Les époux Arnolfini
Jan Van Eyck. Les époux Arnolfini.
Huile sur bois, 81,9 × 59,9 cm.
National Gallery, Londres. 1434.
Pour voir les détails cliquez sur le tableau, puis sur l'icône de plein écran, enfin sur CTRL+ [Mac : CMD+])

Le précédent billet, Hiératique permettait de voir dans ce tableau une cérémonie de mariage, et même un acte de mariage. Il est recommandé de le lire pour mieux comprendre ce qui suit.

Quels Arnolfini ?

Cette interprétation classique, aussi séduisante qu'elle soit, ne répond pas à toutes les questions. Elle semble même, depuis quelques années, battue en brèche par l’analyse historique. À l’époque où le tableau fut peint il y avait à Bruges deux cousins nommés Giovanni Arnolfini. L’un était Giovanni di Arrigo [d'après le nom de son père] Arnolfini, marié à Giovanna Cenami. Selon la thèse prépondérante c’est eux que Jan Van Eyck a peint. Sauf qu’en 1994 l’historien Jacques Paviot découvrit qu’ils se sont mariés en 1447, soit six ans après la mort de Jan Van Eyck.

L'autre, Giovanni di Nicolao Arnolfini (1400-1452), est un meilleur candidat. Sauf que Costanza Trenta, son épouse, mourut en 1433, soit un an avant la réalisation du tableau. Nous voici dans l’impasse...

La solution contemporaine

Une historienne de l’art, Margaret Koster, a réussi à dépasser la contradiction. Dans une publication de 2003 elle affirme qu’il s’agit bien de Giovanni di Nicolao Arnolfini et de sa femme Costanza et que le tableau a été peint à la mémoire de cette dernière. Nous sommes en présence d’une morte, et d’ailleurs son visage est pâle comme celui des poupées de porcelaine, son regard est ailleurs. Si l’on examine de près le chandelier on voit qu’à droite une des chandelles est manquante, tandis qu’à gauche, du côté du mari bien vivant, une bougie brûle en plein jour. Giovanni a le regard triste. Son geste de la main est un adieu en même temps qu’un serment de fidélité. Entre eux le chien est aussi un symbole de fidélité mais il l’est, cette fois, par delà la mort.

À la périphérie du miroir dix médaillons représentent la Passion du Christ. Un examen attentif montre que dans toutes les scènes du côté gauche le Christ est vivant, dans toutes les scènes du côté droit, il est mort.

Miroir_Arnolfini

Ce tableau est l'un des plus commentés, analysés, décortiqués,  de l’histoire de l’art. L'un des plus fascinants par l’émotion qu’il dégage. Bien au-delà de la réussite esthétique, le mystère de ce tableau attise notre plaisir.