d’une morte, et d’ailleurs son visage est pâle comme celui des poupées de porcelaine, son regard est ailleurs. Si l’on examine de près le chandelier on voit qu’à droite une des chandelles est manquante, tandis qu’à gauche, du côté du mari bien vivant, une bougie brûle en plein jour. Giovanni a le regard triste. Son geste de la main est un adieu en même temps qu’un serment de fidélité. Entre eux le chien est aussi un symbole de fidélité mais il l’est, cette fois, par delà la mort.
À la périphérie du miroir dix médaillons représentent la Passion du Christ. Un examen attentif montre que dans toutes les scènes du côté gauche le Christ est vivant, dans toutes les scènes du côté droit, il est mort.
Commentaires
Il s'y connaissait en statistiques ?
bonjour
sur la question du délai de viduité et ses effets pervers, je vous recommande, si vous ne n'avez déjà lue, la nouvelle de MAUPASSANT intitulée Le cas de Mme Luneau. C'est très amusant, et cruel bien entendu.
Bon dimanche à vous
Sincères salutations
Truculent, insolite... et plus du tout de notre époque. Magnifique.
Bonsoir
Ravie de vous avoir amusé, je trouve que l'adjectif truculent est vraiment adapté pour cette nouvelle.
Si vous souhaitez une telle ambiance in vivo, je vous conseille de faire un petit tour aux audiences civiles ou pénales de proximité en province de préférence, vous trouverez des cas assez proches (au moins pour le vocabulaire).
Mais tous nos comtemporains ne sont pas forcément à critiquer, alors soyons humains et ne nous moquons pas (trop).
Bien sincèrement