Supposons que vous ayez un grain
de folie, une araignée
au plafond,
une aimable fantaisie dans le regard intérieur.
Deux voies s'ouvrent à vous. Ou bien vous
cultivez ce grain, vous l'arrosez d'alcool, vous le parfumez au
cannabis, vous vendez votre âme aux
cacahuètes, vous postulez pour le poste de postier post-moderne, vous adoptez
une colonie de cafards, vous semez le délire aux quatre vents de la langue
française, vous prenez des bains de lait de pipistrelle, vous vous déguisez en
cimetière, vous exhibez vos parties zénithales, vous devenez la coqueluche des
médias avec vos crimes à grand spectacle. Ou bien vous vous emparez d'un
pinceau, d'un burin, de feuilles de musique, vous griffonnez des poèmes sur les
supports les plus improbables, vous essuyez vos pensées sur le clavier d'un
ordinateur à protons. Il en sortira un rêve incarné, un bouquet de soupirs, des
poèmes en col Mao, une chanson balsamique, des romans génétiquement atrophiés,
un dictionnaire à usage sidéral ou un chef d'œuvre.
Si vous aviez un cerveau hors limites comme Antonin Artaud, le facteur Cheval,
Camille Claudel,
Salvador Dalí,
Guy de Maupassant, Frédéric Nietzsche, Robert Schumann, Vincent Van Gogh, quel
chemin artistique choisiriez-vous ?
Jérôme Bosch (vers 1500).
La nef des
fous.