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Procédé qui consiste à écrire au fil de la voix intérieure, sans contrôle de l’esprit, encore moins de la pensée. Cet abandon aux mystères de l’inspiration, au cours duquel les mots  se présentent d’eux-mêmes, produit des textes poétiques et très souvent surprenants.  Il s’agit de laisser courir sa plume, au fil de l'improbable,  sans s'arrêter, pour mieux se réjouir ensuite du résultat. Le style, authentique et qui a sa propre cohérence, n’est pas maîtrisé. Le hasard, l’inconscient, l’inspiration sont ses maîtres.

Le premier ouvrage écrit selon cette méthode, Les Champs magnétiques, d’André Breton (1896-1966) et Philippe Soupault (1897-1990), publié en 1919, fut le point de départ du mouvement surréaliste. On y lit par exemple : « On parle et vous n'entendez plus. Est-ce que vous n'auriez pas compris ce que nous disions. Regardez nos mains, elles sont pleines de sang. Approchez-vous de cette femme et demandez-lui si la lueur de ses yeux est à vendre. — Ma tête commence à être difficile à prendre à cause des épines. Venez, mon cher ami, du côté du marché aux poissons. J'ai vu dans l'œil d'une dorade une petite roue qui tournait comme dans le boîtier d'une montre. »

Dans le premier Manifeste du surréalisme (1924), André Breton présente ainsi l'écriture automatique :
« Faites-vous apporter de quoi écrire, après vous être établi en un lieu aussi favorable que possible à la concentration de votre esprit sur lui-même. Placez-vous dans l'état le plus passif, ou réceptif, que vous pourrez. Faites abstraction de votre génie, de vos talents et de ceux de tous les autres. Dites-vous bien que la littérature est un des plus tristes chemins qui mènent à tout. Écrivez vite sans sujet préconçu, assez vite pour ne pas retenir et ne pas être tenté de vous relire. La première phrase viendra toute seule, tant il est vrai qu'à chaque seconde il est une phrase étrangère à notre pensée consciente qui ne demande qu'à s'extérioriser. Il est assez difficile de se prononcer sur le cas de la phrase suivante ; elle participe sans doute à la fois de notre activité consciente et de l'autre, si l'on admet que le fait d'avoir écrit la première entraîne un minimum de perception. Peu doit vous importer, d'ailleurs ; c'est en cela que réside, pour la plus grande part, l'intérêt du jeu surréaliste. Toujours est-il que la ponctuation s'oppose sans doute à la continuité absolue de la coulée qui nous occupe, bien qu'elle paraisse aussi nécessaire que la distribution des nœuds sur une corde vivante. Continuez autant qu'il vous plaira. Fiez-vous au caractère inépuisable du murmure. Si le silence menace de s'établir pour peu que vous ayez commis une faute : une faute, peut-on dire, d'inattention, rompez sans hésiter avec une ligne claire. A la suite du mot dont l'origine vous semble suspecte, posez une lettre quelconque, la lettre l, et ramenez l'arbitraire en imposant cette lettre pour initiale au mot qui suivra. »