La vierge

Gustav Klimt. La vierge.
1912-1913
  Galerie Nationale (Narodni Galerie), Prague.


Klimt nous attire dans la spirale sans fin de son bouquet de femmes et de fleurs. Par cette composition où nous mêlons notre vertige au sien, il fait de nous les co-auteurs de sa toile, à moins que, plus finement, caressant son sujet à grands traits de couleurs, lui assignant des gestes précis, il ne soit, grâce à nous, le spectateur de ses propres émotions.

Le centre de gravité de la toile se situe dans sa partie supérieure, de telle sorte que la vierge  est plus près du ciel que de la terre. Les corps entremêlés ne figurent pas les poses de diverses jeunes filles, mais les multiples attitudes d'une seule, un peu comme dans un phénakistiscope arrêté. Est-elle endormie ou en transe  ? Repliée sur elle-même ou, comme les derviches tourneurs, ouverte aux mouvements de l'imaginaire ? Le peintre ne montre pas le désir ni le plaisir de cette femme idéale, mais plutôt son épanouissement par la danse. À moins que… Si l’on insiste du regard sur les deux corps de la partie inférieure du tableau, l’un à gauche, l’autre à droite, on découvre qu’ils symbolisent les jambes écartées de la jeune fille, et que sa robe est un gigantesque phallus orné de fleurs. Ici comme ailleurs, Klimt unit circularité et linéarité, féminin et masculin, peinture et décoration.